À l’Institut National de Formation Professionnelle Agricole (INFPA), alors que les élèves sont concentrés à la préparation de leurs examens de fin d’année, les tensions semblent refaire surface.
Que se passe-t-il exactement ?
Dans une correspondance adressée à L’Infoexpress le vendredi 4 juillet 2025, Ackray Akre Thomas, responsable de l’Amicale des Techniciens de l’Agriculture charge l’institut. Il explique que chaque année, sur 1000 auditeurs en moyenne qui sortent des cycles BT et BTS, de l’établissement, seuls 2 % parviennent à décrocher un emploi ou à s’installer à leur propre compte.
Face à cette situation, il estime que « l’INFPA devrait s’interroger sur l’insertion de ses diplômés» .
Il regrette l’absence de dispositifs pour orienter les jeunes vers le secteur privé, où les besoins en compétences sont pourtant réels.
« Nous ne demandons pas d’être intégrés dans la fonction publique. Nous demandons au ministère d’État, ministère de l’Agriculture, de donner des instructions aux structures privées de recruter immédiatement les diplômés issus de l’INFPA. Ou, à défaut, de mettre en place un dispositif de financement pour tous les projets agricoles des diplômés », insiste-t-il.
À ces difficultés d’insertion, M. Akre estime que le prix de la formation fixé à 100 000 francs CFA est jugé trop élevé. Il dénonce par ailleurs la rétention, par l’Institut, des résultats d’examens des étudiants n’ayant pas réglé la totalité de leurs frais.
« C’est un abus d’autorité », accuse Ackray Akre Thomas, qui déplore que
l’octroi de bourses à tous les étudiants admis, pour alléger le coût des études tarde.
Interrogé sur ces propos du responsable de l’Amicale des Techniciens de l’Agriculture, Dr Ayénan Marc-Olivier Togbé, directeur général de l’INFPA déplore que « les mêmes choses » soient évoqués chaque année par cette amicale « qui n’a pas d’existence légale à l’INFPA »
D’ailleurs, Dr Togbé rappelle que la vocation première de son établissement, créé en 1997, est de former des professionnels qualifiés pour le secteur agricole, et non pour la Fonction Publique.
« Quand l’État veut recruter, il organise un concours et prend le nombre de personnes dont il a besoin. Si c’est 10 %, il prend 10 %. Le reste est destiné aux organisations, aux faîtières et à l’auto-emploi », explique-t-il.
Il précise également que « le diplôme délivré à l’Institut ne donne pas systématiquement accès à la fonction publique. Tous les étudiants signent un document qui le précise ».
Concernant la demande d’insertion dans le secteur privé, le directeur souligne que l’État jette les bases d’une intégration et met en place des mesures incitatives ».
Sur la question des 100 000 francs CFA exigés pour consulter les résultats, le directeur assume totalement cette mesure.
« C’est une règle que j’ai moi-même instaurée. Normalement, la scolarité doit être soldée en février. Mais nous savons que ce ne sont pas forcément les enfants de riches qui viennent ici. On leur permet de manger à crédit et de suivre leurs cours. Mais pour obtenir leurs résultats, il faut avoir soldé », justifie-t-il.
Selon lui, Il n y a que les frais de scolarité qui sont payés au Tresor. Les frais de restauration sont payés aux prestataires ( restaurateurs);
« Depuis 1997, un étudiant mange à 666 francs CFA par jour, soit 333 francs le repas. Mais sur 200 étudiants, à peine la moitié paie. Résultat : les prestataires ne parviennent pas à rentrer dans leurs fonds ».
Dr Togbé met en garde ceux qui, selon lui, cherchent à importer des méthodes de protestation universitaires à l’INFPA :
« Ceux qui veulent transposer les modèles universitaires ici ne sont pas les bienvenus. Nous travaillons sereinement pour former nos jeunes. Ceux qui pensent qu’en envoyant la FESCI ou d’autres organisations ici, ils vont changer les choses, se trompent. Ils ont essayé il y a deux ans, et ils ont vu le résultat ».
Il conclut en invitant les étudiants à présenter des projets concrets plutôt que de multiplier les grèves« Celui qui ne paie pas sa scolarité ne pourra pas composer. Cet argent ne m’appartient pas, il va au Trésor. Je ne veux pas être complice d’une forfaiture ».
Fulbert Yao