C’en est fini des relations diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc. Le ministre algérien des Affaires étrangères, RamtaneLamara, a annoncé, ce mardi 24 août 2021, la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc. Le chef de la diplomatie algérienne qui a lu une déclaration au nom du président de la République Abdelmadjid Tebboune, accuse son voisin « d’actions hostiles » du royaume à l’égard de son paysen affirmant que « l’histoire avait montré que le Royaume du Maroc n’a jamais cessé de mener des actions hostiles à l’encontre de l’Algérie ».Il a en outre fait porter « aux dirigeants du royaume la responsabilité des crises répétées, qui se sont aggravées », un comportement qui « entraîne le conflit au lieu de l’intégration dans la région » du Maghreb.La présidence algérienne avait annoncé, le 18 août dernier, vouloir « revoir » ses relations avec Rabat, l’accusant d’être impliqué dans les incendies meurtriers qui ont ravagé le nord du pays et fait au moins 90 morts.Cette annonce intervient par ailleurs alors que les relations entre les deux pays s’étaient dégradées ces dernières semaines. ll y a un mois, Alger rappelait son ambassadeur à Rabat pour « consultations avec effet immédiat » à la suite de tensions diplomatiques.
Durant une réunion du Mouvement des non-alignés, les 13 et 14 juillet à New York, l’ambassadeur du Maroc à l’ONU, Omar Hilale, avait fait passer une note dans laquelle il estimait que « le vaillant peuple kabyle mérite, plus que tout autre, de jouir pleinement de son droit à l’autodétermination ». Une ligne rouge pour Alger qui s’oppose à toute velléité indépendantiste de la Kabylie, région berbérophone du nord-est de l’Algérie. Le diplomate marocain avait exprimé son soutien au séparatisme kabyle en réaction à l’appui apporté par Alger aux indépendantistes sahraouis du Front Polisario qui combattent le Maroc.L’autre grief retenu par l’Algérie à l’égard de son voisin, ce sont les déclarations du Premier ministre israélien à partir du Maroc lors de la visite de YaïrLapid du 11 au 12 août 2021. YaïrLapid a expliqué que le ministre Bourita et lui-même avaient exprimé des « inquiétudes au sujet du rôle joué par l’Algérie dans la région, son rapprochement avec l’Iran et la campagne qu’elle a menée contre l’admission d’Israël en tant que membre observateur de l’Union africaine ». C’est la première fois depuis 1948 qu’un responsable israélien fait de telles déclarations à l’égard de l’Algérie, a remarqué la déclaration lue par Lamamra. Il a aussi rappelé l’implication du Maroc dans l’opération d’espionnage Pegasus qui a ciblé l’Algérie ainsi que d’anciens incidents, comme la profanation du drapeau national au consulat de Casablanca en 2013.Dans son traditionnel discours prononcé le samedi 31 juillet 2021 à l’occasion de la Fête du Trône, Mohammed VI a tendu la main à l’Algérie. « Nous renouvelons notre invitation sincère à nos frères en Algérie, pour œuvrer de concert et sans conditions à l’établissement de relations bilatérales fondées sur la confiance, le dialogue et le bon voisinage », a plaidé le roi Mohammed VI dans son allocution.« Depuis mon accession au trône, j’ai appelé avec sincérité et bonne foi à l’ouverture des frontières […], à la normalisation des relations maroco-algériennes », a insisté Mohammed VI. « Le Maroc est ouvert à d’éventuelles propositions et initiatives émanant de l’Algérie » pour asseoir les relations entre les deux pays « sur de solides bases de confiance, de solidarité et de bon voisinage », a-t-il poursuivi. L’Algérie n’a pas répondu favorablement à cette offre de dialogue du Souverain chérifien dont l’attitude a été jugée « peu normale » par des sources diplomatiques algériennes sous le couvert de l’anonymat.
Nomel Essis