C’est un secteur vital pour l’économie de la Côte d’Ivoire. Avec 20 % du PIB, l’agriculture emploie près de 70 % de la population active. Dès le début de son mandat, le Président Alassane Ouattara a reconnu l’importance de cette contribution et a entrepris de renforcer la rentabilité des exploitations agricoles en augmentant régulièrement les prix d’achat des produits stratégiques. Cette initiative, qui visait à corriger les disparités de rémunération des producteurs, a porté ses fruits dans plusieurs filières. Le cacao, principal produit d’exportation du pays, a bénéficié d’une attention particulière. Avec une contribution de 45 % à la production mondiale, avec plus de 2 millions de tonnes produites en 2023 le cacao ivoirien a vu son prix d’achat garanti passer de 1 000 FCFA en 2011 à 1800 FCFA pour la campagne 2024-2025. Cette hausse a directement résulté des ventes par anticipation, permettant ainsi une stabilité des revenus pour les producteurs, malgré la volatilité des marchés internationaux. De même, pour l’anacarde, produit dont la Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial, avec plus de 500 000 producteurs et plus de 1 million de tonnes produites en 2024, le prix d’achat bord-champ a régulièrement augmenté. Il a atteint 275 FCFA le kilogramme pour la campagne 2024, contre des niveaux bien inférieurs avant l’arrivée d’Ouattara au pouvoir. Ces ajustements, qui découlent de la mise en œuvre de mesures spécifiques de soutien aux transformateurs de cajou décidées par le gouvernement et orchestrées par le Conseil du Coton et de l’Anacarde, ont permis aux producteurs de mieux faire face aux coûts de production, tout en améliorant leurs revenus. La filière café a également été réformée avec des objectifs similaires à ceux du cacao, malgré les défis rencontrés en raison de la baisse des prix mondiaux. Le gouvernement tente d’assurer un prix minimum aux producteurs. À titre d’exemple, le prix bord-champ fixé par l’État s’établit pour la campagne 2023-2024 à 900 FCFA le kilo, contre 700 FCFA l’année précédente. Pour le secteur de l’hévéa, des efforts ont été faits pour relancer la production. Le prix d’achat est passé de 276 FCFA en septembre 2023 à 366 FCFA en septembre 2024, grâce à un nouveau mécanisme qui fixe désormais le prix d’achat des fonds de tasses aux producteurs à 63 % du prix international, au lieu de 61 % comme par le passé. Concernant le coton, les revenus des producteurs ont connu une progression. Pour la campagne 2023-2024, le prix d’achat a été fixé à 310 FCFA/kg pour le premier choix et 285 FCFA/kg pour le second choix. Ce prix est maintenu pour la campagne 2024-2025 afin de soutenir les producteurs. Cette stabilisation des prix s’accompagne d’un soutien significatif de l’État, notamment à travers des subventions pour réduire le coût des intrants agricoles, afin d’alléger les charges des paysans. De plus, les revenus bruts des producteurs sont passés de 72,8 milliards de FCFA en 2022-2023 à 105,4 milliards de FCFA en 2023-2024, soit une augmentation de 45 %, grâce à la reprise de la production après une période difficile due aux attaques de parasites. Dans la filière palmier à huile, les paysans ont certes traversé des périodes difficiles, notamment à cause de la chute continue du prix d’achat. Entre 2012 et 2018, le prix est passé de 63,52 FCFA/kg à 37,87 FCFA/kg, et en 2019, il n’a pas dépassé 34,89 FCFA/kg, affectant sérieusement les revenus des paysans. Cette situation a été exacerbée par des crises mondiales comme la COVID-19 et la guerre en Ukraine. Toutefois, en réponse aux difficultés des acteurs du secteur, le gouvernement a mis en place des prix consensuels pour les producteurs, les transformateurs et les raffineurs, et promet de réviser régulièrement ces prix afin de protéger la filière et d’assurer une meilleure rentabilité pour les producteurs.
Les réformes prévues
L’encadrement des producteurs par le biais des Conseils Café-Cacao et Coton-Anacarde, afin d’améliorer les rendements de leurs exploitations et d’augmenter davantage leurs revenus, est prévu. Pour la filière cacao, l’ambition de la Côte d’Ivoire est de transformer une plus grande proportion de ses matières premières. À cet égard, elle est sur le point de devenir, à brève échéance, le premier broyeur mondial de fèves de cacao. Par ailleurs, l’objectif de transformer une plus grande quantité de noix brutes de cajou est à portée de main. Des réformes majeures porteront aussi sur la réforme des filières hévéa et palmier à huile, ainsi que sur la prise de textes d’application de la loi relative au domaine foncier rural. La réforme des filières hévéa et palmier à huile vise à instaurer un cadre règlementaire pour l’implantation des nouvelles usines, encadrer la commercialisation et créer un mécanisme de fixation des prix. En effet, un arrêté sera pris en vue de présenter les nouveaux barèmes de fixation des prix dans ces deux filières. Dans le cadre du projet Résilience des systèmes cotonniers au nord de la Côte d’Ivoire (RESCO), deux chaînes HVI (High Volume Instrument) pour le classement technologique de la fibre et des équipements connexes seront acquises. En matière d’agro-industrie, les travaux d’aménagement des zones dédiées à la transformation de l’anacarde (Korhogo, Bondoukou, Séguéla) dans le cadre du Projet de Promotion de la Compétitivité de la chaîne de valeur de l’Anacarde (PPCA) seront achevés. Dans le cadre du 2PAI Nord, les études pour la construction de l’unité complète de conditionnement et de transformation de la mangue à Sinématiali seront réalisées, et les mesures sociales (purge des droits et Plan d’Actions de Réinstallation) seront mises en œuvre. Il est en outre demandé au secteur de la grande distribution d’inclure les produits vivriers locaux dans leurs chaînes de distribution, tout en assurant l’encadrement des planteurs pour améliorer la qualité des produits.
Fulbert Yao