
Deux faits majeurs de cette fin de semaine ont mis à nu les contradictions et l’absence de vision de l’opposition ivoirienne. Primo, le Pdci et le Fpi, version Gbagbo ou rien (GOR), entendaient organiser à Abidjan un meeting en marge de la visite de Macron pour bander leurs muscles et démontrer aux caméras du monde entier braquées sur la Côte d’Ivoire qu’ils existent et qu’il fallait compter sur eux.
Le meeting programmé à Yopougon a été délocalisé à Port-Bouët en vue de respecter un arrêté municipal du maire Koné Kafana.
A la surprise générale, les formidables opposants ont annulé leur rassemblement qui devait se tenir à Port-Bouët dans une commune tenue par un maire Pdci.
La raison évoquée ? Eviter de tomber dans un piège du pouvoir qui aurait infiltré la manifestation et entendait perpétrer des casses en vue d’embastiller toute l’opposition comme Bédié l’a fait de triste mémoire en 1999. Ça fait sourire, mais c’est cela le drame ivoirien.
Des opposants qui n’ont aucun repère et qui sont convaincus que l’actuel régime au pouvoir se comporterait comme eux au temps de leur magistère, en donnant des coups au dessous de la ceinture, des coups indécents et illégaux. Non, messieurs ! Ouattara l’a dit : il n’a pas la culture de la tricherie et de la malhonnêteté. Il n’agit pas la nuit mais en plein jour.
Le deuxième fait majeur de la semaine écoulée est la décision des chefs d’Etat de l’Uemoa de remplacer le franc Cfa par l’Eco, une monnaie africaine censée briser les derniers liens du néocolonialisme.
Le compte d’opération au Trésor français sera fermé et les fonctionnaires français plieront bagages et quitteront au cœur de notre système monétaire. Au lieu d’applaudir ces mesures courageuses prises par Ouattara et ses pairs, les formidables opposants des lagunes estiment que c’est du cosmétique et qu’à la vérité, rien ne change dans le fond puisque la parité fixe par rapport à l’Euro demeure.
Comme le disait Anatole France, tous les changements même les plus souhaités ont leur part de mélancolie. Il y a des lustres que les régimes précédents, surtout celui de Gbagbo dont Mamadou Koulibaly était le numéro deux, militaient pour la mort du franc Cfa.
Mais, vu qu’ils n’avaient pas la carapace ni le cran pour faire plier l’ancienne puissance colonisatrice, les anciens régimes en ont fait un sujet tabou. Aujourd’hui que Ouattara a réalisé leur rêve, du moins une grande partie, ils auraient dû le féliciter pour son leadership.
Que non ! Ils continuent de ruer dans les brancards au lieu de chercher à comprendre ce que le pays gagne avec les nouvelles mesures prises. Nul ne peut nier que c’est un pas très positif qui vient d’être franchi et que demain, on pourrait aller plus loin. Mais il faut déjà commencer par dire merci, car la quête de l’indépendance est permanente. Il a fallu des hommes comme le président ivoirien pour oser tuer le Cfa.
Cette décision historique restera gravée à jamais dans la mémoire collective. Pour des siècles et des siècles, on retiendra que c’est Alassane Ouattara qui a annoncé le mort du franc Cfa. Les historiens retiendront qu’il est également celui qui a inauguré une nouvelle ère dans les relations franco-africaines en laissant un président de la République française en visite officielle dans son pays pour aller ailleurs et revenir tranquillement. Comme l’a dit Gbagbo, un homme quand il marche, il doit laisser des traces. Eh bien, Ouattara a laissé des traces indélébiles.