Une décennie après le ‘’boom’’, le secteur des cybercafés connaît une période de vaches maigres. « Le terme cybercafé aujourd’hui n’existe que de nom parce que même dans nos maisons nous avons des ordinateurs ou à la rigueur un téléphone portable avec connexion» constate Bakayoko Vazoumana, qui exerce le métier depuis 2017.
Lorsque Bakayoko a ouvert son « cyber » il y a plus de 5 ans, il avait huit ordinateurs et les clients se succédaient devant les postes. Aujourd’hui, seuls deux ordinateurs sont connectés, qui restent parfois inactifs des jours durant. Aux énormes déceptions de ce diplômé en communication, s’ajoutent le coût élevé de la connexion Internet prépayée et le faible débit dû à la saturation du réseau 3G. « Avec l’avènement de la fibre optique, les opérateurs ont coupé la connexion qui était vieillissante dans le quartier. On a passé quasiment une année dans cette situation » explique le gérant visiblement dépité.
Face à cette situation, Bakayoko offre d’autres services tels le traitement de textes, l’impression, la photocopie et la maintenance des ordinateurs. Ce qui lui permet de gagner entre 250 000F et 300.000F par mois. Deux fois moins qu’il y a deux ans.
« Avant c’était plus les étudiants qui venaient faire des recherches parce qu’il y avait moins de téléphones smartphones. Et le temps de navigation tournait autour de 300 FCFA/h. Maintenant tout le monde a un téléphone Android et internet n’est plus un luxe » ajoute le gérant.
Diversifier ses offres à travers d’autres moyens complémentaires, voici ce à quoi s’attèle Tehoua Joachim pour son entreprise. Un changement cependant pas si facile à supporter. « Si tu dois payer un paquet de rame qui coûte en moyenne 3500 FCFA avec 500 feuilles à l’intérieur. Quand tu multiplies par 15 FCFA, tu te retrouves à 7500 FCFA. Avec ça, tu dois payer l’électricité, la cartouche de l’imprimante et l’encre de la cartouche » rétorque le jeune homme. Pour lui, l’Etat doit structurer le secteur à travers un syndicat indépendant qui va uniformiser les différentes prestations.
Si la présence des cybercafés dans nos villes tend à se raréfier en raison de certaines mutations socioculturelles, d’autres acteurs évoquent la cohabitation « difficile » avec la clientèle.
« Il faut faire preuve de sang-froid lorsqu’on est gérant de cyber. Car tu rencontres beaucoup de personnes. Dans mon cas, il y a beaucoup de jeunes et chacun vient avec son esprit » déclare Dibo Alain, gérant de cyber depuis 2 ans. Pour lui, sa clientèle majoritairement jeune est à la fois un avantage et un inconvénient. Même son de cloche du côté de Kouassi Armand qui lui préfère se séparer de ces clients perturbateurs.«Les enfants-là sont difficiles à canaliser. J’ai même interdit beaucoup de mon cyber ».
S’il est vrai que les acteurs (propriétaires) du secteur des cybercafés rencontrent beaucoup de difficultés dans l’exercice de leur activité, tous sont unanimes que le secteur ne « mourra » pas car le monde est passé de l’analogie à la digitalisation. L’avenir est prometteur.
Serge A. N’zebo (stg)