A cinq mois de la présidentielle d’octobre 2025, l’ancien président Laurent Gbagbo, veut réveiller les vieux démons.
Devant une foule de partisans survoltés réunis à Port Bouet Petit-Bassam, Laurent Gbagbo a livré, ce samedi, un discours offensif, voire frontal, contre le pouvoir en place et la Commission électorale indépendante (CEI).
L’ancien président ivoirien, écarté de la liste électorale, n’a pas mâché ses mots : « Ils veulent qu’on se batte, eh bien on va se battre ! »
Le ton est donné dès les premières minutes du meeting. Gbagbo remercie les délégations présentes, salue les camarades du parti, puis entre dans le vif du sujet : la publication de la liste électorale provisoire sur laquelle son nom, tout comme ceux de Cheikh Tidiane Thiam ou encore Guillaume Soro, est absent. « Ils disent que je suis un voleur. Mais je ne suis pas un voleur ! Et ceux qui ont fait cette liste le savent ! », martèle-t-il sous les acclamations de la foule.
Face à ce qu’il qualifie d’« insulte à sa personne et à sa famille », Gbagbo promet de livrer bataille. « J’ai 80 ans, et je me bats depuis l’âge de 18 ans. Je suis encore debout. Ce n’est pas aujourd’hui que je vais baisser les bras. » Il affirme que cette exclusion relève d’un « coup monté » et que les vrais inéligibles sont ceux qui « violent la Constitution » en tentant de briguer un quatrième mandat. « On ne peut pas me piétiner chez moi, à Mama, ni en Côte d’Ivoire », tonne-t-il, avant de dénoncer une justice aux ordres, des convocations judiciaires abusives contre ses proches, et un pouvoir qui instrumentalise les institutions.
« Ce pays est devenu un cauchemar ! Ce n’est pas ce pour quoi je me suis battu ! »
Il accuse aussi l’ancien président français Nicolas Sarkozy d’avoir interféré en 2010, rappelant sa version de la crise post-électorale.
« Une fois, vous nous avez eus. Mais pas deux fois. À Abidjan, on dit que le premier couillon est couillon. Le deuxième, non !
Laurent Gbagbo se montre catégorique : il n’y aura pas de quatrième mandat pour le président actuel.
Il accuse ce dernier d’avoir abusé du décès d’Amadou Gon Coulibaly pour justifier un troisième mandat, et prévient : « Amadou Gon n’est pas mort une seconde fois ! » Il appelle ses partisans à la vigilance, à la mobilisation, et les exhorte à se préparer à « envahir les rues d’Abidjan » le moment venu. « Ce n’est pas ce pays que j’ai rêvé. J’ai rêvé d’un pays libre, juste, où l’école est gratuite, où les enfants mangent à leur faim », dit-il, avant de conclure : « Qu’ils sachent qu’ils m’ont trouvé. Et on se battra jusqu’au bout. »
Fulbert Yao