Depuis son retour en Côte d’Ivoire après son acquittement par la Cour pénale internationale (CPI), l’ancien président Laurent Gbagbo n’a cessé d’appeler à la réconciliation nationale. Pourtant, son comportement à l’égard de ses anciens compagnons de lutte, Simone Ehivet Gbagbo et Charles Blé Goudé, soulève de nombreuses interrogations sur la portée de cet appel.
Samedi dernier à Port-Bouët, à l’occasion du meeting de son parti, le Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), Laurent Gbagbo a annoncé la radiation d’une série de figures politiques .
Parmi ces noms, curieusement, aucun mot sur Charles Blé Goudé, qui fut l’un des piliers de la galaxie patriotique et considéré à une époque comme le « fils spirituel » de Gbagbo, se voit désormais relégué à la périphérie du jeu politique de son ancien mentor.
A la place du nom de Blé Goudé, Laurent Gbagbo a prononcé le mot « etc… »
Cette attitude confirme, s’il en était encore besoin, le malaise persistant entre les deux hommes. Blé Goudé,
Quant à Simone Gbagbo, l’éloignement est encore plus marqué. Éloignement politique et divorce du couple.
Dès lors, une question s’impose : peut-on véritablement parler de réconciliation nationale en Côte d’Ivoire quand le principal artisan de cet idéal est incapable de se réconcilier avec ses propres compagnons de route ?
Comment convaincre les Ivoiriens de dépasser leurs rancœurs quand, Gbagbo ne parvient pas à tendre la main ou à faire un pas vers ceux qui l’ont accompagné dans les heures les plus sombres de son histoire ?
Certes, nul ne peut forcer des retrouvailles là où les blessures sont profondes. Mais dans une société fragilisée par les divisions politiques, ethniques et sociales, les actes symboliques comptent. Et la réconciliation nationale commence d’abord par le courage du pardon entre anciens alliés, par la capacité à surmonter les querelles d’ego au nom de l’intérêt supérieur du pays.
En l’état actuel, Laurent Gbagbo prêche la paix mais cultive l’isolement autour de lui. doit-il d’abord se réconcilier avec Simone et Blé Goudé pour espérer parler au nom d’unité nationale ? La réponse semble s’imposer d’elle-même.
Fulbert Yao