Oh honte ! C’est le moins que l’on puisse dire face à cette nouvelle tentative de Laurent Gbagbo et de ses partisans. En effet, depuis mai 2024, le PPA-CI multiplie les démarches auprès de Washington, espérant rallier les États-Unis à sa cause.
Après l’échec auprès de l’ONU, une délégation du parti a été reçue au département d’État et au Conseil national de sécurité à Washington DC.
Lors de ces échanges, ses représentants ont plaidé en faveur de la réinscription de Laurent Gbagbo sur la liste électorale. Dans cette même dynamique, les députés du PPA-CI ont été reçus, le lundi 18 février 2025, par l’ambassadrice des États-Unis à Abidjan, Jessica Davis Ba.
Ils ont exprimé leur souhait de voir Washington jouer un rôle d’arbitre dans la crise liée à l’éligibilité de leur leader, alors que leurs multiples sollicitations auprès du gouvernement ivoirien ont essuyé une fin de non-recevoir.
« Nous avons discuté de la nécessité d’un processus électoral inclusif et transparent. Il est essentiel que toutes les forces politiques puissent participer pleinement à la présidentielle de 2025 », a confié un député de la délégation. Puis d’ajouter : « Nous continuerons à user de tous les moyens légaux et diplomatiques pour que le président Laurent Gbagbo puisse recouvrer ses droits civiques. »
Pourtant, l’histoire semble se répéter. En 2010, au plus fort de la crise post-électorale, la secrétaire d’État Hillary Clinton avait décrété des restrictions de voyage à l’encontre de l’ex-président ivoirien et de son entourage, incluant son épouse Simone Gbagbo et plusieurs figures du régime.
Leurs visas américains avaient été annulés, les rendant persona non grata aux États-Unis. Aujourd’hui, le PPA-CI espère une posture similaire des États-Unis, mais cette fois en faveur de Gbagbo : une pression diplomatique sur les autorités ivoiriennes afin d’obtenir sa réintégration sur la liste électorale pour la présidentielle du 25 octobre 2025. Mais cette démarche a toutes les chances de se solder par un échec retentissant. Oh honte ! Lors d’une session ordinaire du Comité central du PPA-CI, tenue le samedi 4 janvier 2025 à Abidjan, Laurent Gbagbo a rappelé les enjeux de la lutte de son parti en cette année électorale. Selon lui, son inscription sur la liste électorale constitue une bataille en soi, distincte de celle visant à remporter l’élection.
« C’est l’inscription qui est la bataille la plus difficile. D’ailleurs, l’ONU leur a déjà écrit (au pouvoir d’Abidjan) qu’il faut mettre Gbagbo sur la liste électorale », a-t-il déclaré. Puis d’insister : « L’ONU leur a déjà écrit, mais ils vont venir pour lui dire qu’on t’avait parlé. »
Cependant, cette affirmation a été immédiatement démentie par l’ONU. Dans un communiqué officiel, l’organisation a précisé que le texte attribué à l’ONU ne respectait ni le style ni le format des publications officielles de l’institution.
« Les communiqués officiels des Nations Unies respectent les règles de la diplomatie et incluent généralement des références précises et des faits concrets. En revanche, le texte partagé sur les réseaux sociaux reste vague et utilise des expressions telles que “totalement infondé” ou “s’inscrit en faux”, rarement employées dans les déclarations onusiennes, connues pour leur neutralité et leur ton mesuré. »
Le communiqué poursuit en soulignant que les documents de l’ONU sont systématiquement signés par le bureau concerné ou une autorité compétente, ce qui n’était pas le cas du texte relayé. En réaction, le porte-parole du gouvernement ivoirien, Amadou Coulibaly, a déclaré lors du compte rendu du Conseil des ministres du 8 janvier 2025 que l’exécutif n’avait reçu aucune correspondance de l’ONU à ce sujet.
Ironie du sort, Laurent Gbagbo, qui n’a cessé de vilipender l’ONU par le passé, se tourne aujourd’hui vers cette même organisation pour plaider sa cause. Quelle incohérence ! Quand Choi Young-Jin dénonçait la cupidité de Gbagbo Lors d’une vidéoconférence depuis Abidjan en 2010, Choi Young-Jin, alors chef de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI), avait déclaré que l’élection présidentielle du 28 novembre 2010 avait été « l’une des plus ouvertes, justes et transparentes au monde » avant d’être remise en cause par « la cupidité du président sortant Laurent Gbagbo ».
« Une crise postélectorale totalement inutile a suivi et a duré plus de quatre mois », avait-il ajouté. Selon Choi, bien qu’une intervention internationale ait été nécessaire, « la crise ivoirienne a été principalement gérée par les Ivoiriens eux-mêmes ». Près de 15 ans plus tard, Gbagbo semble toujours enfermé dans ses contradictions, cherchant à contourner la réalité de son inéligibilité en multipliant les recours auprès d’instances internationales.
G.K