La vague d’inondation qui a frappé la Côte d’Ivoire a fait de nombreuses victimes. A Aboisso dans le sud du pays, des sinistrés encore présents dans des sites d’accueil appellent à l’aide.
Ils sont encore à l’école. Ils y logent depuis le mercredi 11 juillet, suite à la forte inondation survenue à Aboisso et autres villages du département situés en bordure du fleuve Bia. Si plusieurs familles qui s’étaient déplacées ont repris possession de leurs habitations, d’autres par contre, sont contraintes de rester dans les centres d’accueil de fortune. Ils sont au total vingt-sept ménages, selon les chiffres de la croix rouge. Et pour cause, leurs maisons sont détruites. «Ces maisons que vous voyez sont quasiment inhabitables», a indiqué le vieux Ilboudo qui, chaque matin, va s’asseoir au bord de l’eau pour observer le site, sis au quartier TP. Comme lui, vingt-trois autres ménages logent désormais à l’école primaire du quartier, le groupe scolaire TP. Ils ne savent désormais où aller. Pourtant, la rentrée approche à grands pas. «Aujourd’hui, si on ouvre l’école, nous allons dormir sur le goudron. Avec nos nombreuses familles on ne peut pas aller chez des gens. Et on n’a plus de maison. On veut juste être recasé», souhaite Assetou, présidente des femmes sinistrées de TP.
A la question de savoir s’ils ont bénéficié de lots par le passé, ils sont catégoriques. «On n’a rien reçu. Ça fait plus de dix ans, ils sont allés indiquer à nos parents, un site au nouveau quartier et ils leur ont donné des numéros. Ils ont dit que quand le site sera loti, ils vont leur attribuer des lots. A notre grande surprise, quand l’espace a été loti, les lots ont été attribués à d’autres personnes», répond Assetou. «On peut témoigner partout», renchéri Allah Marc, le président des sinistrés. Aujourd’hui, les sinistrés sont d’autant plus soucieux qu’ils sont convaincus que la situation ne peut plus jamais redevenir comme avant. «On sait que les temps ont changé. Plus rien ne sera comme avant. Il pleut trop. On ne veut même plus retourner là où on habitait », poursuit Assetou qui plaide en ces termes. «Même si c’est un lot pour deux familles, on va se partager». Les sans abris attendent d’être recasés. « Les autorités ne sont pas responsables de notre pauvreté. Nous n’avons pas choisi d’être pauvres. Qu’ils nous aident. Même si on nous attribue des terrains à payer un peu un peu », implore Ilboudo Assetou. Selon le maire, Mamadou Kano, les personnes illégalement installées dans cette zone seront déguerpies pour protéger leur vie. Ses prédécesseurs avaient, dit-il, déjà traité le dossier. Des lots ont été attribués à douze familles, probablement celles qui avaient été identifiées en son temps. «J’ai demandé qu’on me ressorte ce dossier et que les lots en question soient identifiés pour qu’on prenne les mesures qui s’imposent. Cette zone ne doit pas être habitée. Elle est non morcelée, non lotie. Elle est dans le lit de la Bia. Si on a pu éviter le pire cette fois-ci, il faut qu’on préserve des vies. Nous allons prendre le dossier en main dès que l’eau sera descendue», a-t-il promis.
Un plan d’aide envisagé
A l’école TP, où ils dorment actuellement, les moustiques, le manque de lumière, la malnutrition et l’insécurité sont désormais leur quotidien. En plus des dons en vivres et argent du gouvernement et des cadres de la ville, la croix rouge leur a distribué des moustiquaires. Le maire de la ville, leur a donné des produits contre ces vecteurs de paludisme. L’école est remplie d’herbes et de flaques d’eau. Les sinistrés regrettent le départ des camions mobiles de santé qui étaient dans le centre d’accueil. Le ministre de la solidarité, Mariétou Koné avait apporté une aide en vivres d’une valeur de trente millions de F Cfa de la part du gouvernement. Les cadres de la région, les ministres Marcel Amon-Tanoh et Eugène Aka Aouélé, le directeur du port d’Abidjan, Hien Sié Yacouba, à hauteur de sept millions dont quatre en espèces. Les députés N’Gouan Jérémi d’Aboisso et Yasmina Ouégnin de Cocody, le maire avaient fait de même.
Et récemment, le vice-président, Daniel Kablan Duncan avait fait des dons en vivres et leur à offert la somme de plus de six millions de F Cfa en espèces. Les sinistrés souhaitent que cet argent, «s’il est encore là», soit utilisé pour trouver un site de recasement de ceux qui n’ont plus d’habitation. Du côté des élus, on pense plutôt à identifier des dits ‘’grands sinistrés’’, à qui, des enveloppes seront remises. «Il y en a qui ont perdu beaucoup. Leur maison, leur commerce. Ceux-là, il faut les assister vraiment. L’argent est là. Et il leur sera remis», rassure Théophile Tossa, membre du comité de réception et de distribution des dons. Selon lui, il y aurait environ sept cent victimes et 27 habitations détruites (24 au TP et trois à Assiekro). Les plus touchés sont ceux qui sont actuellement dans les centres d’accueil à l’école TP et au foyer Viacel. Pour rappel, cette inondation a fait deux morts à Aboisso et Biaka. Cette situation est la troisième du genre, après 1966 et 1975 où la Bia était aussi sorti de son lit créant des inondations. Mais les précédentes crues n’ont pas atteint le niveau de celle de cette année. Une crue exceptionnelle, l’a-t-on qualifiée du côté de la CIE.
« La crue actuelle est une crue exceptionnelle. Elle s’apparente à une crue centenaire. Elle est estimée à 70% plus importante que la crue ordinaire. Elle a atteint un débit de 800m3/s. les débits connus sur ces 40 dernières années pendant les périodes de crue, est de 210m3/s en moyenne. La plus forte crue observée depuis la construction des barrages est de 479m3/s », a décrit le directeur régional de la CIE Digbenou Brice. Aussi, le niveau de l’eau avait considérablement diminué avant de remonter le 24 juillet dernier. Cependant, la situation est sous contrôle actuellement. L’on recommande aux populations de rester loin des zones jugées dangereuses. Même si le pire est désormais derrière, en ce qui concerne cette saison pluvieuse.
Ahoussi delmas
Correspondant régional