C’est un fait avéré ! Les relations entre les journalistes ivoiriens et les entraîneurs internationaux se sont dégradées ces dernières années. En cause, des questions sur les tactiques de jeu…, parfois mal formulées ou mal comprises.
L’un des exemples marquants est survenu lors de la CAN au Cameroun, où le sélectionneur algérien Djamel Belmadi a vivement réagi à une question d’un journaliste ivoirien. Ce dernier avait demandé si le climat jouait en partie sur l’efficacité des athlètes algériens, et ce qu’il en serait en 2023 en Côte d’Ivoire, où il pleut fréquemment en juin et juillet, période à laquelle devait se jouer la Coupe d’Afrique.
Plus récemment, le 7 septembre 2024, après la victoire des Éléphants face à la Zambie (2-0) en match de qualification pour la CAN 2024, le sélectionneur ivoirien Emerse Faé a également eu un échange tendu avec un journaliste remettant en cause ses choix tactiques. « Passez votre diplôme d’entraîneur et après vous prendrez ma place », a-t-il lancé, suscitant des rires dans la salle.
Mais pourquoi les entraîneurs devraient-ils être moins offensifs ou agressifs et faire preuve de plus de pédagogie dans leurs réponses face aux journalistes ?
En premier lieu, parce qu’ils sont des figures publiques. Ils représentent non seulement leur équipe, mais aussi leur pays. Une réponse pédagogique permet de maintenir un climat de respect et de dialogue constructif, tout en servant d’exemple aux jeunes sportifs et aux spectateurs.
Ensuite, les médias jouent un rôle central dans la diffusion des informations sportives. L’opinion publique est souvent façonnée par ce qui est dit en conférence de presse. Une réponse pédagogique permet non seulement de désamorcer des situations potentiellement conflictuelles, mais aussi d’expliquer aux spectateurs les raisons derrière certains choix tactiques ou stratégiques. Par exemple, au lieu de réagir de manière défensive face aux critiques sur un schéma de jeu, un entraîneur pourrait utiliser l’occasion pour expliquer sa vision du match, facilitant ainsi la compréhension du grand public.
Il est important de rappeler que tout le monde ne comprend pas nécessairement les aspects techniques et tactiques du football, y compris certains journalistes. Cela peut conduire à des questions maladroites ou mal formulées, qui peuvent être perçues comme des attaques par les entraîneurs. Pourtant, ces journalistes représentent aussi le public, dont le niveau de connaissance du jeu est parfois limité. C’est précisément ici que l’entraîneur doit faire preuve de pédagogie. Au lieu de répondre avec agacement, il peut clarifier son propos et éduquer indirectement le public sur des aspects plus complexes du sport.
Dans le football international, des entraîneurs comme Jürgen Klopp ou Pep Guardiola sont souvent cités en exemple pour leur approche pédagogique. Ils parviennent à utiliser les médias pour expliquer leur vision du jeu tout en maintenant une relation respectueuse avec les journalistes. Par exemple, Guardiola n’hésite pas à détailler ses choix tactiques, même face à des questions maladroites. En adoptant une attitude pédagogique, il élève le débat et préserve une relation de respect avec les médias.
Enfin, il faut reconnaître qu’une relation tendue avec les médias peut nuire à la communication d’un entraîneur. Les médias sont des relais d’information cruciaux pour toucher le public, et entretenir une bonne relation avec eux peut faciliter les futures interactions. En répondant de manière calme et pédagogique, un entraîneur peut éviter d’aggraver les tensions tout en préservant un climat de respect mutuel. Cela peut aussi améliorer l’image publique de l’entraîneur et, par extension, celle de son équipe.
À l’approche de la prochaine CAN, il est d’autant plus important que les entraîneurs considèrent les conférences de presse non seulement comme un espace de communication, mais aussi comme une opportunité d’éducation.
Toutefois, les journalistes ivoiriens doivent être professionnels
Avant une conférence de presse, ils doivent s’assurer de bien comprendre le contexte du match ou de la situation sportive. Des questions préparées avec soin éviteront les malentendus et les réponses defensives de la part des entraîneurs.
Ils doivent formuler des questions de manière claire et précise pour éviter les interprétations erronées. Eviter les questions trop vagues ou provocatrices qui pourraient être perçues comme des critiques.
Ils doivent aussi Adopter un ton respectueux et objectif dans leurs questions. Même en cas de désaccord avec les choix tactiques, exprimer leurs questions de manière à stimuler une discussion plutôt qu’une confrontation.
Fulbert Yao (herrwall2007@yahoo.fr)