Présent en Côte d’Ivoire dans le cadre de la COP 15, Issa BADO, Spécialiste de Programme Négociations Internationales Environnement et Développement Durable, à l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) et agent de l’Institut de la Francophonie pour le Développement Durable (IFDD) a présenté à l’INFOEXPRESS, l’application « Tervie », qui vise à révolutionner la gestion durable des terres.
Est-ce que vous pouvez nous présenter Tervie, cette application ?
Tervie est une application qui a été développée par l’Institut de la Francophonie pour le Développement Durable. 40 % des terres dans le monde sont dégradées. Si nous prenons l’exemple de la Côte d’Ivoire, nous savons qu’avec les pratiques agricoles, le réchauffement climatique, beaucoup de terres sont en train de perdre de leur richesse. Alors la question à laquelle, nous avons voulu apporter des réponses, c’est comment nous faisons pour faire en sorte que tout le monde contribue à donner aux terres leur richesse ? Il existe dans le monde, plusieurs centaines de techniques, de bonnes pratiques en matière de gestion des terres. Malheureusement, les populations au niveau rural, au niveau des collectivités territoriales n’ont pas l’information parce que souvent ces techniques sont documentées dans des fiches de 15 à 20 pages. Nous avons eu l’idée de développer une application sachant que tout le monde a quasiment un téléphone. Aujourd’hui cette application est disponible en ligne, sur Android.
Qu’est ce qu’on peut faire avec cette application ?
Ce que vous pouvez faire, c’est de savoir, quels types de bonnes pratiques est a votre portée pour rendre plus riche votre terre. Quand vous renseignez, comment votre terre est dégradée En ce moment, l’application va vous faire une suggestion de techniques qui est adaptée. L’application vous donne toutes les explications. Mais surtout comment vous vous y prenez. Quelles sont les étapes pour conduire à bien votre projet de restauration de votre terre. Ce qui est intéressant. Ce que nous proposons, ce sont les techniques a faible coût. C’est-à-dire, vous ne payez quasiment rien. Ce sont des choses à rassembler dans votre nature, dans votre environnement. Grâce à cette application, vous allez pouvoir restaurer quasiment 2 hectares dans les délais courts. Nous avons voulu à travers cette application, permettre à la communauté francophone, de partager leur savoir-faire, leur connaissance. C’est une application que nous avons développé, pour sa première phase en français. Les années à avenir avec les partenaires, nous allons la rendre disponible dans des langues régionales, africaines et permettre à des partenaires régionaux de pouvoir rendre disponible dans des versions au niveau local.
Il reste tout de même que la vulgarisation de cette application doit reposer sur une politique avec les états ; comment envisagez-vous cela ?
Quand vous voulez faire une bonne action, vous n’avez pas de choix que d’avoir une stratégie. Et la stratégie ne peut reposer seulement sur un seul acteur. En tant que Organisation internationale, notre approche, c’est de nous appuyer sur les Etats. Et la Francophonie, c’est déjà 88 états et gouvernements. Notre approche, c’est vraiment de mobiliser toutes les forces. Ce que nous aimerions faire, c’est d’aller vers les Etats. Aller leur dire que nous avons développé une application et promouvoir auprès des décideurs cette application et leur inciter par tous les moyens à porter cette application, à la transposer au niveau des collectivités. Des acteurs sont intéressés à contribuer au déploiement de cette application. Notre stratégie, c’est de nous appuyer d’une part sur les Etats. D’autre part, c’est de compter sur l’atteinte des cibles prioritaires qui sont les acteurs, les paysans qui sont sur le terrain. Nous pouvons le faire à travers les actions de sensibilisation et de communication sur les réseaux sociaux et à travers des projets existants qui ont de l’impact sur le terrain.
Aussi ce projet est intéressant pour les jeunes qui ont aujourd’hui sont appelés à s’investir dans l’agriculture
Tout à fait ! Le président de la république de Côte d’Ivoire l’a souligné. Aujourd’hui, la jeunesse est au centre des questions. D’ailleurs, cela a été débattu dans les tables rondes qui ont rassemblé les chefs d’Etats et les décideurs. Selon la vision de la SG de la Francophonie et de la Directrice de l’IFDD, la jeunesse doit être au centre de l’action, en matière de lutte contre la désertification, de même en matière de gestion durable des terres. Vous parlez d’agriculture. S’il n y a de terre conservée, il n y a pas moyen d’assurer l’autosuffisance alimentaire et c’est la jeunesse qui doit porter l’agriculture. S’il n y a pas de moyens, de terres dégradées, il n y a pas de moyens que de restaurer ces terres et cette application est à la portée des jeunes. C’est cette frange qui est plus proche de l’innovation, qui est plus proche du numérique et nous comptons sur cette jeunesse pour s’approprier cette application et contribuer à la gestion durable des terres dans nos pays.
Depuis quand cette application a été conçue ?
Cette application a fait l’objet de consultation multipartite depuis 2021 avec ONU désertification, avec des acteurs régionaux et internationaux qui nous ont donné leurs avis. Nous sommes allés vers des acteurs nationaux depuis 2021, les confédérations paysannes dans les pays, qui nous ont donné leur avis, leurs impressions et qui ont apprécié les projets. Depuis 2021 nous sommes en train de développer le projet. Aujourd’hui, nous sommes à vous présenter une version beta. Nous espérions que l’année prochaine, nous allons contribuer à les améliorations.
Entretien réalisé par Fulbert YAO