Eloïne Barry, experte en communication et responsable d’une entreprise de communication donne son avis sur le secteur des médias en Côte d’Ivoire. Celle qui a des projets pour l’épanouissement des hommes de médias ivoiriens compte jouer sa partition pour la réussite de la 34e édition de la Can 2023.
Quel regard portez-vous sur le secteur des médias en Côte d’Ivoire ?
Il y a de belles plumes en Côte d’Ivoire et les journalistes avec qui j’ai eu la chance de collaborer et de parler sont passionnés. Je pense qu’il y a une véritable vocation. Mais malheureusement, c’est toujours la même chose dans certains pays africains, le manque de moyens qui fait que des médias de la Côte d’Ivoire ne sont pas présents où ils pourraient être.
Et pourquoi ?
Quand nous voyons la progression du pays à mon humble avis, les médias sont comme des infrastructures dans un pays. Je vois les médias comme un élément aussi important que les routes, les écoles, les hôpitaux et autres. Une société en bonne santé doit avoir des médias puissants. Ce que je constate malheureusement est que la Côte d’Ivoire évolue, se diversifie, se développe mais les médias sont restés derrière d’un point de vue innovation, formation des journalistes, adaptation des nouvelles méthodes de travail. Le budget n’est pas donné aux médias de façon globale encore moins en Côte d’Ivoire.
Que pouvez-vous apporter à l’évolution des médias en Côte d’Ivoire ?
Nous avons un projet qui est très clair et spécifique pour lequel nous faisons actuellement une levée de fonds. (…) Pendant la Covid-1, il y a énormément de journalistes qui ont perdu leurs emplois et ont été moins payés. Nous ne pouvons pas les embaucher car nous ne sommes pas une agence de presse. Mais nous allons leur apprendre à monétiser. (…) Nous avons décidé de lancer une académie qui va uniquement reprendre les bases du journalisme, de l’écriture, du journalisme d’investigation et leur apprendre à monétiser. Nous avons signé des partenariats avec de grosses sociétés d’édition surtout la partie monétisation de contenu. Nous avons ouvert cette plateforme et nous avons reçu 260 demandes en l’espace de deux jours. Nous avons lancé un premier curriculum sur le traitement des données et aussi sur l’écriture créative. Former des journalistes est une bonne chose mais est-ce qu’à la sortie de cette formation le journaliste gagne plus d’argent, trouve un emploi et est-ce que cela lui ouvre des opportunités. Il manquait un maillon à la chaîne qui est de créer des médias. Notre académie va devenir deux entités. Elle est toujours sur place pour former des journalistes et suite à cela nous aurons un incubateur à médias avec une première priorité sur les médias francophones. Nous formons les journalistes et dans ces formations nous allons identifier s’il y a des journalistes qui ont une envie entrepreneuriale ou un projet de création de médias. Nous identifions ces journalistes et nous travaillons avec eux qui passent dans l’incubateur où nous définissons avec eux un business plan. Et à la fin de tout cela il y a une sorte de compétition et les vainqueurs ressortent avec un financement.
« La femme et l’entreprenariat est presque un pléonasme »
Quelle place occupe la femme dans l’entreprenariat en Côte d’Ivoire ?
Certains disent quand une femme entreprend, elle réussit qu’un homme. Cela vient de la structure de la société et comment les femmes sont amenées à s’occuper de leurs maisons. Nous avons cela un peu dans notre ADN. Elles ont cette capacité à organiser, à élever, à transformer et à faire grandir. La femme et l’entreprenariat est presque un pléonasme. Une femme a toujours une capacité entrepreneuriale en elle. Mais c’est beaucoup plus difficile à entreprendre quand tu es une femme africaine. C’est difficile de monter un business. Nous n’avons pas les mêmes accès au financement qu’un homme et un écosystème qui est présent pour nous aider, ni des mentors qui sont présents pour nous apprendre et tout cela nous freine. Mais les choses bougent vraiment et nous nous rendons compte que plus les femmes s’aident plus la société se porte bien.
Quels sont les obstacles auxquels elles sont confrontées ?
Elles n’ont pas d’aide financière et cela est très compliqué. Tout le monde entreprend mais c’est un entrepreneuriat qui n’a pas vocation à évoluer parce qu’il n’y a pas l’infrastructure qui est en place et qui permet de faire évoluer cette entreprise. (…) Monter une société en Côte d’Ivoire est très compliqué. Si nous n’avons pas d’argent pour payer un notaire cela est pratiquement impossible. Les banques nous regardent mal.
La Côte d’Ivoire abrite dans quelques semaines la Coupe d’Afrique des nations. Comment comptez-vous contribuer à la réussite de cette grand’messe du football africain ?
Nous avons prévu d’aller voir les matchs des Eléphants pour les pousser à la victoire. Nous avons prévu d’aller voir Côte d’Ivoire – Nigeria et Côte d’Ivoire – Guinée Equatoriale et cela d’un point de vue personnel et social. La Can est pour nous une grande opportunité de montrer au monde ce que la Côte d’Ivoire a à offrir. Que ce soit d’un point de vue culturel, touristique, l’alimentation, l’hospitalité des Ivoiriens. Pour nous, cette Can est une vitrine de fierté. Nous sommes heureux d’avoir la Can ici à la maison. Nous avons lancé une campagne promotionnelle pour les clients qui souhaitent faire une diffusion spécifique autour du travail sur les réseaux sociaux autour de la Can. Il y a certains projets qui sont prévus.
Joël Soro