Le Directeur de la Stratégie, des planifications et des statistiques (Dsps), révèle dans cette interview les dispositions prises par le ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement technique et de la Formation pour la réussite de la rentrée scolaire sous fond de Covid-19. Mamadou Fofana évoque également les cours distance et la création bientôt, d’une télévision du ministère.
L’année scolaire 2019-2020 a été marqué par le coronavirus. Comment votre Département s’est organisé pendant cette période ?
Lorsque vous faites une bonne planification et que vous suivez toutes les étapes d’une bonne planification, vous n’êtes pas surpris. La Covid-19 s’est déclarée en Côte d’Ivoire au mois de mars. En ce mois, nous avions déjà terminé la production des données statistiques car la planification commence de septembre à mars. A partir de septembre, nous faisons la révision des questionnaires, de novembre jusqu’en février, nous nous attelons à la collecte des données et la publication des résultats se fait le dernier jeudi du mois de mars. Il en est de même pour la carte scolaire. Malgré la Covid-19, toutes les commissions sous-préfectorales, départementales et régionales se sont tenues. Seule la commission nationale n’a pu se tenir car il ne fallait pas regrouper un nombre de personnes bien défini. Nous avons donc opté pour la visioconférence et nous avons pu obtenir les résultats afin de préparer la rentrée scolaire. Ainsi, cette année, nous avions 53 demandes de nouvelles ouvertures mais à ce jour, nous avons déjà 43 sur les 53 qui ont reçu des arrêtés d’ouverture dans le public et ces écoles sont prêtes à accueillir les élèves de 6e cette année. Le coronavirus n’a donc nullement impacté nos activités.
Vous venez d’évoquer les données statistiques. Peut-on en savoir un peu plus sur celles-ci?
Dans toute la sous-région, nous sommes l’un des rares pays à avoir produit ses données statistiques. Et cette année, nous voyons que les indicateurs sont de plus en plus au vert. Il y a eu une évolution positive de tous ces indicateurs que ce soit le taux net de scolarisation, d’admission pour cette année 2019-2020. Par exemple, le taux brut de scolarisation pour cette année dans le préscolaire est de 10,5% contre 9,40% l’année dernière Les grossesses scolaires ont connu une régression mais ce que nous avons déploré, c’est que pendant la Covid-19, nous avons connu un regain de grossesses. Ces cas de grossesses ont été constatés aussi bien au Cm2 qu’en 3e et en Terminale dans 32 Directions régionales du ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle (Drenet) sur 36. Nous avons noté cinq cas de grossesses au Cm2 soit 2,97%; 121 cas en 3e soit 72, 02% et 42 cas en Terminale soit 25% pour un total de 168 cas de grossesses. Dans les Drenet d’Abidjan 4, de Bondoukou, de Bouaké 2 et de Sassandra, aucun cas de grossesse n’a été signalé mais les Drenet comme celle de Bongouanou enregistre 19 cas, Yamoussoukro 17 cas surtout au lycée Mamie Adjoua, Mankono 14 cas, Ferkessédougou 11 cas et Dimbokro 10 cas. Le milieu urbain enregistre plus de cas de grossesse que le milieu rural avec 142 cas sur 168 soit 84,52%. En milieu rural, les établissements scolaires du privé n’enregistrent aucun cas de grossesse. En revanche, ceux du public comptent 24 cas. En milieu urbain, il a été relevé 84 cas de grossesse dans les établissements scolaires du privé et 58 cas dans ceux du public. Le privé enregistre plus de cas en milieu urbain que le public. Les enfants ne partant pas à l’école, se sont adonnés à d’autres activités. Nous allons donc faire de la sensibilisation pour lutter contre ces grossesses en milieu scolaire.
Quelle politique avez-vous mis en place pour que la Côte d’Ivoire soit l’un des premiers pays à avoir ses données statistiques dans la sous-région ainsi que des indicateurs qui évoluent positivement ?
Au niveau de la Direction des stratégies, de la Planification et des statistiques (Dsps), nous faisons une bonne planification. Aujourd’hui, nous faisons la collecte des données sous forme d’entonnoir. Nous partons de la centrale, au ministère, jusqu’au niveau de l’école et ensuite nous avons l’entonnoir renversé en partant de la base jusqu’à la centrale. Nous sommes rigoureux sur les délais, les dates, sur la révision des questionnaires, dans la formation des agents en Drenet qui forment ensuite les Inspections de l’enseignement primaire (Iep) et ceux-ci forment les conseillers pédagogues qui à leur tour, forment les Directeurs d’écoles qui sont des collecteurs de données. Quand ils finissent de collecter les données, par la même voie, celles-ci remontent à nous. Comme aujourd’hui, nous avons un système informatique très performant, tout est renseigné directement sur la Plateforme si bien que quand une saisie est faite, et qu’il y a une erreur, nous réagissons automatiquement et correction est faite. Et nous faisons également des comparaisons des données avec les années précédentes, à tel point que quand il y a des fausses données, nous interpellons immédiatement. En termes d’innovation cette année, il y a la République démocratique du Congo et le Togo qui devaient venir assister à notre présentation parce qu’ils n’arrivent pas à produire leurs données en temps réel.
Quel a été votre apport dans la gestion de la Covid-19 ?
Nous avons fait une évaluation. Avec le Conseil national de sécurité, il y avait deux aspects : il fallait d’abord voir si le dispositif de lavage des mains était bien en place et si la distanciation sociale, le port du masque étaient respectés, si les salles de classes avaient été désinfectés et ensuite les cours à distance. 94% des élèves ont accédé aux cours à distance par la télévision, 15% par la Radio, 3% par l’ordinateur et 4% par le téléphone simple. On en déduit donc que la télévision est l’outil que la majorité des élèves du primaire et du secondaire a utilisé pour accéder aux cours à distance. Nous avons donc fait cette évaluation pour voir s’il fallait continuer l’enseignement télévisé ou s’il fallait arrêter et 60% des personnes étaient satisfaites. Il a donc été décidé que les cours à distance continuent et soient comme des renforcements de capacités. Nous sommes en train de penser à une télévision pour le système éducatif.
A quelques jours de la rentrée scolaire, quelles sont les stratégies que vous avez mises en place ?
Cette année scolaire, la Dsps a déjà mis à la disposition du ministère, toutes les nouvelles ouvertures et constructions qui vont accueillir les enfants. Il y a 43 établissements du secondaire qui vont ouvrir leurs portes ainsi que 2.870 salles de classes qui ouvrent. Comme stratégie, nous avons tout mis en place pour que le port du masque par les enfants soit respecté. Il faut occulter le pan de distanciation sociale, car cette année, ce sont 549.000 enfants qui font leur entrée en sixième. Mais toutes les mesures seront prises pour empêcher la propagation du coronavirus. Et il faut le noter, cette année, non seulement les enfants vont suivre le programme à l’école mais ce programme sera encore diffusé à la télé pour leur permettre de renforcer leurs capacités.
Qu’en est-il des frais d’inscriptions qui varient d’une école à une autre ?
L’inscription en ligne pour tous les élèves est de 3.000 Fcfa et 6.000 Fcfa. Il y a ensuite ce qu’on appelle les frais annexes qui sont payés dans les établissements. Au privé, les frais annexes leur permettent de payer les t-shirts, des cahiers de correspondance, les photos physiques et les intrants de l’école etc. Et il en est de même pour le public. Il y a aussi les frais Coges pour le primaire. Il est vrai qu’on parle de gratuité pour l’école mais l’école a un coût car si une clôture tombe, c’est l’école qui devra débourser. Le Coges est constitué par la communauté et les besoins différant d’une école à une autre, c’est ce qui explique que les frais diffèrent. Si par exemple, une école souhaite avoir une école informatique dans son établissement et que les parents approuvent, ce sont eux qui fixeront le montant à cotiser. Les parents ne sont donc pas spoliés. La rentrée scolaire, c’est le 14 septembre. C’est dès maintenant que les parents doivent commencer les préparatifs de la rentrée en payant les uniformes, les fournitures de leurs enfants, en faisant les différentes inscriptions et en préparant psychologiquement les enfants à la rentrée. J’exhorte les parents d’élèves à mettre tout en œuvre pour que cette rentrée malgré le coronavirus soit l’une des meilleures rentrées et que les cours commencent effectivement le 14 septembre afin que le quantum horaire soit respecté.
Réalisée par Napargalé Marie