Quelle est la situation actuelle des cas d’arnaque et d’agression dont sont victimes vos camarades sur le terrain ?
Oui, nous sommes interpellés tous les jours. Ce samedi (Ndlr, 9 juin), au nombre de 400 personnes, nous avons tenu une grande réunion avec toutes les coordinations de l’intérieur du pays. Faut-il le souligner, l’Agect-CI regroupe les gérants de cabine et ceux des points de transferts d’argent et d’unités. Nous avons contacté un opérateur de téléphonie, pour leur faire part des problèmes vécus au quotidien par nos camarades. Qui se plaignent de beaucoup de cas d’arnaques via leur système. Et jusque-là, nous n’avons pas encore eu de collaboration avec cet opérateur, y compris un autre opérateur. Par contre, lors de rencontres régulières avec une compagnie qui exerce dans le domaine, nous avons commencé à aborder les questions liées à la sécurité des transactions. Nous ne sommes pas à l’abri. Nous reconnaissons que nous sommes exposés.
Concrètement, qu’est-ce qui est fait sur le terrain en matière de sensibilisation pour lutter contre ces phénomènes ?
Nous voyons toutes les failles du système sur le terrain. Nous alertons automatiquement nos camarades. Nous leur demandons de faire des affiches et les coller dans leurs points de vente ou leur caisse de Cabine téléphonique. Et ce, afin d’informer le client de ne faire aucune syntaxe lorsqu’il reçoit des appels anonymes. Nous sommes à fond dans la sensibilisation afin de minimiser un tant soit peu les dégâts. Le temps pour nous de collaborer véritablement avec les deux premiers partenaires cités. Car nous avons aussi notre idée pour améliorer le système. Nos camarades sont les plus grandes victimes. Récemment, il y a eu un cas à Daloa. Notre camarde a fait un dépôt sur le compte du client. Ce dernier a reçu un appel d’un inconnu qui lui a demandé de composer une syntaxe. Ne maîtrisant pas le mode opératoire des arnaqueurs, le client s’est fait avoir. Il est allé porter plainte contre notre camarade de Daloa. J’ai été joint. Et nous avons saisi l’opérateur. Grâce à une traçabilité, il s’est trouvé que c’est quelqu’un qui possédait une puce EVD (Puce e-recharge d’une compagnie), habitant à Yopougon-Gesco qui a vidé le compte du client. Nous invitons nos camarades à la vigilance.
En termes de chiffres, à combien peut-on évaluer la somme d’argent perdue par les victimes d’arnaque et d’agression ?
Concernant le montant global, on ne peut chiffrer les pertes tant nous enregistrons des pertes au quotidien. Le gérant de cabine téléphonique et de transferts de crédit d’appel peut perdre jusqu’à 100 000 F Cfa du fait des arnaqueurs. Pour les transferts d’argent, il faut compter des centaines de mille.
Qu’en est-il des cas de braquage et d’agression ?
On en a tous les jours. Il y a eu trois cas récemment, où des camarades avaient été dépouillés de tout ce qu’ils avaient. C’était à Cocody, Marcory et Port-Bouët. Nous en sommes effectivement conscients.
Quels obstacles rencontrez-vous dans ces campagnes de sensibilisation.
Les opérateurs de téléphonie ne manquent pas de nous encourager. Ils demandent à notre niveau de sensibiliser la clientèle à ne faire aucune syntaxe si ce n’est d’un numéro venant de la maison, contrairement aux arnaqueurs qui utilisent des numéros à 8 chiffres pour effectuer des appels. Malheureusement, on a affaire à de nombreux analphabètes au niveau de la clientèle. S’agissant des gérants, nos camarades sont de plus en plus aguerris. Nous avons juste besoin de moyens pour aller dans les villages et hameaux les plus reculés afin de sensibiliser les abonnés. Nous nous sommes même rendus à l’ARTCI pour soumettre des problèmes. Qui est en train de faire ce qu’elle peut à son niveau.
Par Isaac K.