Jean Louis Billon à La Haye pour échanger avec les pensionnaires Ivoiriens qui y résident, le Cojep de Blé Goudé reçu en audience officielle à Daoukro chez Henri Konan Bédié, une délégation du PDCI au meeting de EDS à Yopougon à la place CP1…Assurément la scène politique ivoirienne s’anime intensément depuis la création du parti unifié censé rassembler les enfants de Houphouët-Boigny. Dans le ballet en cours entre partisans de Gbagbo et ceux de Bédié se dessine une sorte de « Gacamou » destinée à effrayer le président Ouattara afin de le ramollir. Le message qui transparait est de dire au président du RHDP : «Si tu lâches Bédié, le PDCI et le FPI vont s’unir contre toi en 2020 pour t’envoyer dans l’opposition». Cette menace aurait été un épouvantail pour Ouattara si et seulement si, on était en mathématiques. Or là, on est sur le terrain politique où 1+1 n’est pas forcément égal à 2 comme l’a démontré Maurice Kacou Guikahué, il y a quelques jours.
Avec les partisans de Gbagbo divisés en deux blocs très antagonistes, avec le président Bédié qui n’est même plus capable de faire élire son candidat aux législatives à Daoukro, son village et sans compter «tous les radiés du PDCI» qui n’ont pas encore dit leur dernier mot. Une alliance PDCI-FPI, dans le contexte actuel de la Côte d’Ivoire, peut certes créer beaucoup d’émotions, mais pas forcément le résultat attendu. En politique, rien n’est acquis définitivement. Le paysage politique est en train de se recomposer avec notamment la génération couper-décaler qui se démarque des considérations tribales et qui n’a que faire des pré-requis du passé. Quiconque n’en tient pas compte se fourvoie lourdement. A preuve, lors des dernières élections, de nombreux candidats qui avaient l’étendard RHDP de l’époque (Bédié-Ouattara) ont été battus à plate couture par de nombreux indépendants.
A supposer même que Bédié et Gbagbo s’unissent aujourd’hui et qu’ils obligent de ce fait, Alassane Ouattara à utiliser tous les moyens à sa disposition pour assurer sa survie et ceux de ses partisans. A ce jeu, à plus de deux ans des élections, qui est perdant ? Si Le président Ouattara descend dans l’arène et prend son téléphone pour recruter c’est sûr qu’en sa qualité de chef d’Etat africain, ça va faire mal, très mal chez l’adversaire. Dans ce même pays, Laurent Gbagbo a obtenu 46% des voix face à Bédié et Ouattara mis en ensemble. Grace à sa position au sommet de l’Etat et à ses talents de recruteur, Gbagbo avait à ses côtés les Ahoua N’Guetta, Bernard Dadié, Fologo, Mel Theodore, Simplice Zinsou, Bleu Lainé, Séry Gnoléba, Koné Dossongui, Boni Claverie, Henriette Lagou, Kone Blacky, Samba Koné, Dr Alphonse Tousséa, Gnamien Yao et d’autres cadres de ce pays qui n’avaient aucun point de jointure avec la Refondation. Ce que Gbagbo a réussi ici, Ouattara peut mieux faire en deux ans. Il peut même vider des partis si tel est son souhait. L’on se souvient de cette assertion de Gbagbo quand il soutenait que s’il savait qu’on pouvait recruter avec l’argent il n’aurait pas acheté autant d’armes.
La vérité aujourd’hui est que Ouattara n’a plus rien à perdre. Et mieux, il a toutes les cartes en mains. Lui, également, il peut recruter partout, y compris au FPI, car chacun a des déçus dans sa famille politique. Ouattara a laissé ouverte la porte au retour de Bédié au sein de sa famille naturelle qui est le RHDP. S’il vient ce serait un bonus pour la cohésion au sein de son bloc. Mais s’il ne vient pas, le RHDP unifié doit préparer son plan B. C’est cela la politique.
Traoré Moussa