Le projet Art in West Africa (AWA) est né d’un consortium entre l’Institut français de Paris et le Centre Culturel Korè de Ségou au Mali. Il est soutenu par le Programme ACP-UE Cultures, un organe de Soutien aux Secteurs de la Culture et de la Création en Afrique de l’Ouest.
Le programme tient sa première réunion en présentielle post-covid-19 les 9 et 10 mars 2022 à Abidjan dans le cadre du 12e Marché des arts du spectacle d’Abidjan (MASA).
Après l’ouverture officielle des travaux avec la ministre ivoirienne de la Culture, de l’Industrie des Arts et du Spectacle, du représentant du l’Union Européenne en Côte d’Ivoire et du représentant du fonds le 9 mars à la salle Kodjo Ebouclé du palais de la Culture, des acteurs culturels ont pris le relai pour de bons échanges d’idées et de partage d’expériences.
L’exposé inaugural de la réunion a dévoilé que le Programme ACP-UE Cultures a un budget de 6,2 millions d’euros soit plus de quatre milliards de FCFA.
Il sert à financer des projets culturels, à appuyer les réseautages des opérateurs culturels de l’Afrique de l’Ouest et à renforcer les capacités. L’offre est alléchante mais comment en bénéficier ? Voilà la grande question autour de laquelle les échanges se sont tenus. Pour Aboudramane Kamaté, ancien directeur délégué de l’Institut français de Côte d’Ivoire, il faut faire la part des choses quand on monte les projets. « Généralement, les projets sont mal montés et même si un projet est intéressant, il ne passe pas. Un projet doit être bien structuré. Et pour ce faire, il faut repartir les tâches : les artistes conçoivent leurs créations et la structuration ou la rédaction du projet est confiée à un spécialiste, de préférence, un administrateur », a indiqué M. Kamaté, chargé de projet à l’Institut français.
L’artiste et producteur Didier Awadi du Sénégal a bénéficié du programme AWA avec son projet Sargal. C’est un système de conservation de la mémoire de la culture africaine. Toutes les grandes œuvres du continent sont ‘’dépoussiérées’’ et rafraichies dans des vidéos. « Il y a une volonté sincère de faire les choses et je remercie la philosophie de ce partenariat nord-sud. Généralement, je n’aime pas le terme aide au développement ou subvention. Mais dans ce cas précis, le fond est logé en Afrique et géré par les Africains », a soutenu le membre du mythique groupe Positive Black Soul (PBS) avant de terminer : « Si on ne sait pas d’où on vient, on ne va pas savoir où on va.»
Après le Sénégalais, les artistes et opérateurs culturels Guy Kalou de Clape Babiwood et de Taxi Conteur de la Compagnie Naforo Ba, ont aussi donné les tuyaux qui leur ont permis de bénéficier du programme AWA. « Généralement, on n’a pas l’information. Et pour postuler, il faut avoir des éléments palpables et concrets », a dit Guy Kalou. Après 20 ans de carrière, Taxi Conteur a eu droit à son premier grand soutien. « Ce n’est pas que c’est suffisant mais ce fonds permet de respirer un coup. Il nous a beaucoup aidé dans le projet ELAN. On a fait ce qu’on pouvait car pour nous, chacun change le monde à son niveau », a expliqué le conteur.
Le Programme ACP-UE Cultures soutient les industries culturelles et créatives dans les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP). Il est destiné à 79 pays. « C’est un moment très important car c’est la première grande réunion que nous avons en présentielle depuis l’avènement de la covid-19. Comme le représentant de l’UE l’a dit : la culture est la clé qui permet d’aller à la compréhension de l’autre. Aujourd’hui, nous militons pour que la culture devienne une option professionnelle », a souhaité un membre du fonds.
La phase pratique de candidature que beaucoup attendait, a été expliquée par Mohamed Doumbia, le coordinateur du Projet AWA. Pour postuler, il aller sur koresegou.org et suivre les instructions. « Il faut d’abord chercher des opportunités de réseautage et partager les bonnes pratiques », a déclaré M. Doumbia. Concrètement, le processus est long. Mais la clef réside dans la bonne candidature. Il faut savoir monter son projet et se faire encadrer par des professionnels. Et l’une des personnes et structures ressources indiquées est, par exemple, Limam Monza Kané, président d’Arterial Network de la Mauritanie. « L’Afrique est une machine à sous et elle demande de la structuration », a situé Kané. Les propos du Mauritaniens ont rejoint ceux de Mme Lisson Fall Diomandé, DG de l’Office national du cinéma de Côte d’Ivoire (ONAC-CI) qui a donné les pistes pour bénéficier du Fonds de soutien à l’industrie cinématographique (Fonsic). « L’avenir du cinéma du sud réside de la mutualisation des moyens », a soutenu Mme Diomandé dont la structure intervient dans des projets nationaux et même étrangers.
Service Communication