Pas d’établissement de relations diplomatiques entre le Royaume d’Arabie saoudite et Israël et ne contribuera pas à la reconstruction de Gaza en l’absence d’un plan « réaliste » pour la création d’État palestinien. C’est la réponse ce lundi 22 janvier 2023 du ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan à la question de Fareed Zakaria de CNN. « Êtes-vous en train de dire sans équivoque que s’il n’y a pas de voie crédible et irréversible vers un État palestinien, il n’y aura pas de normalisation des relations entre l’Arabie saoudite et Israël ? » Le ministre des Affaires étrangères saoudien a répondu que « c’est le seul moyen d’obtenir des avantages, donc oui ». Même réponse quant à un éventuel financement par l’Arabie saoudite de la reconstruction de Gaza. « Tant que nous sommes capables de trouver une voie vers une solution, une résolution, une voie qui signifie que nous ne serons plus là dans un an ou deux, alors nous pouvons parler de tout. Mais si nous nous contentons de revenir au statu quo avant le 7 octobre – d’une manière qui nous prépare à un nouveau cycle, comme nous l’avons vu par le passé – nous ne sommes pas intéressés par cette conversation ».
La question d’une normalisation entre le royaume wahhabite et Israël était sur toutes les lèvres depuis l’ère du président Donald Trump qui a réussi convaincre certains Etats arabes à normaliser leurs relations avec « l’entité sioniste ». Riyadh négociait avec l’équipe du président américain, Joe Biden, les détails d’un pacte de sécurité et d’un programme nucléaire, en échange de la reconnaissance de l’Etat hébreu. La déflagration provoquée par l’offensive meurtrière lancée contre Israël par le Hamas, samedi 7 octobre 2023, a enrayé cette dynamique et remis la question palestinienne au premier plan.
Dans ce contexte de chaos provoqué par la destruction systématique de Gaza par Israël dans sa volonté « d’exterminer » le Hamas, rend impossible pour l’instant impossible toute normalisation de l’Arabie saoudite avec l’Etat hébreu.
Les accords d’Abraham signés le 15 septembre 2020 à Washington, ont permis la normalisation des relations diplomatiques entre Israël et les Émirats arabes unis d’une part, et Israël et le Bahreïn d’autre part. Plus tard, Israël va signer avec le Maroc et le Soudan, brisant ainsi le boycott de l’Etat hébreu adopté par la Ligue arabe. La résolution de Khartoum de 1967 établissait ainsi au sein de la Ligue la règle des « trois non » : « Pas de paix avec Israël, pas de reconnaissance d’Israël et pas de négociations avec Israël ».
Le plan de « paix d’initiative arabe » proposé par la Ligue arabe sous l’égide de l’Arabie saoudite et soutenu par l’ONU en 2002 met en avant la solution à deux États, avec la reconnaissance de l’existence mutuelle de l’Autorité palestinienne et de l’État d’Israël.
Cette prise de position commune bute cependant sur la normalisation des rapports entre Israël et l’Égypte en 1978, qui souhaitait reprendre la péninsule du Sinaï, puis entre Israël et la Jordanie en 1994 qui cherchait à garantir la reconnaissance de ses frontières.
Le 9 septembre 1993, le leader de l’OLP (Organisation de la Libération de la Palestine), sous Yasser Arafat, accepte le droit d’Israël à une existence en paix et sécurité ; en contrepartie, le gouvernement israélien, sous Yitzhak Rabin, reconnaît l’OLP comme représentante légitime du peuple palestinien.
Nomel Essis