Du haut de ses 25 printemps, l’ivoirien Cissé Issiaka, a bien le guidon en main. Il s’est, à force de travail, fait un nom dans le milieu du cyclisme en Côte d’Ivoire et incarne aujourd’hui, l’espoir de cette discipline sportive sur le continent noir.
Pourtant rien ne présageait cette belle aventure à Cissé. Issue d’une famille nombreuse et modeste originaire d’Odienné (au Nord de la Côte d’ivoire), Cissé issiaka est contraint, faute de moyens, d’arrêter les études dès son jeune âge, afin de s’adonner un metier d’artisan.
« Après l’arrêt de mes études, je me suis consacré au métier de mécanique automobile. J’ai fait quelques années d’apprentissage, puis j’ai passé un diplôme mécanique», relate le sportif d’1m72.
Le jeune prodige ne se contente pas de rêver à la mécanique et aux bruits des moteurs. Poussé par l’envie d’aller au-delà de ses limites, Il se donne avant tout, les chances de réussir dans une autre discipline.
Dans la ville de Bouaké, qui l’a vu naitre et où il passe son adolescence, il se met en tête l’ambition de devenir un jour un grand du cyclisme. Il fait alors des économies pour s’acheter son premier vélo.
« Je n’ai pas eu la chance des enfants dont les parents achètent des vélos, pour cadeau. C’est grâce à mon travail de mécanique automobile que j’ai fait des économies pour m’offrir un velo. Il me permettait au départ de me balader dans la ville et faire des courses», raconte le cycliste.
Avec le temps, il se découvre une passion avec ce vélo : les acrobaties. Il intègre, à cet effet, l’association des jeunes cascadeurs vélo de la ville de Bouaké (centre ivoirien).
« Lorsque j’ai découvert les acrobates velos, c’est à partir de cet instant que ma passion pour le vélo a pris de l’élan», confie t-il.
Après avoir donné ses premiers coups de pédale, huilé et graissé ses premières chaines dans ce milieu d’amateurs, Cissé Issiaka, quitte l’association grâce à la complicité de coulibaly mamadou, l’encadreur des acrobates, pour celui du tout haut niveau dans l’équipe de la société omnisport de l’armée ivoirienne (SOA) en 2009.
Il organise ses entrainements, apprend petit à petit le métier. Le vélo sur route devient alors son boulot. Sur l’élan de ses belles victoires, au sein de la SOA et grâce à ses atouts physiques et techniques, il finit par intégrer l’équipe nationale ivoirienne de cyclisme.
Cette intégration s’avère avantageux, car Cissé Issiaka s’appuie sur les moyens mis à sa disposition pour mouiller bien le maillot et glaner des lauriers. Depuis 2013, il poursuit sa progression à travers les compétitions, il prend la même année, la septième place de la Tropicale Amissa Bongo, au Gabon. Il remporte par la suite, une étape lors du Grand Prix Chantal Biya, au Cameroun, une étape du Tour du Faso, au Burkina Faso et le classement général du Tour de Côte d’Ivoire. Il remporte aussi la onzième édition du Tour de Madagascar. En 2015, il termine cinquième du Tour du Cameroun puis remporte le classement général du Tour de l’est international.
En 2017, il remporte le 26e tour cycliste du Togo, en s’imposant sur une distance totale de 577.600 km avec un temps de 14 h 31 min 11 sec et une vitesse moyenne de 39.780 km/h.
Depuis le début de sa carrière, Cissé Issiaka a aussi tenté une aventure en Europe. En 2012, il tente sa chance dans l’équipe du Centre mondial du cyclisme à Aigle en Suisse, où il a participé au contre-la-montre masculin des moins de 23 ans lors des championnats du monde. Il part au Tour de l’Avenir en France, une des courses les plus importantes chez les espoirs. En 2015, il fait un bref essai dans le club de SC Nice Jollywear en France.
Les embûches du sportif sont nombreuses.
«Je ne fais rien que du vélo. Malheureusement, je ne suis pas salarié, je vis que de primes, c’est difficile, j’espère que ça va changer. Aussi avec l’âge, je stresse, je suis inquiet », explique t-il, le visage fermé.
Cissé Issiaka garde aussi de mauvais souvenir dans sa carrière. « Quand j’étais en stage à 14 ans, j’ai fait de très bons résultats et après vers 24 ans, j’ai commencé à stresser. En 2015, je n’ai pas beaucoup couru parce que je suis tombé malade, quand j’ai repris en 2016, je me suis dis, il faut y aller, il faut y croire, il faut se battre», raconte t-il avec beaucoup d’amertume.
Pour tenir dans ce vaste environnement de difficultés, Cissé issiaka s’appuie sur le soutien moral de ses coéquipiers en Equipe nationale à l’instar d’Issiaka Fofana, Bassirou Konté…
Il se forge aussi un esprit en copiant le modèle de ces fans à l’international tels que les érythréens Merhawi Kudus et Daniel Teklehaimanot, le premier cycliste noir africain à grimper sur un podium d’étape au tour de France.
« Quand je regarde Daniel Teklehaimanot, qui a été le premier africain a passé professionnel, ça m’a beaucoup fait plaisir. C’est lui que je vise», avoue t-il.
Même s’il reconnait que le vélo lui ouvre certaines portes, il confesse cependant être inquiet pour son avenir vue que le cyclisme en Côte d’Ivoire est loin d’être le sport numéro un.
« Ce n’est pas facile pour moi ici en cote d’ivoire, le vélo ce n’est pas comme en Erythrée ou il est aimé. Ici c’est le football donc j’ai du mal à vraiment être au niveau professionnel. Et puis être professionnel ça demande beaucoup de moyen, moi je n’ai pas ça. Avec l’âge qui s’accroit, je m’inquiète», soupire t-il
Comme perspectives, ce jeune homme célibataire et sans enfants, veut créer une école de vélo
« Si j’arrive à être dans une grande équipe, je pense que je vais mettre des projets en place par exemple, aider les jeunes, mettre en place une école de formation. Et leur dire qu’en Afrique il y a des talents seulement qu’il n y a pas des personnes qui peuvent être à coté pour les aider».
Fulbert YAO