Refuser la création du parti unifié RHDP alors que l’on se proclame houphouëtiste et pactiser avec le FPI qui a le plus combattu Houphouët-Boigny, c’est signer la seconde mort du «Bélier de Yamoussoukro».
Le landerneau politique ivoirien est troublé, ces dernières semaines, par une vague qui fait des flux au sein du parti unifié RHDP. Depuis le lundi 16 juillet – et même bien avant – s’est déclaré, à l’intérieur du Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), un groupe fortement opposé à la création du parti unifié qui doit rassembler tous ceux qui se réclament de la philosophie politique de Félix Houphouët-Boigny, le père de la Côte d’Ivoire moderne. Une philosophie qui a accordé au dialogue, à l’union et à la mise bout à bout des intelligences, des places de choix. Et qui a surtout permis à la Côte d’Ivoire d’engranger de substantiels bénéfices et de remporter des victoires sur divers aspects du développement.
Après quelques années de difficultés, consécutives au décès du président Houphouët-Boigny, la Côte d’Ivoire a entamé un nouveau départ avec l’arrivée aux affaires, d’Alassane Ouattara, dont la candidature, portée par le RHDP – alors groupement politique – a permis de mettre fin au règne des Refondateurs. Pour Alassane Ouattara l’occasion était bonne de remettre au goût du jour la philosophie Houphouëtiste qui a donné, durant le long règne du «Bélier de Yamoussoukro», de si bons résultats.
Si les premières années du RHDP ont enregistré l’enthousiasme que l’on a connu, avec une véritable razzia opérée au cours des différents scrutins électoraux, la mutation du RHDP, de groupement à parti politique légalement constitué fait grincer des dents. Avec d’une part ceux qui sont favorables à cette transformation et ceux qui la combattent de toutes leurs forces. Le nouveau parti unifié a été lancé, lundi 16 juillet, en présence de tous les responsables des partis membres de la coalition. Les délégués de plusieurs partis politiques et des personnalités favorables au nouveau parti unifié en ont adopté «à l’unanimité» les statuts et désigné Alassane Ouattara comme président. Dans une deuxième étape, un «congrès constitutif » entérinera la création du RHDP d’ici à la fin de l’année, selon un responsable. Sauf que depuis, des voix au sein du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) se font entendre pour mettre à mal la cohésion entre les Houphouétistes. A la clôture de l’Assemblée générale constitutive du 16 juillet, Alassane Ouattara rappelait que le moment était favorable pour consacrer l’union entre les Houphouétistes. Toute chose qui, à ses yeux, à valeur d’hommage au premier président de la Côte d’Ivoire moderne. «Il n’y a pas de meilleurs moments pour consacrer cette alliance que maintenant.
La Côte d’Ivoire attend depuis longtemps la consécration de notre alliance : les retrouvailles scellées des enfants d’Houphouët-Boigny. Oui, le RHDP est un hommage au Président Félix Houphouët-Boigny», a exprimé, à l’occasion le patron du RHDP. Et d’ajouter que «le RHDP vise à magnifier le Président Houphouët-Boigny, son œuvre pour la paix et le dialogue». Pour Alassane Ouattara, le Président Houphouët-Boigny a laissé un testament : l’union des fils et filles de notre beau pays qu’il appartient à ces derniers de faire fructifier. «Avec la création du RHDP, nous devenons ainsi, le seul pays dans lequel un parti politique porte le nom du père fondateur, père de l’indépendance. Houphouët-Boigny devient immortel par le RHDP», a énoncé le président Ouattara. C’est contre cette dynamique de rassembler les enfants de Félix Houphouët-Boigny, que certains, au sein même du RHDP s’opposent en continuant de se proclamer Houphouétistes.
Paricide
S’ils ne donnent aucune raison valable qui soutienne leur posture, les anti-RHDP, ont commencé, depuis peu, une danse des sorcières qui les mène, petit à petit dans les bras du Front populaire ivoirien (FPI). Les propos tenus par un cadre du PDCI au meeting organisé ce week-end à Yopougon montre bien que ce parti est prêt au paricide. « Je suis venu vous dire que Bédié vous salue et qu’il n’est plus dans les mensonges. Nous sommes dans une Côte d’Ivoire de mensonges. La paix dans ce pays passe par la libération de Gbagbo. Ne nous mentons pas, la Côte d’Ivoire va mal. Tant que Gbagbo n’est pas libéré, il n’y aura pas de paix dans ce pays. Le PDCI R un devoir moral envers Gbagbo. En 2000 c’est Gbagbo qui a fait revenir Bédié d’exil », a affirmé Gouali Dodo Junior. Puis d’ajouter : « Aujourd’hui le PDCI doit se battre pour faire revenir Gbagbo en Côte d’Ivoire. Je ne suis pas bête pour soutenir ceux qui tuent les ivoiriens. Je vous demande de continuer de lutter et de tenir ferme. Vous avez les salutations de Bédié ; il y a trois jours, j’étais chez lui et nous avons parlé. Bédié s’engage dans la réconciliation. On ne peut pas accepter que certains de nos frères meurt en exil ». Si en politique il est de bonne stratégie de tisser des alliances pour atteindre ses objectifs, celle qui se profile entre le Parti démocratique de Côte d’Ivoire et le Front populaire ivoirien a des relents de contresens. Tout simplement parce que le FPI reste le parti qui a le plus combattu Félix Houphouët-Boigny, allant jusqu’à jeter, au début des années 90 des enfants dans la rue pour le vouer aux gémonies.
Pour sûr, refuser la création du parti unifié RHDP alors que l’on se proclame à tout bout de champ houphouëtiste et pactiser avec le FPI qui a le plus combattu Houphouët-Boigny, c’est signer la seconde mort du «Bélier de Yamoussoukro».
M’Bah Aboubakar