À Abidjan, les préparatifs de la Tabaski (Aid al-Adha) vont bon train. Malheureusement, cette année, la pandémie de la Covid-19 s’est invitée à la fête. Conséquences : les prix des moutons ont flambé, empêchant la plupart des musulmans dont le pouvoir d’achat est en berne de s’acheter un animal aux prix habituels. Reportage
Sur place, les moutons sont parqués dans les enclos. mais les acheteurs se font rares. Du coté des vendeurs, quelques uns se tournent même les pouces, assis ou couchés sous des paillottes dans l’attente d’un éventuel client.
Parmi eux, Confé Idrissa accepte de parler de cette galère. Ses bêtes sont venues du Burkina Faso, mais depuis quatre jours qu’il est à Abidjan avec elles, Il n’a encore rien vendu. Une situation qui le désole.
«ça ne marche pas. Les gens viennent demander les prix et repartent sans acheter », soupire t-il l’air inquiet, sous un soleil de plomb.
Lunette noire, nez et bouche couverts par un cache-nez, Hamed Traoré, la vingtaine révolue, abonde dans le même sens. Pour ce vendeur, les affaires ne tournent pas bien, même si pour le moment, il dit vendre son bétail à un prix relativement bas « comparé à d’autres ».
Sur le marché, les prix des bêtes se négocient en fonction de leurs poids et leurs formes. Elles varient entre 75.000 FCFA et 100.000 fcfa pour les tout petits, plus de 100 à 300.000 pour les moyens et au-delà pour les costaud.
Installé sur une natte sirotant un thé avec des frères, Andy Kongros déplore le caractère intraitable du portefeuille des clients, qui marchandent aussi fortement pour acquérir la marchandise à bas prix.
«Les clients nous expliquent tous leurs problèmes, ce qui n’arrange pas les affaires puisque nous aussi sommes confrontés aux réalités du marché » affirme le vendeur.
Pour tous les commerçants, la pandémie serait la cause de ce bouleversement du marché. «Les clients n’ont pas peur, mais il n y a pas l’argent, à cause de la maladie coronavirus», soutiennent ils.
Une difficulté qui est tout à fait justifiée par Touré Aboubakar, l’un des rares clients rencontrés sur place.
«J’ai fait les différents enclos, c’est relativement cher. Mais c’est le marché, il y a la spéculation et il faut discuter et en discutant, on peut trouver un mouton à son goût », a-t-il confié.
Ouattara Lacinan, un autre acheteur est plutôt catégorique: « franchement, le marché est cher. Or on a tapé 3 mois sans boulot. Ce n’est pas du jeu ».
120.000 bêtes attendues sur le marché ivoirien
Selon le président de la Fédération nationale des coopératives de la filière bétail-viande de cote d’ivoire (FENACOFBVI-CI) Ibrahim Cissé, que nous avons approché, entre 100.000 et 120.000 têtes sont attendues d’ici jeudi à Abidjan, contre 100 à 110.000 têtes l’année dernière.
Il avoue cependant que la pandémie du coronavirus a impacté les importations et entraîné une hausse du prix des bêtes, « Parce que le coût du Transport ainsi que le montant payé aux Bouviers par Camion ont augmenté»
« Cette année, il ya 7 principaux marchés, pour la foire. Les mesures barrières contre la covid 19, y sont respectées. Le District d’Abidjan, le ministère, et la confédération nous ont aidé à avoir les cache-nez et les lave-mains», a-t-il précisé.
Dans cet environnement austère, les choses semblent plutôt bouchées pour les petites activités autour du mouton, qui allègent la tâche des vendeurs.
Les menuisiers, les femmes chargées de la distribution de l’eau pour désaltérer les bêtes. Les vendeurs de cordes, les vendeurs d’herbes, les chargeurs se frottent plutôt les mains, bien que bien que la situation soit conjoncturelle.
Fulbert YAO (herrwall2007@yahoo.fr)