C’est une sortie qui vient clore définitivement le débat. Il n’y aura pas de révision de la liste électorale avant la présidentielle 2025.
Le président de la Commission Électorale Indépendante (CEI), Coulibaly Kuibiert a tranché la question , à l’occasion d’une rencontre avec les représentants des confessions religieuses, toutes obédiences confondues, mercredi 16 avril 2025.
Selon Coulibaly Kuibiert, cette décision est fondée sur des impératifs à la fois juridiques, techniques et pratiques.
Face aux hommes de Dieu, le magistrat a d’abord tenu à rappeler que la CEI a clos le premier cycle électoral en septembre 2023 avec les élections sénatoriales. Ce cycle, entamé en 2020, a donné lieu à plusieurs ateliers d’évaluation. Deux importantes rencontres ont ainsi été organisées, en mai et juin 2021, pour capitaliser les acquis du processus électoral et faire des recommandations.
Parmi celles-ci figurent : La révision de la liste électorale tous les deux ans, y compris en année électorale ; L’amélioration du mécanisme de parrainage citoyen pour les candidatures à l’élection présidentielle.
Ces recommandations ont été actées par les partis politiques, puis traduites en actions concrètes par la CEI. C’est ainsi qu’un chronogramme de la RLE 2024-2025 a été élaboré, avec un enrôlement prévu entre juillet 2024 et mars 2025. L’objectif : disposer d’une Liste Électorale Définitive (LED) dès le mois de juin 2025, soit trois mois avant l’ouverture de la période de dépôt des candidatures.
Cependant, à la demande expresse des partis politiques, notamment de l’opposition, la période de RLE a finalement été décalée à octobre 2024.
La CEI a ainsi mené, du 19 octobre au 17 novembre 2024 (avec une prolongation d’une semaine), une vaste campagne d’enrôlement. À cette occasion, elle a même élargi l’électorat en acceptant les jeunes atteignant la majorité au 1er mars 2025. Ce processus, aujourd’hui achevé, est actuellement en phase de traitement des données en vue de produire une liste électorale provisoire.
C’est dans ce contexte que certains partis politiques ont réclamé une nouvelle période d’enrôlement. Kuibiert qualifie cette réclamation d’irréaliste.
Le président de la CEI a souligné, en effetplusieurs contraintes d’ordre légal. D’abord, l’article 55 de la Constitution impose la tenue du premier tour de la présidentielle le dernier samedi d’octobre, soit le 25 octobre 2025.
Ensuite, l’article 11 du Code électoral exige la publication de la liste électorale provisoire au plus tard trois mois avant l’élection, donc avant le 25 juillet 2025.
Enfin, l’article 52 fixe la clôture du dépôt des candidatures 60 jours avant le scrutin, avec, pour condition, la présentation de parrainages valides. Pour cela, les candidats doivent disposer d’une liste électorale définitive à jour pour collecter leurs soutiens, comme l’exige l’article 51 du Code électoral.
D’un point de vue opérationnel, une nouvelle RLE supposerait, selon le président de la CEI, la mise en place d’un dispositif lourd : recrutement d’agents, déploiement logistique, collecte et traitement de nouvelles données, gestion du contentieux, etc.
Ces étapes, longues et complexes, rendraient improbable la publication d’une liste électorale provisoire dans les délais légaux, sans parler de la version définitive attendue pour juin 2025. Ce retard compromettrait directement la préparation des dossiers de candidature.
Kuibiert a rappelé à ce sujet les événements de 2020, lorsque des candidatures ont été rejetées du fait de l’invalidation de certains parrainages extraits d’une liste provisoire.
Face à la persistance des critiques, le président de la CEI n’a pas mâché ses mots : « Le chronogramme exécuté aujourd’hui a été établi en toute transparence et validé par les partis politiques, y compris ceux qui le contestent aujourd’hui. »
Il a également insisté sur l’importance de respecter les délais constitutionnels dans une démocratie en construction, où les règles doivent être claires et stables.
Toutefois, sans exclure une révision de la liste électorale en 2025, la CEI envisage cette possibilité après l’élection présidentielle, conformément à l’article 11 du Code électoral, qui précise que la période d’établissement de la liste est fixée par décret, sur proposition de la CEI.
Fulbert Yao