Le président français Emmanuel Macron l’a annoncé il y a quelques jours : l’opération Barkhane, engagée au Sahel depuis 2014 va prendre fin dans les prochaines semaines, sans que la France ait «terminé le travail» au Tchad, au Mali, au Niger, au Burkina Faso et en Mauritanie, où quelques 5100 soldats sont déployés.
Les groupes terroristes continuent, en effet, de sévir notamment au Mali, au Burkina Faso et au Niger avec une nouvelle ouverture, tout récemment, dans le nord de la Côte d’Ivoire.
La présence française au Sahel, initialement motivée par les menaces qui pesaient dès 2012 sur le pouvoir malien, sous pression d’opposants issus de groupes rebelles, a également permis à Paris de poursuivre un objectif de sécurisation des ressources minières dans le grand Sahara africain, surtout l’uranium.
En 2013 déjà, le militant antinucléaire Stéphane Lhomme écrivait dans les colonnes de l’Obs qu’en « réalité, il s’agit de sécuriser l’approvisionnement des centrales nucléaires françaises en uranium : ce dernier est en effet extrait dans les mines du nord du Niger, zone désertique seulement séparée du Mali par une ligne sur les cartes géographiques ».
Concrètement, la superficie des pays composant la zone d’intervention de la force Barkhane au Sahel s’élève à plus de 5 millions de kilomètres carrés, pour 80 millions d’habitants, un volume pour lequel l’opération, forte de ses 5 100 soldats apparaît quelque peu sous-calibrée.
L’annonce du retrait de Barkhane intervient alors que, début juin, la France a décidé de « suspendre les opérations militaires conjointes avec les forces maliennes au lendemain de la nomination, par le nouveau président de la transition, Assimi Goïta, d’un nouveau Premier ministre en la personne de Choguel Maiga, issu du M5-RFP, une coalition de partis et d’organisations ayant appelé au départ de l’ancien président malien Ibrahim Boubaker Keita, mais aussi de son partenaire de choix, la France.
Le 8 juin, la France suspendait également sa coopération militaire et son aide budgétaire à la Centrafrique, qu’elle accuse de se livrer à une campagne anti-française sur fond d’influence russe.
Dès avril, pourtant, Emmanuel Macron s’était placé dans une situation délicate en adoubant la prise de pouvoir au Tchad, par le fils du défunt président Idriss Déby.
Autant de signes précurseurs qui laissaient présager un repli de l’influence française en Afrique subsaharienne et une certaine mise en difficulté de Barkhane.
Pour rappel, dès août 2014, l’opération Barkhane est venue remplacer Serval, lancée en 2013 au Sahel.
Dans un premier temps, c’étaient 3 000 militaires déployés par Paris, avant que le ministère de la Défense n’annonce, en 2018, l’augmentation de leur nombre à 4 500.
En février 2020, le ministère des Armées a ensuite acté une augmentation de 600 effectifs, passant ainsi le nombre de soldats affectés à l’opération Barkhane à 5 100.
Mais en dépit de l’objectif de lutter contre le terrorisme, la France est confrontée à des événements qui lui coûtent très cher dans l’opinion publique, tant dans l’Hexagone que dans certains pays du Sahel où la présence française est fréquemment contestée.
Si plus d’une cinquantaine de soldats ont perdu la vie sur zone depuis le début de l’opération, chaque perte militaire fait naître de nombreux questionnements politiques.
L’accident entre deux hélicoptères militaires français qui a coûté la vie à 13 soldats en novembre 2019, reste sans conteste le plus marquant.
Le drame avait suscité les doutes d’une bonne partie de la classe politique française quant au maintien des troupes au Sahel.
Mais un scandale de taille est venu ébranler l’image de l’engagement en Afrique.
Début janvier dernier, les militaires de Barkhane ont bombardé un mariage, tuant au moins 19 civils près du village de Bounti au centre du Mali.
Agence Anadolu