C’est un discours empreint de reconnaissance, d’engagement et d’histoire que la nouvelle présidente du sénat Kandia Camara a livré ce jeudi, lors de sa séance inaugurale à Yamoussoukro, en présence du vice président Tiémoko Meyliet Koné et de plusieurs personnalités.
D’entrée Kandia Camara a dédié sa victoire au président Alassane Ouattara, exprimant sa gratitude pour son soutien et sa bienveillance.
La nouvelle présidente du Sénat a exprimé son engagement à être une présidente de chambre qui rassemble et respecte les droits et libertés de chaque groupe parlementaire. Pour elle, cette élection est un sacerdoce, une mission sacrée qu’elle entreprendra avec détermination.
« Cette élection à la présidence du Sénat m’honore et m’oblige d’autant plus que, par votre choix, j’ai l’insigne honneur d’être la première femme à présider une chambre du Parlement dans l’histoire de notre pays. Je m’efforcerai donc d’être une présidente de chambre qui rassemble, respectueuse des droits et libertés de chaque groupe parlementaire. C’est pourquoi, je perçois mon élection à la tête de notre Institution comme un sacerdoce. », a-t-elle déclaré.
Kandia Camara a également assuré son attachement aux institutions de la 3ème République et au bicamérisme, qui permet, selon elle « au Sénat de jouer son rôle de tempérance dans le fonctionnement des Institutions de la République, en assumant sa responsabilité constitutionnelle spécifique de représentation des collectivités territoriales ainsi que de nos concitoyens établis à l’étranger. »
« Nous sommes les représentants de la Côte d’Ivoire de la proximité et du concret. Et c’est pour cette raison que je vous réaffirme mon engagement total à relever, avec vous, l’ensemble des défis auxquels notre chambre aura à faire face dès à présent. », a-t-elle indiqué.
La présidente du sénat, a annoncé par ailleurs qu’elle entamera « sans délai, des consultations auprès des Présidents de groupes parlementaires, des responsables de formations politiques représentées au Sénat ou des Sénateurs qui ne figurent sur la liste d’aucun groupe parlementaire.
« Dès que ces étapes auront été franchies, nous entamerons nos travaux législatifs par la révision de notre Règlement en vue de l’adapter aux exigences nouvelles du travail parlementaire. Ces exigences sont induites d’abord, de l’adoption de la loi n°2022-966 du 14 décembre 2022 sur l’évaluation des politiques publiques, qui prescrit l’institution au sein des chambres parlementaires d’une Commission permanente chargée de l’évaluation des politiques publiques. Les modifications de notre Règlement sont également rendues inéluctables par la récente révision de la Constitution de 2016 portant notamment sur l’extension du droit d’amendement au Président de la République et l’instauration de deux sessions ordinaires dans l’année. », a-t-elle dit .
comme perspectives, Kandia a souligné qu’au cours de la législature 2023-2028, la représentation nationale entend poursuivre avec la même détermination et le même engagement l’ensemble des chantiers déjà entamés.
Les Sénateurs s’attèleront, selon elle, dans les toutes prochaines semaines, à adopter le cadre général de notre action pour les années à venir, par l’adoption du plan stratégique 2023-2027. Le Sénat veillera également à renforcer sa coopération avec le Sénat français et à entamer des coopérations avec d’autres Assemblées parlementaires de pays comme le Canada, le Brésil, le Mexique et Singapour.
Sur le plan législatif, outre le projet de loi de finances rectificative pour l’année 2023, le projet de loi de règlement pour l’année 2022 et le projet de loi de finances portant Budget de l’Etat pour l’année 2024, le senat aura à examiner treize autres projets de loi dont elle a été saisie au cours de la première session ordinaire, au nombre desquels l’on peut citer le projet de loi portant Statut du Corps Diplomatique, le projet de loi portant Statut général de la Fonction Publique, le projet de loi d’orientation relatif à la Jeunesse ou le projet de loi portant promotion des startups numériques.
A noter que le parcours professionnel et politique de Kandia Kamissoko Camara est impressionnant. Elle a été conseillère spéciale du Premier Ministre du Gouvernement de réconciliation nationale et de transition en 2003, occupant ce poste jusqu’en 2010. En 2011, elle est devenue ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle, un rôle qu’elle a occupé jusqu’au 6 avril 2021, date à laquelle elle a été nommée ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et de la Diaspora.
Membre du Bureau politique du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), elle a également été confirmée en tant que maire de la commune d’Abobo après l’élection municipale de septembre 2023, un poste qu’elle occupait depuis juillet 2021, en remplacement de feu Hamed Bakayoko. Depuis 2011, elle est députée de ladite commune.
Outre sa carrière politique, Kandia Kamissoko Camara est une ancienne sportive de haut niveau, née le 17 juin 1959 à Abidjan. Son élection à la présidence du Sénat marque un tournant historique pour la politique ivoirienne, renforçant l’importance de la représentation féminine dans les plus hautes instances du pays.
Fulbert Yao