Entrée officiellement en vigueur, depuis dimanche, le nouveau plan national de numérotation suscite déjà de vives réactions et un début de polémique. Beaucoup d’abonnés ne savent plus à quel saint se vouer.
Les premières 48 heures du basculement des numéros téléphoniques de 8 à 10 chiffres laissent déjà un arrière-goût amer aux abonnés. Les plaintes vis-à-vis de l’application dénommée « PNN Artci » élaborée par l’Autorité de régulation des Télécommunications/TIC de Côte d’Ivoire (Artci) fusent de partout, surtout sur la toile. Mélange du répertoire, redirections d’appels, disparition de messageries, interférences, perte de plusieurs contacts… Ce sont autant d’anomalies qui tendent à remettre en cause l’application mise à la disposition des usagers disposant de Smartphones.
Soucieuse du respect des dispositions réglementaires en matière de protection des données à caractère personnel et de sécurité des réseaux, le régulateur a même barré la route aux jeunes start-ups développeurs d’applications. « Il nous revient de manière récurrente que des applications téléchargeables sont mises à la disposition du public pour faciliter la conversion des numéros téléphoniques nationaux à huit chiffres contenus dans les Smartphones au format de numéros téléphoniques à dix chiffres qui entrera en vigueur à partir du 31 janvier 2021 à zéro heure. L’Artci rappelle aux développeurs de telles applications que les dispositions légales relatives à la protection des données à caractère personnel, à la sécurité numérique ainsi que les principes du nouveau plan de numérotation à dix chiffres doivent être strictement respectés lors de leur conception (…) Par ailleurs, l’Artci rassure les usagers des services de télécommunication qu’elle mettra à leur portée, une application prenant en compte les dispositions et principes sus-évoqués. Cependant, l’Artci précise qu’à ce jour, elle n’a mandaté aucune entreprise pour agir en son nom en ce qui concerne de telles applications, en dehors des opérateurs de téléphonie qui le font pour leurs propres abonnés », pouvait-on lire sur le site Web de la structure.
Mais de nombreux abonnés ont fait la sourde oreille, préférant se diriger, à leurs risques et périls, vers les logiciels comme « 8 à 10 » ou « Contacts-CI » du développeur d’application Animan Régis, qui fait l’unanimité sur la toile.
Le communiqué a été publié, le mercredi 13 janvier. Soit dix-sept jours avant l’entrée en vigueur de l’opération. En effet, cette grogne généralisée aurait pu être évitée si la structure dirigée par Bilé Diéméléou choisissait le meilleur timing pour lancer son application téléchargeable depuis la page web pnn.artci.ci et les stores (androïde et iOS). Celle-ci a été lancée sans test grandeur nature en vue de pallier d’éventuels problèmes. France Télécom l’a réussi pourtant en 1996, lorsque la numérotation téléphonique à dix chiffres a été mise en œuvre le 18 octobre 1996 pour 32 millions d’abonnés en Hexagone. Pour assurer ce basculement sur l’ensemble du réseau français, la structure a mobilisé des moyens considérables, procédant à 100 000 essais en cinq vagues successives.
Cette perturbation du réseau téléphonique lors du passage à un nouveau plan de numérotation à 10 chiffres a même poussé la Compagnie ivoirienne d’électricité (Cie) à suspendre les services de paiement de facture et rechargement d’énergie via Mobile Money et les distributeurs agréés et s’excuser pour les éventuelles désagréments. Pour l’heure, les trois sociétés de téléphonie mobile communiquent à leurs abonnés qui ne sont pas détenteurs de Smartphones, en leur proposant des solutions e-sms pour faciliter la migration de leur numéro.
Mais le mal est déjà fait. Il appartient à l’Artci de mettre fin à un imbroglio total qui risque de faire l’affaire des arnaqueurs.
Isaac Krouman