Dans une publication sur son réseau social, le cadre du Front populaire ivoirien Jean Bonin, donne les faiblesses d’Henri Konan, probable candidat du PDCI-RDA, à l’élection présidentielle de 2020 .
« Faiblesses :
1 – l’âge du candidat
En octobre 2020, Bedié, qui ne cache plus ses velléités de revanche, aura allègrement passé les 86 ans. À un tel âge l’on est physiquement et mentalement diminué. Or une campagne est une épreuve d’endurance, un marathon, qui nécessite que le candidat parcours pratiquement tous le pays pour porter LUI-MÊME son message aux populations, ce qui est quasiment impossible à 86 ans.
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2 – le manque de crédibilité sur les « attaques » envers le pouvoir.
Le PDCI était jusqu’en août 2018 membre du RHDP. À ce titre il a cogéré le pays avec le RDR. Ahoussou Jeannot a été premier ministre, Charles Koffi Diby et avant lui Zadi Kessy a présidé le Conseil Economique et Social. De nombreux cadres, dont Kablan Duncan, Achi Patrick et Niamien Ngoran ont occupé de très hauts postes au sein de l’appareil étatique au nom du PDCI. Le PDCI est donc solidaire et coresponsable des succès mais aussi des échecs du RHDP. Le nier ne saurait être pris au sérieux étant entendu que les « goudrons biodégradables du Rhdp n’ont pas commencé à être réalisés après la rupture entre le PDCI et le RDR.
3 – la quasi inexistence au Nord.
Le PDCI a perdu pratiquement tous ses ex bastions au nord, zone où avant l’avènement du RHDP il régnait en maître absolu. À moins d’un an de la présidentielle il lui sera difficile d’opérer une percée avec les discours pseudos xénophobes, ivoiritaires et exclusionnistes qu’il tient depuis un moment pour essayer de séduire l’électorat GOR.
4 – l’absence de démocratie interne
Le déficit de démocratie interne et l’absence d’une culture du débat contradictoire donne du PDCI l’image d’un parti autocratique où son président décide seul et pour tous, sans qu’aucune contestation ne soit acceptée. Djedje Mady, Yasmine Ouegnin et KKB en savent quelque chose.
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5 – une image vieillissante
Le PDCI traîne comme un boulet cette image de parti politique des vieux. Il faut dire que les jeunes qui tentent d’émerger sont tout de suite étouffés, à l’instar notamment de KKB ou de Yasmine. Les autres jeunes, comme Billon ou Thierry Tanoh, sont condamnés à prier en vue d’espérer recevoir une (improbable) onction de Bedié qui leur permettrait d’exister politiquement, incapables qu’ils sont d’assumer leur propre destin. Le PDCI n’est clairement pas le choix de la majorité des jeunes ivoiriens.
6 – la saignée opérée dans ses rangs
C’est un secret de polichinelle, pratiquement toutes les forces vives du PDCI ont tourné casaque en choisissant de rester ou de rejoindre le RHDP. Or, l’influence d’un cadre dans une région donnée n’est pas un facteur négligeable. Dans des régions comme l’Agneby Tiassa ou le Nzi, le PDCI n’a presque plus de hauts cadres, voire d’élus. Cela va nécessairement poser problème car contrairement à ce qui est dit ça et là un cadre n’est jamais seul et ne part jamais seul.
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7 – un candidat Baoulé
Bedié a clairement exprimé son intention d’être candidat en 2020, après Houphouët-Boigny, un autre Baoulé. Même si pour le moment la fronde interne est inaudible elle n’en reste pas moins réelle sur cette question tribale. Le PDCI qui se targue d’avoir une assise nationale ne peut-il pas gagner une élection présidentielle sans présenter un candidat Baoulé ? À croire que les autres ethnies sont au PDCI pour uniquement accompagner les Baoulés vers la présidence.
8 – les relations internationales
La Côte d’Ivoire est un enjeu géopolitique pour de nombreux États occidentaux et asiatiques. Dès lors, l’élection présidentielle dans un tel pays ne peut laisser indifférentes les grandes nations. Bedié semble être très démuni de ce point de vue et son discours ultra nationaliste actuel n’est pas fait pour arranger les choses. L’estocade pourrait donc venir de son manque de positionnement à l’international.
9 – le manque de confiance en soi
Le PDCI s’accroche au GOR comme un noyé s’accroche à une bouée de sauvetage. Or, les GOR sont imprévisibles, avec eux rien n’est acquis d’avance tant, comme des mercenaires, ils naviguent sans boussole ni repères. Compter sur un tel partenaire, volatile et inconstant, est une erreur qui pourrait coûter très chère au PDCI qui n’a peut-être pas encore compris le sens du « en politique il n’y a pas d’alliance contre nature » du référent politique des GOR. Il risque de l’apprendre (trop tard) à ses dépens comme KKB, Banny et Essi Amara l’ont chacun expérimentés en 2015.
10 – Absence d’un programme de gouvernement
Il est difficile de comprendre qu’à 1 an de la présidentielle de 2020 un parti comme le PDCI, qui a gouverné durant de longues années la Côte d’Ivoire, ne dispose pas encore d’un programme de gouvernement. Il ne peut donc communiquer sur une quelconque nouvelle offre politique de développement du pays. Surfer uniquement sur la question de l’orpaillage clandestin ou des étrangers ne suffira pas à séduire une majorité de l’électorat ivoirien. »
Jean Bonin »