Aujourd’hui, 12 avril 2021, cela fait 10 ANS, que jonchant les corps de certains de mes compatriotes, dans le bruit assourdissant des bombardements des hélicoptères et du crépitement des armes de guerres, j’ai pris le chemin de l’exil.
Décider d’y aller pour sauver ma vie et celle des miens. Accepter d’y aller, même dans le dénuement total (juste un jeans et un tee-shirt) pour espérer voir l’horizon d’un lendemain. Contraint d’embarquer sur une pirogue, slamant et taguant, le regard figé, les souvenirs en feu … l’horizon incertain et des questionnements pleins la tête.
10 ans aujourd’hui, que j’ai quitté les miens, poursuivi par la mort et décidé à vivre. 10 ans d’émotions – 10 ans d’épreuves – 10 ans de combat pour un idéal – 10 ans de combat pour la vie, parsemés d’obstacles mais aussi de victoires aussi bien politiques que professionnelles.
10 ans après, je n’ai qu’une seule envie : m’incliner devant la mémoire de toutes les victimes des crises ivoiriennes quel que soit leur bord politique et rendre gloire à DIEU pour ma vie – pour le souffle de vie – la santé. Le temps de reconnaitre, en toute humilité, que ces 10 années ont été une école : celle de la vie et celle de la politique. De l’incertitude et du désespoir ont jailli l’espoir et la certitude.
Dans un tel contexte et en de telles circonstances, je me dois de me soumettre à une obligation sacrosainte de reconnaissance en disant MERCI :
– MERCI à ma famille biologique pour leur soutien indéfectible ;
– MERCI à ma famille politique pour leur abnégation au couronnement du succès de notre combat ;
– MERCI aux ivoiriens et africains de la Diaspora avec qui nous avons mené le combat de la libération totale du président Laurent GBAGBO. A ceux-là, le temps viendra où par devoir de conscience et de reconnaissance, je rendrais témoignage de toutes ces personnes, sans qui, je n’aurais pas pu tenir durant ces longues dix années.
Ce jour du 12 Avril 2021, en écrivant ce texte, j’ai une pensée pour ceux des nôtres, encore à cette heure, qui croupissent dans les geôles de la Côte d’Ivoire. Ma joie aurait été totale si à l’issue de ces 10 ans d’exil, à l’instar de la libération du Président Laurent GBAGBO, notre combat avait aussi abouti à la libération de tous les prisonniers politiques des crises post-électorales de 2010 et pré-électorales de 2020. L’occasion pour en appeler aux autorités ivoiriennes afin qu’elles aillent encore plus loin, de la bonne intention exprimée sur le retour du Président Laurent GBAGBO en Côte d’Ivoire, pour libérer tous les prisonniers politiques afin de nous permettre de tourner définitivement cette page sombre de notre pays. Il est temps que, main dans la main, nous puissions ensemble bâtir une nation ivoirienne soudée et réconciliée.
La fin d’un exil dépend de plusieurs paramètres entre autres l’appréciation objective de l’exilé des circonstances qui ont conduit à son exil afin d’y mettre fin ou non.
Aujourd’hui, 12 AVRIL 2021, je voudrais vous annoncer que j’ai décidé de mettre fin à mon exil politique. 10 ans après, j’ai décidé de rentrer dans mon pays pour prendre ma place dans l’Opposition constructive, dans l’Opposition avec force de proposition pour le développement de notre pays, la Côte d’Ivoire. Dans les jours à venir, je verrai avec ma famille biologique, ma famille politique et les autorités ivoiriennes, des dispositions pratiques à prendre pour mon retour en Côte d’Ivoire, sur la terre de mes ancêtres.
Merci mon DIEU pour ces 10 ans d’exil et Merci mon DIEU pour mon retour en Côte d’Ivoire.
Stéphane Kipré