Après s’être incliné sur la tombe de sa génitrice, à Blouzon dimanche 27 juin 2021, Laurent Gbagbo a présenté jeudi ses condoléances à la famille de feu Sangaré Abou Drahamane. L’ex 1er vice-président du Fpi décédé le 3 novembre 2018.
Ibrahim Sangaré, le frère ainé du défunt, est intervenu au nom de la famille Sangaré en ces mots. «Nous sommes honorés pour cette visite. Après Blouzon et Maman, vous êtes ce matin chez votre frère pour nous saluer. En tout cas merci au nom de toute la famille. Au cours d’une causerie, notre petite fille, la fille de Madjarata, m’a dit que c’est vrai que papa ne vous a pas laissé de biens, mais il vous a laissé un nom. C’est là que j’ai compris que moi-même je bénéficie aussi de ce privilège. C’est vraiment grâce à mon frère que je suis connu. Mais ce que je voudrais dire, M. le Président, c’est grâce à vous que tout le monde nous connait. En tout cas, merci beaucoup pour tout. Merci pour cette ce geste. En tout cas vous avez fait acte de bravoure. Et aujourd’hui, ce n’est pas la Côte d’Ivoire seule, ce n’est pas l’Afrique seule, c’est le monde entier qui vous rend hommage. Parce que vous avez fait acte de bravoure. Et vous voilà revenu saint et sauve. Il faut rendre gloire à Dieu…».
Intervenant en dernière position, Laurent Gbagbo est revenu un peu sur des faits qui ont marqué son histoire avec le défunt.
Cela après avoir officiellement présenté ses condoléances à la famille.
«Merci à tout le monde. Merci surtout à Sékou Touré. Je l’ai connu en 1990. Quand on allait à Abobo, les gens nous regardaient un peu bizarrement. C’est lui qui a été le premier à nous accueillir, à nous soutenir. Depuis lors, on marche ensemble. C’est grâce à lui que beaucoup de musulmans sont venus au Fpi. Merci Sékou pour tout ce que tu fais pour nous. (…). Quand je suis allé à Gbéléban, Touba, Madinani, c’est avec Sangaré que j’ai fait ses tournées. Quand on a fini cette visite-là, pour les autres localités, j’ai demandé à Sangaré de rester à Abidjan pour surveiller le parti. Comme s’il m’arrive quelque chose là-bas, il puisse prendre le relai. (…). Donc je suis venu pleurer Sangaré. Aujourd’hui on ne pleure pas. Parce qu’n a beaucoup pleuré. J’étais au téléphone avec Gnagne Adou qui suivait Sangaré. je lui ai demandé, ‘’Gnagne comment ça va ? Est-ce que vous avez trouvé les moyens pour l’envoyer en Tunisie ?’’ Il m’a dit ‘’Président on cherche’’. Et c’est pendant qu’il me disait on cherche, que quelqu’un est venu lui dire que Sangaré est mort. Mais il ne sait pas comme me dire ça. Et je lui dis mais Gnagne ‘’j’ai compris ce qu’on t’a dit’’. Ce qui me choque, c’st que c’est que c’est lui qui a enterré ma mère. Et je ne l’ai lui ai même pas dis merci et il est mort. En fin, je tenais à vous présenter mes condoléances. Je suis heureux d’être là, mais je suis triste de ne pas trouvé Sangaré. Avec Sangaré on a fait beaucoup de choses ensemble. Quand je suis arrivé d’exil, tous les soirs je venais ici chez lui et on causait de tout. C’était encore le parti unique hein. Il y en qui parle, mais ils ne savent pas d’où on vient ! On se retrouvait et on causait. Or on nous surveillait (le régime d’alors). Un matin, je me réveille, ma maison est encerclée. On m’envoie à la présidence. Et je trouve Sangaré là-bas. On était déjà venu le prendre. Je ne le savais pas. Depuis ce jour-là, selon moi, que le Fpi est devenu légal. Parce que quand on est sorti de là-bas, je n’avais plus peur que quelque chose. Parce que je me suis rendu compte que Houphouët sait qu’on fait des réunions contre lui, on va avoir peur de quoi alors ? Parfois je me réveille je trouve des policiers dans mon jardin cachés dans les fleures. Un jour, j’ai failli faire pipi sur la tête d’un policier. Je sors, je veux faire pipi, et je vois un policier sortir des fleurs pour ne pas que je fasse ça sur lui. On a donc traversé vraiment des moments. En 2000, je dormais à mon Qg de campagne parce que les soirs j’avais peur d’aller à la maison pour ne pas qu’on m’agresse en route. Et quand on a gagné, je suis entré dans les toilettes. J’ai appelé Sangaré. Quand il est venu, il est entré et j’ai fermé la porte. Je lui ai dis ‘’Sang, on a gagné, prend en même temps le poste de Premier ministre. Il a refusé. Si c’était aujourd’hui, les gens allaient sauter sur l’occasion. Il y a les jeunes cadres technocrates qui sont là, il faut prendre parmi eux. Le connaissant je savais qu’il allait refuser. Parce que je le connais. Mais il fallait que je lui fasse quand même la proposition. Je lui ai donc dit ‘’tu vois qui’’ ? Il me dit ‘’il y a Mamadou Coulibaly et Affi. Je lui dis ‘’tu propose qui entre les deux’’ ? Et il me dit ‘’Affi a été ton directeur de cabinet, ton directeur de campagne. Il connait bien ta vision, tes idées. Mieux vaut que tu le prennes’’. Je lui ai dis que si on rentre dans la salle, il faut lui annoncer ça toi-même. Quand nous sommes allées dans la sale, il a annoncé cela à Affi. Et Affi s’est mis à pleurer à chaude larme comme si on lui avait annoncé un deuil. Il dit ‘’pourquoi moi’’. Je lui ai dis ‘’lève toi, va t’habiller et va trouver Seydou Diarra vous allez faire la passation de charges. C’est donc Sangaré qui a désigné Affi comme mon Premier ministre. Je suis très fier de Sangaré. Sa mort me rend triste…», s’est exprimé le compagnon de Sangaré.
Fulbert YAO