De passage en Côte d’Ivoire lors du 27e congrès de l’UPU, le Ministre de la Communication et des Techniques de l’Information de l’Etat de Palestine s’est prononcé sur l’actualité politique.
Vous avez participé au 27ème congrès de l’Union postale universelle (UPU). Que gagne la Palestine en participant à cette rencontre ?
Nous avons décidé de participer à ce congrès pour deux raisons. Premièrement, il est organisé en Afrique en particulier en Côte d’Ivoire. Secundo, ce congrès est historique et nous espérons que les décisions qui y seront prises seront à la hauteur de la parfaite organisation faite par la Côte d’Ivoire. Nous avons décidé de représenter l’Etat de la Palestine au niveau ministériel parce que nous croyons que les relations entre la Côte d’Ivoire et la Palestine peuvent être davantage renforcées à travers notre présence à ce congrès. Notre participation est très importante, car nous avons fait beaucoup de rencontres, que ce soit avec les délégations des pays arabes ou celles des pays africains ou d’autres venues des autres continents. Ces rencontres ont ouvert des portes à une coopération entre les différentes délégations ; en outre nous estimons que la Palestine doit être présente partout où cela est nécessaire, une manière pour nous de faire entendre la voix de la Palestine dans le monde.
Vous avez rencontré le ministre ivoirien de l’Economie numérique, des Télécommunications et de l’Innovation, Roger Adom. De quoi avez-vous parlé concrètement ?
Au cours de cette audience qui s’est déroulée ce jeudi 12 août 2021, nous avons abordé plusieurs sujets parmi lesquels figure un projet de mémorandum d’accord entre la Côte d’Ivoire et l’Etat de la Palestine afin de renforcer la coopération entre les deux Etats frères. Nous avons aussi abordé plusieurs sujets en ce qui concerne le secteur postal et nous avons demandé qu’il y ait des projets de coopération entre les deux ministères à travers l’Agence palestinienne de coopération internationale. Nous avons également invité le ministre Roger Adom à visiter la Palestine à la date qui lui convient ; il sera le bienvenu chez nous. Nous avons remercié son Excellence Monsieur le Président Alassane Ouattara pour les positions de principe qu’il a toujours adoptées en faveur de la cause palestinienne et le vote de la Côte d’Ivoire en faveur des décisions qui concernent la Palestine. Nous avons estimé le désir de présenter notre candidature pour que la Palestine devienne membre à part entière à l’UPU en 2023. Nous avons demandé le soutien de la Côte d’Ivoire concernant cette candidature.
Quelles sont les assurances qui vous ont été données par les autorités ivoiriennes concernant cette candidature ?
Il est très tôt pour en parler mais nous souhaitions que la Côte d’Ivoire vote en faveur de la Palestine en 2023.
Comment se porte la poste en Palestine ?
Nous sommes fiers des améliorations que nous avons pu apporter aux services postaux ; la qualité de nos services s’est nettement améliorée. Nous avons augmenté le nombre des bureaux postaux de 10% et nous sommes en train de former des employés. La Palestine qui occupait la 23ème position parmi les pays arabes pour la qualité des services postaux, est située aujourd’hui parmi les 11 premiers. Nous souhaitons améliorer davantage les services postaux et toutes les activités liées à ce secteur. Nous avons pu régler beaucoup de problèmes parce que nous avons suivi une politique qui compte sur la jeunesse et la femme. Nous avons l’année dernière initié le travail avec les codes postaux palestiniens. Cela a été publié par l’UPU dans tous les pays et ces codes ont été adoptés dans le monde.
Quand on connait la situation des territoires palestiniens avec des parties occupées par Israël, quelles sont les difficultés rencontrées pour faire fonctionner les services postaux ?
On rencontrait beaucoup de difficultés que nous avons pu régler avec le temps grâce à notre insistance et au professionnalisme des agents. Aujourd’hui, les services postaux sont assez bien régularisés et ainsi que les correspondances en Palestine. Nous avons deux blocs à l’aéroport Ben Gourion et à Amman en Jordanie. Nous espérons éloigner ces services de la politique parce qu’elle peut leur porter préjudices. En les éloignant de la politique, nous espérons diminuer la souffrance des citoyens palestiniens et garder le caractère commercial de ces services.
Partout dans le monde, la poste est en difficulté. Quelles sont les actions menées en Palestine pour moderniser ce secteur ?
Il y a une reprise en ce qui concerne les correspondances en Palestine, mais l’avenir du secteur repose sur la digitalisation de toutes les activités, notamment les colis, les courriers, ect. C’est clair qu’on ne peut plus envoyer les lettres, parce qu’ il existe maintenant le courriel. Il y a aussi ce qu’on appelle la banque postale qui nous a permis d’envoyer de l’argent à certains secteurs marginalisés en Palestine.
Les élections législatives prévues en mai 2021 ont été repoussées à une date ultérieure sur décision du Président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. A quand ces élections qui devaient sceller l’entente entre le Fatah et le Hamas ?
Ces élections législatives sont liées à plusieurs facteurs, notamment les facteurs intérieurs et ceux liés à l’occupation israélienne. Ces élections ont été reportées parce que les israéliens ont refusé qu’elles se tiennent à Jérusalem. Beaucoup de pays Européens ont promis exercer des pressions sur Israël pour que les citoyens de Jérusalem puissent voter, mais ces promesses n’ont pas été tenues. Cette décision de report des élections législatives a été très difficile à prendre parce que nous avons toujours souhaité que les populations puissent exercer leur droit démocratique de désigner les leaders de leur choix. Voter est un droit pour chaque citoyen palestinien et nous voulons aussi voir de nouveaux visages dans le paysage politique à l’issue de ce vote. Il y a aussi le problème de la bande de Gaza contrôlée par le Hamas et cela rend difficile l’organisation de ces élections législatives. A cela aussi, il faut ajouter l’occupation du territoire Palestinien par Israël. Ces élections auront lieu tôt ou tard.
Plusieurs pays arabe, notamment le Maroc, les Emirats Arabes Unis, le Bahreïn, le Soudan, ….ont établi des relations diplomatiques avec Israël. Peut-on donc dire que les pays arabes ont arrêté de soutenir la cause palestinienne?
Ces pays ne disent pas qu’ils ont abandonné la cause palestinienne, mais ils ont contrarié le consensus Arabe en précipitant les choses, en établissant des relations diplomatiques avec Israël, pendant que ce pays étouffe les Palestiniens à Jérusalem et avec le blocus sur gaza, ainsi que la construction des colonies israéliennes sur nos terres. Toutes ces actions menées par Israël ont nui à la solution de deux Etats. Il faut ajouter à cela, la pression exercée par Israël sur l’économie Palestinienne. Les relations établies entre Israël et certains pays arabes nuisent à la cause Palestinienne et à l’initiative de paix Arabe. Nous savons que ces accords entre certains pays arabes et lsrael viennent continuer l’initiative de paix de l’ancien Président Americain Donald Trump appelée le « deal du siècle » qui a échoué grâce à la détermination du peuple Palestinien et au soutien du royaume hachémite de Jordanie.
Avez-vous espoir qu’avec le Président Joe Biden, les Palestiniens auront leur Etat ?
Le Président Joe Biden a affirmé qu’il tient à la solution à deux Etats et va travailler dans ce sens, ce qui est conforme à la légitimité internationale.