Dans cet entretien, Dr. Lorimer ZOUKPE, Porte-parole des Docteurs non-encore recrutés de Côte d’Ivoire (CDNER-CI) dit non à l’appel au désordre et encourage le dialogue.
Quel est réellement le bilan que votre collectif fait des revendications entamées depuis décembre 2021 avec le Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique ?
Comme vous l’avez évoqué, depuis décembre 2021, le Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique nous a ouverts un cadre formel de discussion afin de trouver une solution à la situation des Docteurs en quête d’emploi. Le terme revendication me gêne parce qu’en mon sens il n’est pas approprié. Un docteur qui n’est pas recruté par la fonction publique de son pays ne devrait pas aller dans les rues et souhaiter la démission ou le limogeage d’un ministre. La fonction publique a ses règles dans tous les pays normaux de la planète. Je souhaiterais donc le terme « négociation » ou « plaidoyer » dans le respect des autorités. Cela permettrait de savoir où on va et ce qu’on veut réellement.
Que souhaitez-vous concrètement ?
Les docteurs en difficultés socio-professionnelles veulent du travail. Raison pour laquelle ils plaident auprès du Ministre de tutelle, professeur DIAWARA pour que celui-ci soit leur Avocat en vue d’une intégration et une insertion massive de ceux-ci. Cependant d’autres sont en rupture de ban avec le Ministère en dépit des appels incessants du ministre à la discussion civilisée et c’est vraiment dommage.
Avez-vous des éléments de preuve de ce que vous avancez ?
Avant la session de recrutement 2022 des Assistants de l’enseignement supérieur, l’on nous parlait en début du mois de décembre, du « décret ou rien ». Par la suite, il n’y a pas eu ce fameux décret. En fin décembre on a entendu ici à Abidjan par certains docteurs qu’ils donnent jusqu’au 31 décembre pour la prise d’un décret exceptionnel par le Président de la république pour l’intégration de tous les Docteurs concernés, ce décret a débouché sur une composition sur table un dimanche dans les différents centres du concours. Ces mêmes docteurs continuent de polluer l’air des ivoiriens en projetant des marches et autres. Eu égard à ce qui est susdit, il faut noter que ce sont ceux qui écoutent cette irréalité et ces défis desservant la cause que je nomme par le terme « désespérés ». Un docteur est un éclaireur digne du nom. Il doit donc agir comme tel. Un seul docteur peut être trahi par plusieurs docteurs mais à mon sens, le contraire n’est pas logique et frise le décernement de ce grade par défaut et c’est regrettable, car n’honorant pas ce titre de Docteur.
Il y a un collectif Dirigé par Simi Deroux qui a appelé le mercredi 2 novembre à une marche. Adhérez-vous à cette action ?
Avec tout ce que je viens de dire, ce serait contradictoire de dire que j’adhère à cette action, et je crois qu’aujourd’hui, c’est un groupuscule qui fait du bruit. Nous nous sommes pour un dialogue, voir un plaidoyer afin que le nombre de poste à pourvoir dans ces concours de recrutement soient revus à la hausse.
Que répondez-vous à ce collectif qui appelle à la marche ?
Depuis décembre 2021, notre collectif a choisi la voie du dialogue civilisé comme leitmotiv de ses actions pour la résolution du problème des docteurs en difficultés d’intégration dans le tissu socio-professionnel en Côte d’ivoire. Dieu voulant, le ministre nous a ouvert les portes et un cadre de discussion permanent existe depuis 2021. Des échanges et discussions s’y déroulent sans heurts. Le ministre et son cabinet favorisent un échange réel avec les porte-paroles des Docteurs. Dans le process, il y a des acquis importants au niveau du mode du recrutement et les perspectives sont bonnes pour les postes budgétaires. L’approche du Ministre n’est pas aux antipodes des vœux des Docteurs en difficultés. Seulement ceux-ci manquent de patience peine à suivre la marche. Les choses avancent sûrement avec le ministre Diawara et chose paradoxale, ce sont ceux qui sont absents à la table de discussion qui informent fièrement et ordonnent le désordre. Notre collectif dit non aux troubles sur les campus universitaires et se désolidarise de la projection des mouvements d’humeur de ceux-ci dans les rues d’Abidjan.
Pour nous, il s’agit là d’un problème systémique. Il importe à l’espèce d’interroger tout le système éducatif pour un règlement efficace et durable de cette épineuse question de l’élite ivoirienne. Aujourd’hui le Ministre envisage la création concrète des écoles doctorales. Ce qui permettrait d’encadrer les doctorants en fonction du marché du travail et des besoins de l’Etat.
C.Z