Le Tableau de bord du chocolat est la plus grande enquête réalisée à ce jour dans ce domaine.
Chaque année, il évalue les politiques et les pratiques d’approvisionnement de 56 des plus grandes entreprises mondiales de chocolat, des négociants aux transformateurs, en passant par les fabricants et les marques propres de la grande distribution.
Ensemble, ces entreprises représentent 95 % des produits chocolatés produits dans le monde, dont les œufs de Pâques. Parmi ces sociétés figurent des géants tels que Mars, Lindt, Nestlé, Mondelēz (Cadbury), Ferrero et Hershey.
Le Tableau de bord classe les entreprises avec des notes de couleurs allant du vert (à la pointe du secteur en matière de politiques et de pratiques) au noir (manque de transparence et absence de participation), et ce dans six domaines : traçabilité et la transparence, revenu de subsistance, travail des enfants et travail forcé, déforestation et climat, agroforesterie et gestion des produits agrochimiques.
Le Tableau de bord du chocolat est le fruit du travail d’un collectif réunissant 37 ONG, 25 experts dans les domaines où les entreprises ont été évaluées et trois universités.
Les deux entreprises à qui ont été décerné le prix du Bon œuf sont toutes deux néerlandaises, mais là s’arrêtent leursressemblances. Original Beans a été récompensée pour son approche « régénératrice » de la cacaoculture et de la fabrication du chocolat. Sa devise est « Savourer la rareté et la préserver » (Taste the rare and preserveit). Elle produit des chocolats noirs purs de première qualité pour les meilleurs transformateurs de produits alimentaires du monde. Chaque produit a un impact positif net.
Tony’sChocolonely a été récompensée pour avoir cherché à transformer en profondeur l’ensemble du secteur du cacao par le biais de la collaboration. Sa devise est « Fous de chocolat, mais sérieux avec les gens » (Crazy about chocolate, serious about people). Elle cherche à collaborer avec le secteur du chocolat pour un chocolat 100 % sans esclavage. Ils sont loufoques, amusants et leurs produits sont aujourd’hui largement distribués.
Voici les principaux enseignements du Tableau de bord du chocolat :
Traçabilité et transparence
• Les affirmations des entreprises du secteur du chocolat sur la durabilité ne sont pas nécessairement dignes de confiance ;
• 11 % seulement des entreprises du secteur du chocolat sont capables de retracer l’intégralité de la provenance de leur cacao, une condition sine qua non pour prétendre à la durabilité.
Les revendications de durabilité formulées par les entreprises se rapportent uniquement leurs propres programmes, qui peuvent favoriser des pratiques durables, mais ne se rapportent pas au statut réel de leur cacao et n’améliorent pas nécessairement les conditions de vie des cultivateurs.
11 % seulement des entreprises du secteur ayant participé au Tableau de bord du chocolat sont parvenues à retracer l’origine de leur cacao. En outre, près dela moitié du cacao est acheté indirectement, ce qui signifie que l’acheteur ne sait pas à qui il l’a acheté ni d’où il provient.
Revenu vital pour les cultivateurs
• Les cultivateurs doivent pouvoir bénéficier d’un revenu vital grâce à leur travail ;
• Un revenu vital est le revenu annuel net nécessaire à un ménage pour assurer un niveau de vie décent à tous les membres de ce ménage dans un endroit donné. Les éléments d’un niveau de vie décent comprennent : la nourriture, l’eau, le logement, l’éducation, les soins de santé, le transport, l’habillement et d’autres besoins essentiels, y compris des réserves en cas d’imprévu.
Près de la moitié des entreprises participantes déclarent avoir calculé ou adopté un « prix de référence pour un revenu vital ». Il s’agit du prix auquel un cultivateur doit vendre son cacao pour obtenir un « revenu vital ».
Ceci indique qu’un grand nombre d’entreprises sait ce qu’est le prix de référence. Elles savent parfaitement combien elles devraient rémunérer les cultivateurs pour leur permettre de vivre décemment. La plupart des entreprises ne pratiquent pas ce prix pour une grande partie du cacao qu’elles achètent, ou, dans le cas des négociants, ne le pratiquent que pour certains clients.
Travail des enfants et travail forcé
• 1,3 million de ménages de cacaoculteurs ont participé à un système de suivi et de remédiation du travail des enfants (appelé SSRTE).
• Ces chiffres laissent penser qu’à peine 6 % des enfants soumis aux pires formes de travail des enfants seraient identifiés, et qu’un pourcentage encore plus faible est aidé par les programmes de ces entreprises.
Dans ces ménages, 110 000 cas de pires formes de travail des enfants ont été identifiés au cours de l’année écoulée et, fort heureusement, 30 % de ces enfants ne sont aujourd’hui plus soumis aux pires formes de travail des enfants grâce aux programmes de remédiation. Toutefois, le nombre d’enfants identifiés est très éloigné des quelques 1,4 million d’enfants qui, selon les estimations, sont soumis aux pires formes de travail des enfants, d’après un rapport récemment publié par le Département du Travail des États-Unis .
Déforestation et changement climatique
● Le cacao est un moteur mondial majeur de la destruction des forêts ;
● Les trois-quarts du cacao mondial sont produits en Afrique de l’Ouest, la Côte d’Ivoire et le Ghana étant les principaux producteurs ;
● Au cours des soixante dernières années, la Côte d’Ivoire et le Ghana ont perdu la plupart de leur couvert forestier, soit environ 94 % et 80 % respectivement, la perte de ce couvert forestier étant imputable, pour un tiers environ, à la cacaoculture.
Le fait que 91 % des entreprises aient adopté une politique zéro déforestation est encourageant. Elles doivent cependant renforcer leurs politiques. En effet, seule la moitié des entreprises dispose d’une politique prévoyant des exigences claires concernant les plans d’amélioration des fournisseurs, y compris la possibilité d’une exclusion en cas de non-conformité répétée. 60 % utilisent un système de surveillance de la déforestation, mais 30 % seulement d’entre elles appliquent les bonnes pratiques en matière de systèmes satellitaires. Ces entreprises doivent encore améliorer leur utilisation de la cartographie par image satellite.
Agroforesterie
• Fin 2017, les gouvernements du Ghana et de la Côte d’Ivoire ont tous deux signé un « Cadre d’Action Commune » de l’Initiative Cacao et Forêts ;
• Le Tableau de bord du chocolat a révélé que les ambitions et les investissements du secteur dans les systèmes agroforestiers ont été considérablement revus à la hausse.
Malgré cette progression, l’agroforesterie dans le secteur du cacao est encore loin d’avoir atteint tout son potentiel. Par conséquent, le passage d’une monoculture de cacao à des systèmes agroforestiers diversifiés à l’échelle mondiale a encore beaucoup de chemin à parcourir. Pour généraliser l’agroforesterie, il convient d’aborder toute une série de questions conceptuelles et opérationnelles. Définir l’agroforesterie en est une, car les entreprises adoptant chacune leur propre définition, cela ne contribue pas à la clarté des résultats réels.
Gestion des produits agrochimiques
• 25 % des enfants se trouvent à proximité d’une exploitation agricole lors de la pulvérisation de pesticides ;
• 18 % d’entre eux sont directement impliqués dans des travaux utilisant des produits chimiques .
Pour résoudre ce problème, nous avons demandé aux entreprises si elles avaient mis en place une politique visant à contrôler, réduire ou éliminer l’exposition des enfants aux pesticides. Nous avons été choqués de constater que seuls 62 % des entreprises interrogées ont déclaré avoir mis en place de telles politiques.
NB : Le titre et le sutitre sont de la Rédaction