Philippe Serey-Eiffel, ex figure discrète mais influente de la haute administration ivoirienne, a surpris l’opinion publique en adressant une lettre ouverte au président Alassane Ouattara, dénonçant l’exclusion de Tidjane Thiam de la course à la présidentielle de 2025. Derrière l’apparente posture morale de cette sortie, se cache pourtant une série de contradictions et de postures qui interrogent, surtout de la part d’un homme qui a longtemps profité des privilèges du système qu’il semble aujourd’hui dénoncer.
Une posture moralisatrice tardiveDans sa lettre, Serey-Eiffel croyait s’y bien prendre en adressant une lettre de cadrage au Sommet de l’Etat. Il évoque une « faute morale » de la part du chef de l’État, en référence à l’absence de Tidjane Thiam sur la liste électorale. Pourtant, il n’a jamais fait preuve d’autant de zèle démocratique lorsqu’il officiait au plus haut niveau de la présidence ou de la primature. Où étaient ses élans moraux lorsque l’État menait des réformes sensibles ? Quand il coordonnait les grands projets ou écrivait dans l’ombre des discours stratégiques ?
Ce soudain réveil éthique, à quelques mois d’une élection cruciale, sonne davantage comme un calcul politique que comme une conviction profonde.Le privilège d’un homme de l’intérieurSerey-Eiffel n’est pas un opposant exilé ni un intellectuel indépendant. Il est un pur produit de l’establishment houphouétiste, formé en France, recruté en 1973 par la DCGTX, et resté au cœur de l’appareil d’État pendant plus de 40 ans. De Houphouët-Boigny à Ouattara, il a traversé les régimes, s’adaptant toujours au sommet de la technocratie. En 2011, il devient coordonnateur général des conseillers à la Présidence, puis ministre chargé des grands projets en 2012, Directeur de cabinet à la Primature en 2017, avant d’être remercié pour devenir conseiller spécial. Autant dire qu’il n’a jamais été marginalisé ni écarté.Sa critique actuelle paraît donc peu crédible, tant elle manque de recul et d’objectivité. Peut-on être juge et partie, et s’ériger en donneur de leçon après avoir été au cœur du pouvoir ?
L’incohérence de son plaidoyer pour Tidjane ThiamAu cœur de sa lettre, Philippe Serey-Eiffel défend la cause de Tidjane Thiam, prétendant que son exclusion serait injuste et politiquement dangereuse. Mais en réalité, le cadre légal ivoirien est clair : tout citoyen qui souhaite figurer sur la liste électorale doit respecter certaines conditions. Or, la Commission électorale indépendante (CEI) a été transparente : Thiam n’a pas effectué les démarches nécessaires à temps. Pourquoi un homme d’État comme Serey-Eiffel ignore-t-il ces faits ? Ou plutôt, pourquoi les passe-t-il sous silence ?
Veut-il relancer une ambition personnelle par ricochet à travers un allié politique ?Une manœuvre contre-productive et élitiste
Cette lettre ouverte, loin d’un appel citoyen, semble avant tout répondre à une nostalgie de pouvoir, celle d’un homme aujourd’hui en retrait, cherchant à exister dans le débat public. Elle révèle aussi le clivage entre une élite administrative déconnectée et les réalités du terrain, que le RHDP, sous la conduite du Président Ouattara, a su intégrer à travers des actions concrètes : projets d’infrastructures, couverture sociale, autonomisation des jeunes et des femmes.
Dans un contexte électoral où l’apaisement, la cohésion et la transparence sont les maîtres mots, cette sortie solitaire et individualiste est non seulement malvenue, mais inutilement provocatrice.
Le RHDP reste serein et tourné vers l’avenirLe RHDP ne s’est pas abaissé à répondre avec véhémence. Seul le ministre Kalil Konaté, via ses réseaux sociaux, a souligné l’arrogance de la démarche de Serey-Eiffel, rappelant que le combat politique ne se mène pas dans les salons feutrés, mais dans le service loyal à la nation. Et c’est bien ce que continue de faire le RHDP, fort de son bilan, ouvert à la jeunesse, et attaché à la paix.
La lettre ouverte de Philippe Serey-Eiffel s’inscrit davantage dans un règlement de comptes personnel que dans un vrai débat républicain. Il s’agit d’un appel d’un ancien dignitaire à ne pas sombrer dans l’oubli, maquillé sous les oripeaux de la morale politique.
Mais en Côte d’Ivoire, les citoyens attendent aujourd’hui des actes, pas des postures.Le RHDP, quant à lui, avance. En ordre de marche. Pour le pays, et non pour des ego blessés.Alexis Ouattara