Le PDCI, héritage de Félix Houphouët-Boigny, incarnait avant tout le refus des extrêmes et des extrémismes. Aujourd’hui, il se laisse emporter par les courants capricieux de l’opportunisme, reniant ses repères pour sceller une alliance de circonstance avec le PPACI, jadis FPI, longtemps considéré comme son antipode moral et politique.
Ce PDCI version Tidjane Thiam n’a pas seulement tourné la page, il a arraché les précédentes.
L’alliance entre le PDCI et le PPACI n’est pas le fruit d’une rencontre d’idées, mais un rapprochement résigné entre deux formations politiques affaiblies.
L’une, engourdie dans sa mémoire glorieuse, son chef ne parvient pas à se plier aux exigences électorales. L’autre, disqualifiée par son propre héritage de dérives et de déni, erre sans espoir, à la recherche d’un soutien qui voudrait bien oublier ce que l’histoire retient.
Il ne s’agit pas d’un pacte pour construire, mais d’un appui mutuel entre deux naufragés qui, ne sachant plus nager, s’agrippent l’un à l’autre dans l’espoir illusoire de ne pas sombrer ensemble. Ce n’est ni un projet, ni un cap. C’est une chute commune, chantée en duo.
Du serpent au serpent, la fable des contradictions et de la trahison
On se souvient encore de Tidjane Thiam, sûr de lui, clamant ne pas vouloir « avoir le serpent dans le pantalon ».
Allusion à peine voilée à une possible alliance toxique avec Laurent Gbagbo. Un Laurent Gbagbo qui, de son côté, raillait Thiam, « citoyen un peu suisse, un peu français, un peu danois ».
Deux ego. Deux mondes. Deux visions. L’un portait la technocratie occidentale comme un costume taillé sur mesure, l’autre s’en revendiquait presque comme une insulte à la patrie.
Pourtant , les voici côte à côte, le serpent désormais bien au chaud, et la nationalité plurielle devenue un détail.
A quoi bon la mémoire, quand l’horizon se résume à une date électorale ?
Ils portent leur passé comme un bagage qu’ils refusent d’ouvrir.
Peut-on faire confiance à un homme qui trahit les siens avant même d’atteindre l’adversaire ? Tidjane Thiam, en privilégiant un pacte bilatéral avec le PPA-CI, foule au pied la solidarité promise aux autres partis de la CAP-CI.
Lui qui voulait une coalition plurielle, se replie dans une dyarchie à deux voix. Ce n’est plus une alliance. C’est une transaction.
L’inclusion de façade, l’exclusion réelle
Ce qui frappe dans la mise en scène de cette alliance, c’est l’étrange disparition des autres membres de la CAP-CI. Exit Affi N’Guessan, relégué au rang de figurant. Silence sur Simone Ehivet , ignorée comme une page qu’on saute.
Le projet collectif s’efface au profit d’un duo qui réécrit l’histoire à deux voix, prétendant parler au nom du peuple, mais n’écoutant que leur écho.
Pourtant, ces mêmes acteurs dénoncent une supposée exclusion orchestrée par le pouvoir. Ils réclament l’inclusion de l’État, mais pratiquent l’éviction entre alliés. Une dialectique à géométrie variable, où la cohérence est sacrifiée à l’autel du calcul électoral.
Le coût d’un engagement sélectif
Peut-on vraiment attendre d’une telle union une alternative crédible ? Lorsqu’un parti n’a plus de boussole que la survie, et que l’autre instrumentalise la mémoire pour revenir sur scène, que peut-il naître de solide ?
Ce mariage n’a ni programme. Ni doctrine. Ni cohérence. Il a un slogan, un soupçon de ressentiment, et l’espoir que le bruit couvrira l’absence d’idée.
La vérité est rude. Le PDCI de Tidjane Thiam a abandonné la rigueur idéologique pour une navigation à vue.
Il ne construit pas une alliance, il loue une illusion. Dans ce théâtre d’ombres, la morale politique est la première victime.
Tel un Judas moderne, Tidjane Thiam prouve que la boussole du PDCI ne pointe plus vers l’idéal, mais vers la trahison rentable.
Kalilou Coulibaly, Doctorant EDBA, Ingénieur