Invité dimanche 22 juin 2025 sur France 24, le président du 2ᵉ Congrès ordinaire du RHDP, Patrick Achi, s’est prononcé, au cours de cette interview, sur la candidature du Président Ouattara à l’élection présidentielle du samedi 25 octobre 2025, ainsi que sur la radiation, entre autres, de Gbagbo, Thiam et Blé Goudé.
Est-ce que vous pouvez nous donner un scoop ? Est-ce que vous avez déjà la réponse du Président Ouattara ? Va-t-il briguer un quatrième mandat ?
J’aurais bien aimé. Nous aurions bien aimé le savoir aujourd’hui, mais le Président nous le réserve pour dans quelques jours. C’est ce qu’il a dit. Donc, on attend tous avec impatience.
Certains se demanderont si cette candidature ne remet pas en cause l’alternance démocratique ?
L’alternance ne se décrète pas, je dirais l’accès au pouvoir politique. Si un parti comme le nôtre, le RHDP, a eu, au cours des douze dernières années, des résultats économiques exceptionnels — plus de 8 % de croissance — qui impactent la population avec une stabilité macroéconomique, et des résultats considérés parmi les meilleurs sur le continent africain. On ne va pas imposer des règles qui n’ont absolument rien à voir avec la bonne santé économique et la volonté des populations.
Mais on pourrait quand même se demander si cette domination est peut-être une réponse à un manque de consensus sur une relève ?
Pourquoi cela le ferait-il ? Je dirais que ce n’est pas le seul pays. Il y a beaucoup de pays où, d’ailleurs, il n’y a pas de limitation des mandats, et où il y a plusieurs mandats, parce que ces pays sont heureux de la gestion de leur pays. Donc pourquoi vouloir ici, en Côte d’Ivoire, entretenir cette suspicion ? Elle ne me semble pas légitime.
Quatre mandats, c’est quand même beaucoup…
Beaucoup relativement à quoi ? Vous voulez prendre des pays dans le monde et faire des comparaisons : des pays qui ont un certain nombre de mandats bien gérés, d’autres qui ont moins de mandats mais qui sont mal gérés. Sur quel critère, sur quelle règle, vous basez-vous pour faire ces assertions ?
Il n’est pas si jeune que ça.
C’est un « jeune vieux », on dira. Mais en tout cas, je pense qu’il y a aussi peut-être des jeunes qui pourraient reprendre la relève. Il y a des « jeunes vieux » et des « vieux jeunes ». Je veux dire que notre Constitution ne prévoit pas de plafonner l’âge. C’est la population, en fonction des résultats du dirigeant, qui décide s’il est apte ou non à gérer. On ne décrète pas qu’on veut prendre un jeune ou un vieux. Les populations souhaitent que quelqu’un s’occupe de leur quotidien, que le pays se développe, qu’il y ait une croissance, et c’est ce qui se passe. Il ne faut pas prendre des sujets qui ne concernent pas véritablement les populations, mais qui sont des principes.
Des principes ? Alors, du coup, quelle place pour la nouvelle génération de leaders au sein du parti lui-même, le RHDP, aujourd’hui ?
Oui, il y en a. Je crois que le Président a, à de multiples reprises, abordé cette question et il y a des discussions internes qui ont lieu. Mais je vous dis que la large majorité du parti, pour ne pas dire la totalité, s’est exprimée à travers le congrès, dans une élection totalement démocratique précédée de pré-congrès dans toutes les régions. En termes de consultation, il y a eu une très large consultation. Et je crois qu’il faut respecter la volonté des populations. On ne peut pas, d’un côté, dire qu’on veut de la démocratie, dans laquelle les populations s’expriment, et de l’autre, avoir des principes qu’on souhaiterait voir suivis pour avoir le sentiment qu’on est démocratique ou pas. C’est vraiment l’expression de la voix du peuple. Et là, vous avez eu plus de 7 600 congressistes réunis pour prendre une décision de proposer la désignation du candidat Alassane Ouattara aux prochaines élections de 2025. Je pense qu’il faut la respecter.
Donc, il faudra savoir comment les jeunes auront confiance dans le processus électoral, alors que certains leaders de l’opposition ont été exclus du scrutin. Par exemple, l’ex-président Laurent Gbagbo, son ancien bras droit Charles Blé Goudé, et l’ancien Premier ministre en exil Guillaume Soro sont radiés de la liste électorale pour des condamnations judiciaires. Tidjane Thiam, leader du principal parti, a lui aussi été écarté par la justice pour des problèmes de nationalité. Comment faire confiance à ce processus électoral ?
On a un État de droit, ou on n’en a pas. On a confiance dans la justice d’un pays, ou on n’en a pas. Nous sommes l’Exécutif, on ne s’immisce pas dans les questions judiciaires. Lorsque la justice prend une décision, que ce soit en France ou ailleurs, on s’incline devant cette décision. Là, vous me demandez de porter un jugement sur une décision judiciaire. Ce n’est pas mon rôle, ce n’est pas ma responsabilité.
Retranscrit par Fatoumata Toloba (Stagiaire)