On en sait plus sur la récente rencontre entre le président du Ppaci Laurent Gbagbo et des candidats recalés par le conseil constitutionnel. Dans une déclaration lue ce jeudi par Me Habiba Touré, la rencontre livre ses secrets.
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Mesdames et Messieurs de la presse nationale et internationale, Son Excellence le Président Laurent Gbagbo tient tout d’abord à vous remercier d’avoir répondu à cette invitation, preuve de l’importance que vous accordez à la vie démocratique de notre pays et à la nécessaire information de nos concitoyens. Il tient à préciser que cette rencontre est la première mais ne sera pas la dernière. Il tient à ce qu’un point détaillé vous soit fait régulièrement quant à l’évolution de la situation politique du pays. Par cette déclaration, Son Excellence le Président Laurent Gbagbo, Ancien Président de la République de Côte d’Ivoire, Président du PPA-CI souhaite faire le point des activités menées ces derniers jours, notamment les consultations qu’il a engagées avec de nombreux acteurs politiques à la suite de la décision du Conseil Constitutionnel rendue le 8 septembre dernier. En sa qualité d’ancien Chef d’État et de candidat déclaré à l’élection présidentielle, il a tenu à échanger avec plusieurs des personnalités dont les dossiers ont été déclarés irrecevables, afin de recueillir leurs analyses, leurs préoccupations et leurs propositions face à cette décision lourde de conséquences.
De ces discussions, deux principales options ont été évoquées : § D’une part, l’idée de prendre le régime RHDP à son propre piège en soutenant collectivement l’un des candidats retenus. A cet égard, le Président Laurent Gbagbo tient à rappeler qu’il n’avait jamais soutenu, ni de près ni de loin, un prétendu « plan de précaution » ; § D’autre part, la nécessité de résister, par des actions démocratiques, pour exiger des élections inclusives et le respect de la Constitution. Le Président Laurent Gbagbo a entendu chacune de ces propositions. La première, bien que pertinente en théorie, n’a pas prospéré : elle ne faisait pas l’unanimité, ni parmi les candidats exclus, ni parmi nos concitoyens. De plus, il faut le dire clairement, les candidats retenus par le Conseil constitutionnel ne sont pas ceux investis par les grands partis politiques du pays. Dès lors, il n’y avait ni consensus, ni légitimité suffisante pour bâtir une telle stratégie.
La seconde option, celle d’actions démocratiques et pacifiques, s’est imposée comme la voie à suivre. Car notre véritable adversaire, ce n’est pas tel ou tel candidat : c’est le régime RHDP, avec à sa tête Monsieur Alassane Ouattara, qui semble vouloir transformer la Côte d’Ivoire en un royaume personnel, où la Constitution n’est plus une boussole mais un obstacle à contourner. Le Président Laurent Gbagbo affirme que la véritable responsabilité des démocrates n’est pas de chercher une échappatoire, mais de tenir debout face à l’épreuve. Ce n’est pas une question de posture, mais l’essence même du combat : garantir une alternance démocratique, préserver les libertés publiques et assurer la dignité du peuple ivoirien.
Aujourd’hui, ce qui est en jeu dépasse la seule élection présidentielle. Ce qui est en jeu, c’est la survie de notre démocratie, c’est le respect de nos libertés publiques, c’est l’avenir même de notre Nation. En validant un quatrième mandat anticonstitutionnel et en écartant 55 candidats, dont ceux des principaux partis d’opposition, c’est le principe d’égalité devant la loi qui a été foulé aux pieds. Et ainsi on a privé le peuple de son droit souverain de choisir librement son dirigeant.
Ce vers quoi on avance aujourd’hui ressemble à tout sauf à une élection inclusive et transparente. La liste électorale est contestable. La Commission électorale indépendante est décriée. Le processus électoral actuel n’offre aucune garantie de transparence ni de crédibilité. Le Président Laurent Gbagbo demeure convaincu qu’il est encore temps de privilégier la paix, et d’ouvrir la voie à un dialogue sincère. Mais il reste tout aussi ferme : il ne peut et ne doit pas y avoir de quatrième mandat. Le Président Laurent Gbagbo souhaite rappeler au Président Alassane Ouattara que leur dernière confrontation électorale a été douloureuse pour la Côte d’Ivoire, précisément parce que la Constitution n’avait pas été respectée. Les cicatrices de cette période ne se sont pas encore refermées et nous savons, tous, quel prix le pays a payé à ce manquement au droit. Aujourd’hui encore, il est de leur responsabilité historique, de transmettre à ce pays une Côte d’Ivoire en paix, réconciliée et respectueuse de ses propres règles. Le Président Henri Konan Bédié n’est plus. Parmi ceux qui ont eu la charge suprême de conduire la nation, il ne reste désormais que deux hommes : Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara. Cette réalité crée un devoir supplémentaire. Car l’histoire retiendra non seulement ce que chacun a fait quand il était au pouvoir, mais aussi ce qu’ils auront légué au moment de le quitter. Il ne faut pas croire que l’on est fort parce que l’on tient momentanément les institutions et les armes. On n’est jamais fort tout le temps. Et surtout, on n’est jamais plus fort que le peuple.
Les régimes qui l’ont oublié, partout dans le monde, ont fini par s’effondrer. Le peuple, lui, demeure toujours. C’est pourquoi, le Président Laurent Gbagbo en appelle à la responsabilité. Gouverner, ce n’est pas s’éterniser au pouvoir au risque de briser la nation. Gouverner, c’est préparer la paix et la réconciliation pour l’avenir. Gouverner, c’est respecter la Constitution, respecter le peuple et accepter que le pouvoir ne soit pas une propriété personnelle, mais une charge temporaire confiée par la souveraineté populaire. Le Président Laurent Gbagbo tient à préciser que sa volonté n’est pas de contester nos institutions. Bien au contraire. Il s’agit de leur rappeler que leur force et leur légitimité ne viennent pas d’elles-mêmes mais du peuple, et du peuple seul. Elles agissent en son nom, et c’est du peuple qu’elles tirent leur autorité. Oublier cela, c’est trahir l’esprit même de la République. Le Président Laurent Gbagbo insiste avec force : il n’est pas trop tard. Il est encore temps de rompre avec cette logique de confiscation. Il est encore temps de revenir aux fondamentaux de la démocratie : la souveraineté du peuple, l’égalité de tous devant la loi, et la vérité des urnes. Le peuple ivoirien doit être celui qui décide. Lui seul détient le droit de dire qui doit le gouverner. Ce droit ne peut pas être confisqué, encore moins marchandé. Le lui retirer, c’est condamner notre pays à l’instabilité. Le lui restituer, c’est ouvrir la voie à la paix, à la réconciliation et à la dignité nationale. Son Excellence le Président Laurent Gbagbo tient à rappeler que c’est unis, que nous serons plus forts que la peur. Déterminés, nous serons plus forts que la répression. Mobilisés, nous serons plus forts que toutes les manœuvres. Ainsi s’achève la déclaration faite au nom du Président Gbagbo. Je vous remercie.
Pour le Président Laurent Gbagbo
Me Habiba TOURE Porte-Parole du Président Laurent Gbagbo