Le Sénégal a inauguré jeudi son nouvel aéroport international, un projet porté depuis dix ans par deux présidents successifs. Dakar souhaite en faire une plaque tournante en Afrique et un moteur de son développement économique.
Après 10 ans de travaux et deux mandats présidentiels, le nouvel aéroport de Dakar est enfin sorti de terre. Le président sénégalais Macky Sall a inauguré jeudi 7 décembre l’aéroport international Blaise Diagne (AIBD), situé à Diass, à 47 km au sud-est de la capitale. Le pays souhaite en faire une plaque tournante en Afrique et un moteur de son développement économique.
L’ex-président Abdoulaye Wade, farouche opposant à Macky Sall, a boudé la cérémonie d’inauguration de ce projet qu’il avait lancé en 2007 alors qu’il était à la tête du pays. Les présidents gambien Adama Barrow, bissau-guinéen José Mario Vaz, et gabonais Ali Bongo étaient en revanche présents.
L’aéroport, qui porte le nom du premier député africain élu au Parlement français (1872-1934), remplace l’aéroport international Léopold Sédar-Senghor (AILSS), en proche banlieue de la capitale. Ce dernier, en fonction depuis plus de 70 ans et dont les vols passent au-dessus de quartiers très peuplés, sera reconverti en aéroport militaire à partir de vendredi.
Double du coût prévisionnel
« Cet aéroport sera déterminant pour la promotion de la destination Sénégal » et aura des « effets d’entraînement sur les autres secteurs de l’économie », en particulier grâce à la proximité du projet de ville nouvelle de Diamnadio, à une dizaine de kilomètres, a affirmé mardi le Premier ministre, Mahammed Boun Abdallah Dionne.
Mais cet investissement s’est avéré bien plus cher et long que prévu. Estimée en 2007 à moins de 200 milliards de francs CFA (305 millions d’euros), la construction aura finalement coûté plus du double : 424 milliards de francs CFA, selon la ministre des Transports aériens, Maïmouna Ndoye Seck.
Le chantier a également connu de nombreux aléas. D’abord confiés au géant saoudien du BTP BinLaden Group, les travaux ont été repris en 2016 par deux sociétés turques.
Capacité projetée de 10 millions de passagers
Implanté sur un espace de 4 500 hectares dont seulement 2 500 sont utilisés, l’AIBD pourra accueillir d’emblée trois millions de passagers par an, contre deux millions pour son prédécesseur, avec une capacité projetée de 10 millions dans les prochaines années. Tous les types d’avions, y compris les imposants A-380, pourront y atterrir.
À partir de l’AIBD, les touristes pourront facilement, grâce à l’autoroute, se rendre dans les stations balnéaires réputées de la Petite-Côte, au sud-ouest de Dakar, comme Saly et Popenguine. En revanche, en sortir ou y accéder depuis la capitale risque de se révéler nettement plus compliqué, et plus cher. Risque de bouchons, tarifs élevés des taxis (une vingtaine d’euros minimum), système de navettes de bus pas encore rodé : les Dakarois craignent des débuts difficiles.
Reste que pour réellement s’affirmer comme « hub » africain, le Sénégal devra se doter d’une compagnie aérienne nationale. Née officiellement après la faillite de Sénégal Airlines en avril 2016, Air Sénégal, ne devrait pas obtenir ses licences internationales, indispensables au démarrage de ses activités commerciales, avant début 2018.
Avec AFP