Ouf de soulagement pour le Pakistan qui vient de recevoir une importante aide financière de l’Arabie saoudite. Le royaume wahhabite a déposé deux milliards de dollars à la banque centrale du Pakistan à court d’argent. Cette manne financière va consolider ses réserves de change, au plus bas depuis des mois, a annoncé ce mardi 11 juillet 2023 le gouvernement pakistanais, avant une réunion cruciale avec le Fonds monétaire international (FMI).
Dans une déclaration vidéo, le ministre pakistanais des finances, Ishaq Dar, a déclaré que le royaume d’Arabie saoudite tenait sa promesse de renforcer les réserves de change de son pays. L’aide financière n’est pas un prêt à proprement parler, mais elle renforcera les réserves et restera à la disposition de la banque centrale pakistanaise pendant au moins un an.
Le ministre pakistanais des Finances a déclaré qu’avec le dépôt saoudien, les réserves de change du Pakistan, qui étaient tombées à 9,6 milliards de dollars la semaine dernière – à peine de quoi payer les factures d’importation pour un mois – sont passées à 11,6 milliards de dollars. « Nous remercions les dirigeants saoudiens au nom du gouvernement et du peuple pakistanais », a-t-il déclaré avant d’assurer à la nation que le Pakistan retrouverait bientôt le chemin de la croissance. « Si Dieu le veut, l’économie pakistanaise connaîtra une amélioration », a déclaré Dar.
Confrontée à une crise de sa balance des paiements et à une dette extérieure très élevée, l’économie pakistanaise a aussi souffert de plusieurs mois de chaos politique, qui ont effrayé les investisseurs potentiels. L’inflation s’est envolée, la roupie a plongé et le cinquième pays le plus peuplé du monde a dû restreindre ses importations, n’étant plus en mesure de payer, ce qui a entraîné une baisse de la production industrielle nationale.
Ce n’est pas la première fois que le Prince héritier vole au secours du Pakistan. En visite en février 2019 à Islamabad, MBS avait signé l’équivalent de 20 milliards de dollars de promesses de contrats avec le gouvernement Khan. « Nous ne pouvons pas dire non au Pakistan », cette petite phrase de Mohammed ben Salmane, avait fait la Une de tous les journaux pakistanais.
Les relations entre le royaume et le Pakistan sont aussi vieilles que la partition de l’Inde en 1947 suivie de l’accession de cette république à l’indépendance. Dès 1954, l’Arabie saoudite signe un traité d’amitié avec le Pakistan, les relations se renforçant au fil de la guerre indo-pakistanaise de 1965 et de la guerre de juin 1967 menée par Israël. Sous Zia Ul-Haq (1977-1988), un nouveau protocole de défense est signé en 1982, qui permet l’envoi de centaines d’officiers pakistanais en mission de formation auprès des forces saoudiennes, tandis que se construit à Islamabad la mosquée Fayçal, alors la plus grande du monde, ainsi nommée en hommage au roi saoudien.
Face aux sanctions qui ont suivi les essais nucléaires pakistanais de 1998, Riyad livre à Islamabad du pétrole à des conditions très avantageuses. En 2017, l’ancien chef d’état-major pakistanais, le général Raheel Sharif, devient le premier commandant de l’Alliance militaire de lutte contre le terrorisme, une structure internationale basée à Riyad ; et en 2018, le Pakistan renforce son soutien militaire pour protéger la frontière saoudo-yéménite. La même année, le prince héritier Mohamed Ben Salman (MBS) offre au Pakistan plus de 6 milliards de dollars (5,94 milliards d’euros) pour faire face à un nouveau risque de défaut de paiement, et annonce un investissement à venir de 20 milliards de dollars (19,79 milliards d’euros) à Gwadar, le port terminus du corridor économique sino-pakistanais, à l’heure où le prince lance sa « Vision 2030 » cherchant à diversifier l’économie saoudienne.
Nomel Essis avec l’Orient XXI