Si le Festival panafricain de cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) n’existait pas, il l’aurait fallu le créer. Hier à l’auditorium du Cbc, situé face au siège du festival, les pionniers ont revisité la longue marche des cinéastes africains pour l’avènement du Fespaco. Quelle est donc cette flamme que le Fespaco a su allumer ?
Comment a-t-il nourri la recherche esthétique et la production d’images ? Comment-a-t-il su provoquer et entretenir un intérêt et un regard critique sur les cinémas d’Afrique et de la diaspora ? Pour Alimata Salembéré, la première présidente du Comité d’organisation du Fespaco alors Semaine du cinéma africain, la réussite du Fespaco réside sans aucun doute dans la mobilisation, sans calcul, de cinéastes panafricains comme Sembène Ousmane, Paulin Soumanou Viera, Johnson Traoré (Sénégal), Timité Bassori (Côte d’Ivoire), Jean Rouch, Moustapha Allanou, Oumarou Ganda (Niger), René Bernard et Souleymane de la Haute Volta (Burkina Faso).
«Au départ le Festival avait lieu chaque année. Puis après une petite éclipse imputable à un conflit frontalier, le Fespaco a repris ses activités pour ce tenir désormais chaque deux ans. Le Fespaco a contribué à révéler de grands noms du cinéma africain. La présence des cinéastes pour ces 50 ans du Fespaco souligne l’engagement à aller de l’avant pour la promotion et la bonne évolution du cinéma africain et des diasporas. Même si nous n’avons pas été toujours à la hauteur des attentes», a-t-elle indiqué. Ce festival, a-t-elle soutenu, a toujours été une plateforme pour la confrontation des œuvres et de la réflexion pour l’édification d’un cinéma panafricain. Un cinéma, a-t-elle ajouté, qui soit le reflet puissant des riches diversités imaginaires et sociétales de notre monde commun.
C’est pourquoi, Alimata Salembéré a exhorté les cinéastes Africain à prendre l’engagement de toujours tenir haut le lambeau panafricain afin de permettre à au continent africain et à sa diaspora d’être toujours présent dans la sphère de la culture universelle. A sa suite, l’ivoirien Timité Bassori, est revenu sur son histoire avec le Fespaco et comment il avait reçu sa première invitation à se rendre à Ouagadougou pour prendre part à cette rencontre des cinéastes africains. «Je ne savais comment nous allions organiser cette semaine du cinéma. Lorsque je suis arrivé à Ouagadougou, j’ai rencontré Sembène Ousmane, Oumarou Ganda etc.
il y a eu des réunions et des projections. Et, il y a eu un bel engouement au niveau de la population. A l’époque, on n’avait que trois salles de cinéma au Burkina. Donc, les projections étaient amenées dans les quartiers de la capitale. Les gens du quartier venaient avec leurs sièges pour voir les films. Les projections ont connu un tel succès que les organisateurs ont institué la semaine qui est devenue aujourd’hui le Fespaco», a-t-il témoigné. Invités à se prononcer sur le thème du cinquantenaire : «Confronter notre mémoire et forger l’avenir d’un cinéma panafricain dans son essence, son économie et sa diversité», deux autres pionniers du cinéma africain, le ghanéen Kwah Anzah et le congolais Sébastien Kamba ont plaid pour une plus grande implication des politiques pour le rayonnement du cinéma sur le continent.
Fofana Ali, Envoyé Spécial