Israël avait promis de riposter après les attaques iraniennes du 1er octobre.
Dans la nuit du 25 octobre 2024, soit trois semaines plus tard, l’État hébreu a frappé plusieurs sites militaires en Iran.
Des frappes menées par des avions de chasse et qui selon les autorités iraniennes ont fait des dégâts limités. Quatre soldats Iraniens ont été tués.
La DCA iranienne a apparemment bien fonctionné. L’espace aérien iranien a d’ailleurs été ouvert à la circulation des avions civils et vols commerciaux quelques heures seulement après ces frappes, comme pour dire aux curieux : circulez il n’y a rien à voir.
Les sites nucléaires iraniens qui sont l’obsession numéro Un de Netanyahou depuis toujours, ont été délibérément épargnés. On est donc visiblement loin de l’enfer promis par le Netanyahou.
Dès lors, sans verser dans le cynisme (une mort étant toujours de trop), on pourrait en considérant toutes les menaces proférées à l’encontre de l’Iran par les différents responsables politiques et militaires Israéliens ces dernières semaines, dire : Tout ça pour ça !
Cette riposte qui devrait se faire pour montrer que » personne ne s’attaque impunément à Israël », était donc plus pour la forme que pour autre chose.
Il est clair, d’un côté comme de l’autre, que personne ne semble intéressé par la surenchère ni l’escalade qui pourrait embrasser toute la région et causer sa propre perte.
En effet, l’Iran n’est ni Gaza ni le Liban et les Américains, soutiens inébranlables d’Israël ne le savent que trop bien.
Ils ont donc clairement expliqué cela en anglais facile à Netanyahou qui malgré son excitation, n’a pas les moyens de se payer seul une guerre ouverte face à l’Iran sans un soutien massif et franc, sur les plans militaire et politique des États Unis mais également de leurs proxys occidentaux qui eux sont très divisés sur la question.
La période actuelle d’incertitude politique aux Etats Unis ajoute une inconnue à l’équation qui se présente à tous les protagonistes régionaux et extrarégionaux qui pourraient être pris dans la tourmente.
Israël est un tout petit territoire sans profondeur géographique donc stratégique, qui ne peut prendre le risque de mener une guerre totale sur trois fronts à savoir : Gaza , Liban et l’Iran sans remettre en cause sa propre existence, à moins d’utiliser sa capacité nucléaire jamais admise d’ailleurs.
Il y a en effet de fortes probabilités de mobilisation d’autres acteurs régionaux contre Israël. D’abord les houthis du Yémen qui ont déjà lancé quelques projectiles en direction d’Israël.
Ensuite la Syrie qui pourrait sortir de sa léthargie actuelle et où les troupes russes sont stationnées non seulement dans le port de Tartous mais aussi à Damas.
Enfin, il faudra aussi évaluer les capacités des groupes irakiens proches de l’Iran qui ont manifesté ces dernières semaines leur impatience à participer à sa défense. D’ailleurs l’un des sites frappés par Israël se situe à la frontière entre l’Iran et l’Irak.
Dès lors, Netanyahou qui devra donc patienter encore un peu avant d’ouvrir ses cadeaux, pourrait faire sa guerre contre l’Iran si Trump arrive au pouvoir, mais même là encore, rien n’est moins sûr.
En effet, les Démocrates ont supervisé plus de guerres de grandes ampleurs et de hautes intensités que les Républicains dans l’histoire récente des États Unis.
Il y a aussi la probabilité que Donald Trump s’il est élu pourrait, dans sa logique de « America First » qui le pousse à réserver l’argent fédéral à la résolution des attentes domestiques des Américains, non seulement obliger le Zelenski à mettre fin à la guerre avec la Russie en venant à la table des négociations, mais également Netanyahou à ne pas déclencher une guerre contre l’Iran qui reviendrait très cher économiquement, politiquement et stratégiquement à tout le monde.
En attendant donc de voir ce qui va se passer au soir du 5 novembre 2024, date de l’élection américaine, l’ensemble de la bien nommée communauté internationale, appelle les deux camps et leurs supporters à la retenue.
Un conseil que les concernés devraient suivre sans trop de réticences dans leurs propres intérêts bien sûr.
Moritié Camara
Professeur d’histoire des
Relations Internationales