L’Ambassade d’Israël en Côte d’Ivoire en collaboration avec l’Université Félix Houphouët Boigny et l’Université Tel-Aviv a organisé mardi à l’hôtel du district d’Abidjan, un colloque autour du thème : « polémiques dans la démocratie».
Cette rencontre qui fait suite à une autre tenue l’année dernière en Israël, a permis à des universitaires ivoiriens et Israëliens d’exposer sur la problématique de la polémique dans l’espace démocratique et ses conséquences.
Dans son mot de bienvenue, l’ambassadeur Dr Eli. Ben-Tura a indiqué que «ces échanges entre les intellectuels des deux pays comptent énormément pour l’amélioration de la compréhension au niveau universitaire et académique entre les deux pays », souhaitant qu’ils encouragent les étudiants à aller les uns vers les autres.
Deux panels ont été animés par des enseignants ivoiriens et israéliens. Le premier a porté sur la polémique dans les démocraties occidentales et le second sur : la polémique dans les démocraties émergentes.
Le premier panel a enregistré trois interventions. Le Prof. Ruth Amossy de l’Université Tel Aviv, ADARR, qui fut la première à prendre la parole, a parlé des fonctions de la polémique dans l’espace démocratique. Elle s’est interrogée sur l’omniprésence de la polémique dans des pays où on considère qu’elle est totalement négative. Elle a posé l’hypothèse qu’elle pouvait remplir certaines fonctions sociales et politiques, en essayant de montrer qu’une confrontation des opinions antagonistes pouvaient favoriser ou contribuer à une coexistence dans le dissensus c’est-à-dire à permettre à des gens qui ont des désaccords très profond et partagent le même espace national d’assurer le vivre-ensemble.
Ensuite, le Prof. Jürgen Siess, de l’Université de Caen, a dans son exposé pris l’exemple de la politique migratoire de l’Allemagne pour traiter la problématique de la polémique en démocratie. Il a insisté sur le rôle joué par l’AFD, un parti de l’extrême droit. Il a mis en opposition les positions et déclarations d’Angela Merkel . il a progressivement montré que la polémique est inhérente à la démocratie, mais aussi dangereuse pour la politique. En prenant pour exemple les propos haineux, les propos de division que les mouvements véhiculent.
Intervenant en troisième position, Dr Nanourougo Coulibaly a défendu l’idée selon laquelle, la polémique reste quelque chose de stratégique ou de positionnement personnel de la classe politique. Il a conseillé de la prendre à ce simple niveau et ne pas en faire un objet de conflit interpersonnel.
Au second panel, Dr Houessou Dorgelès de l’Université Alassane Ouattara de Bouaké, a développé le thème de la polémique dans le débat public ivoirien. Il a expliqué que cette polémique se tisse sur la toile, parce qu’il n y’a pas de cadre formel pour débattre des problèmes de société. « La polémique en Côte d’Ivoire a un niveau qui est un peu trop bas, ce qu’on souhaite c’est de rehausser le niveau de la polémique pour que les problèmes de société soient posés et que des intellectuels soient conviés et aient accès à une parole d’autorités pour pouvoir s’exprimer.
Pour sa part, le Dr Gérard Aymien de l’Université Felix Houphouet Boigny a essayé de montrer comment se gère le dissensus en milieu rural. A savoir que la manière dont le débat se mêle peut être différent de la manière dont le debat se mène en milieu urbain. il a demandé qu’on s’inspire de ce qui existe depuis toujours et impulser des idées nouvelles, sans être obligé de recourir ailleurs.
Le colloque se poursuit mercredi à l’Université Félix Houphouët Boigny.
Fulbert YAO