Pour la présentation de son parti politique, « Concorde », Alcide Djédjé, au cours d’une conférence de presse, hier, s’est ouvert à toutes les questions des animateurs des médias. Des rapports avec Laurent Gbagbo et son parti à l’adhésion de sa nouvelle formation politique au RHDP en passant par la crise postélectorale et la réconciliation nationale, tout y est passé. Le diplomate n’a pas eu la langue de bois. Il a répondu sans faux-fuyants à toutes les interrogations. Ci-dessous l’intégralité de ses échanges avec la presse.
Vous créez un parti, Concorde qui a l’ambition de se fondre dans le RHDP, qui devrait à son tour, aboutir à la dissolution des partis qui le compose. Vous créez un parti qui va disparaitre dans quelques mois. Pourquoi faites-vous une sorte de mort né ?
Pour être au RHDP, il faut être un parti. La réponse est simple. Aussi, le RHDP n’est pas un conglomérat de cadres. Ce sont les cadres qui comptent. Même lorsqu’on se fond, on continue de gérer ses propres bases, sinon vous ne pouvez pas avoir de poids dans un parti même s’il est unifié. Il est donc nécessaire d’entretenir ses bases. De toutes les façons, nous pouvons être dans un parti unifié mais on ne sait jamais. Si vous-mêmes n’existez pas en tant que parti politique et qu’un jour, il arrive que ce parti unifié décide de se dissoudre, vous vous retrouvez où ? Vous vous retrouverez dans votre propre base et votre propre parti. Il n’est pas vain de créer un parti pour aller au RHDP qui va devenir un parti unifié dans 18 mois.
Vous êtes diplomates. Et, à vous entendre, vous voulez que la politique se fasse de façon apprivoisée. Mais ce qui nous est donné de voir, c’est qu’il y a des pratiques en Côte d’Ivoire qui sont qualifiées de sauvages. Ne craignez-vous pas de tomber dans cette jungle où on pourrait vous traiter de tous les noms d’oiseaux ou vous faire subir certaines maltraitances auxquelles nos politiques nous ont habitués ?
C’est justement parce que les pratiques sont sauvages qu’il faut les apprivoiser. Sinon à quoi servirait un diplomate ou quelqu’un qui ne ramène pas la paix ? Cela n’aurait pas d’objet. C’est face à des cas de sauvageries qui existent que nous allons chercher à apprivoiser, à rendre moins sauvage la vie politique.
Ne craignez-vous pas d’être traités de judas par ceux qu’on qualifie également de Gbagbo ou Rien (GOR). Autrement dit, d’avoir trahi le président Laurent Gbagbo dont vous êtes un fidèle compagnon ?
Ce sujet revient souvent. Comme c’est la première fois que j’interviens depuis la fin de la crise postélectorale, je vais demander la permission au président Gbagbo. « Grand-frère, laisse-moi parler un peu. J’entends qu’il a trahi. J’aimerais dire que ma position de 2011 est la même. Et, tu le sais, grand-frère puisque tu avais la même position. Souviens-toi au palais du Plateau. Tu m’as dit d’aller voir Mangou et que toi, tu allais à Mama. « Allez avec les autres pour former un gouvernement d’union nationale », tu m’avais dit. C’était en 2011. J’ai été voir Mangou. Il était un peu surpris et il a demandé un peu de temps pour y réfléchir. Il n’a jamais eu le temps, puisque ceux qui ne voulaient pas que tu retournes à Mama ont pris une autre décision.
Tu as essayé quand même de continuer, c’est-à-dire aller directement à la réconciliation. Un discours a été préparé pour accepter l’accord que proposait l’Union Africaine. Tu te souviens également que lorsque tu faisais le tour dans nos réunions pour demander qui était pour ou contre l’accord de l’Union Africaine, à mon niveau, tu disais que tu connaissais ma position et tu passais. C’est la même position que j’ai continué d’avoir jusqu’aujourd’hui. A cette époque, tout le gouvernement avait la même position. Seulement, des militants très puissants n’avaient pas cette position. Et, je dirais qu’ils ont imposé la position que tu as adoptée finalement au détriment de tout le gouvernement et nous autres.
Au départ et jusqu’aujourd’hui, je pense que tu as cette position. Puisque tu n’as pas pu la mettre en pratique, c’est-à-dire signer l’accord de l’Union Africaine. Est-ce pour cela qu’on dirait que tu as trahi ? Non, tu n’as pas trahi. Tu es un homme d’Etat. Et, certainement, l’environnement a fait que tu ne pouvais pas mettre en pratique la position que tu avais. Aujourd’hui, tu portes le chapeau de ceux d’entre nous qui avaient cette position de raideur et qui ne voulaient pas aller à la réconciliation, qui ne voulaient pas signer l’accord de l’Union Africaine. Tu portes le chapeau pour eux. C’est pourquoi, je voudrais te rendre hommage parce que tu fais un très grand sacrifice pour certains de tes collaborateurs qui tenaient coûte que coûte à cette position. Te connaissant, tu serais allé à Mama parce que tu n’as rien à faire à la Cour pénale internationale (CPI). Je suis l’un des rares à décrypter tes messages dans lesquels tu dis si tel tient alors je tiendrai. Au fond, je sais ce que tu veux dire. Récemment, tu as dit à Bro Grébé que tu veux l’union de tous en Côte d’Ivoire et de la sous-région. Te connaissant, c’est ça ta position. Il y a longtemps que nous sommes ensemble. Depuis 1982, nous avons commencé la politique en France.
On a créé le Mouvement d’initiatives pour les droits démocratiques en 1984. Nous étions d’accord à un moment donné puis nos chemins ont divergé. Mais entre nous, il n’y a jamais de traitrise ou de non-traitrise. Chacun peut avoir sa position. Ensuite, on s’est retrouvé au FPI. J’ai été un élu du FPI au Conseil du district d’Abidjan. Entre toi et moi, il n’y a pas d’attitude de traitrise. Je suis ici avec tous ceux qui te sont chers. Quand Maman Tallo est décédée, Alain est venu du Ghana pour me transmettre le message, pour me dire de prévenir donc Sangaré, Docteur Blé et Alcide Djédjé. Voilà pourquoi, pour ceux ne le sauraient pas, Maman Tallo est morte dans mes bras ; nous étions deux. Ceux qui ne savent pas et qui sont sur les réseaux sociaux et qui ne te connaissent pas ainsi que tes proches, et qui ne me connaissent pas, peuvent continuer pour se faire valoir, à décerner des certificats de traitrise à tel ou un tel. Simplement parce qu’ils sont ignorants de tout. Ils ne savent pas par exemple que Christiane Gbagbo, ta petite fille vit avec Félicienne, ma nièce à Dallas. Ils ne savent pas par exemple que vers la fin, beaucoup souhaitaient qu’on se mette ensemble comme nous sommes en train de le faire aujourd’hui. Y compris des militaires. Lorsque j’étais à l’ambassade de France pour négocier, Dogbo Blé m’a appelé pour me dire qu’il faut leur dire qu’on cesse les combats et que nous allons faire le cantonnement.
Tout ce que nous avons demandé, c’est que le président Gbagbo soit sécurisé et que la résidence soit sécurisée. Au moment où l’ONUCI venait sécuriser la résidence, il y a des éléments qui ont tiré. Ceux qui avaient des positions extrêmes sont restés sur cette position. Mais, je connais ta position. Entre nous, on ne peut pas parler de traitrise. Et, c’est la position que j’ai adoptée dès le départ. Je continue aujourd’hui parce que tous les autres sont sortis de prison. Je pense qu’il faut passer désormais à une autre étape, qu’on se mette tous ensemble en attendant que tu sortes. Ceux qui croient qu’à ta sortie, tu viendras jouer le match retour se trompent. Je sais qu’il n’aura pas de match retour. Difficile le message mais ceux qui veulent utiliser ton nom pour faire un commerce, chaque fois, essaient de l’étouffer. Merci de m’accorder la permission de parler un peu.
Vous venez de créer un parti alors que vous sortez du Front populaire ivoirien (FPI). Que reste-t-il de vos relations avec vos camarades ?
J’ai de très bonnes relations avec mes camarades. J’ai même reçu des texto tout à l’heure. Ce sont des mots d’encouragements de certains qui sont très importants au FPI. La dernière fois, je disais que je cherchais l’unité. Ce travail a commencé et il est en marche. Il fallait faire le pas. Il n’y a pas d’ennemi juré en politique. Il n’y a que le courage en politique. De toutes les façons, nous l’avons déjà vu en Côte d’Ivoire. Nous avons des exemples. Bédié a trahi qui pour être avec Ouattara ? A l’époque, le FPI avait trahi qui en faisant le Front républicain avec le président Ouattara ? A tout moment, avec l’évolution de la situation, ceux qui ont certains idéaux peuvent s’associer à qui ils veulent, s’il y a une coïncidence dans la pensée. Voilà, c’est tout.
Le FPI est socialiste pendant que le RHDP est libéral. Quelle est votre idéologie au moment où vous créez votre parti ?
L’idéologie, je l’ai dans le manifeste. J’ai mis idéologie entre guillemets. De toutes les façons, les idéologies vous emmènent où? La plus grande idéologie du siècle est tombée avec le Mur de Berlin. Pourquoi, vous en recherchez absolument ? Cette idéologie est tombée toute seule. C’est elle qui divisait le monde. Y compris les guerres qui se faisaient en Afrique. Aujourd’hui, elle est tombée d’elle-même. L’idéologie que nous devons avoir, c’est celle que je prône, c’est-à-dire l’union.
Il faut être uni. Nous ne pouvons pas être là en train de lutter pour le pouvoir pendant qu’autour de nous, il y a des guerres et les jeunes gens tombent comme des mouches. Le manifeste commence par une phrase : « Alcide, il y a eu trop de morts dans les rues, qu’est ce qu’on fait ? », a dit Ahoussou. Il était au Golf et moi à la résidence du président Gbagbo. Voilà comment les idéologies peuvent nous emmener à certaines absurdités. Si nous qui nous sommes retranchés chez le président, étions à la résidence et les autres au Golf et qu’en même temps toute la Côte d’Ivoire, s’entretuait, il ne resterait plus personne. Qui allions-nous gouverner ? C’est cela la réalité et il faut se réveiller.
Toute action qu’on veut mener en politique, c’est pour les hommes. Pourquoi sommes-nous prêts à nous braquer pour tel ou tel poste, ou position, et y mettre le prix pour sacrifier tout son peuple. En Afrique en général et en Côte d’Ivoire en particulier, les cadres ont une grande influence sur leurs populations. Si la classe politique n’arrive pas à s’entendre, il suffit qu’il y ait tel ou telle prise de position pour que les populations se regardent en chiens de faïence. Et, on sait comment cela se termine. Il faut donc faire très attention. Notre idéologie est celle de la protection, du bien-être des populations. C’est ça notre idéologie. Dans le manifeste, il est dit que nous voulons introduire une dose d’humanisme en politique, dans les luttes pour le pouvoir.
Vos fonctions de diplomate sont-elles compatibles avec l’activité politique que vous allez mener désormais ?
Je sais que d’un moment à un autre, je devrais me rendre disponible pour me consacrer entièrement au parti politique.
Dans vos propos liminaires, vous affirmiez que vous avez des affinités avec le président Ouattara. Nous voulons savoir vos relations avec le président Laurent Gbagbo ?
Je pense avoir déjà donné une réponse pour ce qui est de mes relations avec le président Gbagbo.
On parle de plus en plus de la reforme de la CEI. Pendant que certains veulent cette reforme avant les élections locales, d’autres pensent qu’il est opportun qu’elle intervienne après. Quelle est votre position par rapport à ce débat ?
De toutes les façons, il avait été décidé que les élections se tiennent. Et, il y avait la queue pour déposer les dossiers dans cette CEI non reformée. Alors, qu’est-ce qu’on pose comme question ? C’est déjà fait.
La création de votre parti se justifie-t-elle par le fait que vous avez été déçus par la ligne du FPI, votre pari d’origine ?
Je voudrais rendre hommage au président Affi N’Guessan parce qu’on a travaillé depuis sa sortie de prison pour parvenir à ce qui a été fait le 6 août, c’est-à-dire la libération des prisonniers et le dégel des avoirs. C’était notre plateforme minimale. C’est-à-dire travailler à cela. Je pense qu’avec l’atteinte de ce résultat, il faut passer à une étape mais tout le monde ne peut être prêt au même moment. Puisqu’il faut se rappeler, le FPI d’Affi N’Guessan prône la réconciliation. Au-delà de la libération des prisonniers, il prône également un gouvernement d’union. Il faut peut-être quelques étapes pour en arriver là mais ce qui me sort des tripes, c’est au-delà du gouvernement d’union. C’est ce qui est écrit dans le manifeste, parce que de toutes les façons, tous les programmes tant en Afrique qu’ailleurs sont des kits prêts à gouverner. Lorsque vous prenez le pouvoir, on vous dit voilà le kit, allez-y gouverner. Est-ce qu’il faut signer un accord avec le Fonds monétaire, un accord avec la Banque mondiale, et l’Union européenne en ce qui concerne les pays africains. Y compris l’UEMOA, la CEDEAO où il y a des critères de convergences. Ce sont donc des programmes très encadrés. Il n’y a pas d’originalité dans les programmes. Ce qui peut avoir de la valeur ajoutée pour les pays africains, c’est de tout faire pour qu’il y ait une gouvernance discrète.
C’est avec Watchard Kédjébo et Koné Largaton qui ont été des chefs de partis politiques que vous créez le Concorde. Est-ce à dire que leurs différents partis se dissolvent dans le nouveau parti, la loi ivoirienne ne permettant pas d’appartenir à deux partis politiques à la fois.
Je voudrais laisser la parole à Watchard Kédjébo et Koné Largaton pour répondre.
Watchard Kédjébo : Evidemment la loi ivoirienne est claire. Lorsque notre ainé le ministre Alcide nous a approchés pour nous faire part de son ambition de mettre sur pied une association de partis politiques, nous avons échangé longuement et nous avons vu la volonté. Il y avait beaucoup de points d’accords entre nous. On parle de concorde, on parle d’unité. Certes, nous étions présidents de partis, nous avions nos textes mais dès l’instant que nous avons été convaincus, nous n’avons pas trouvé d’inconvénient à rejoindre Concorde. Nous avons donc jugé utile de partir ensemble. Le samedi dernier nous avons eu un bureau politique extraordinaire au niveau de notre parti, le congrès national du peuple de Côte d’Ivoire pour nous fondre dans Concorde. Nous sommes dans Concorde et nos militants sont là pour l’attester. Je voudrais donc rassurer que nous n’avons pas de problème avec la loi de Côte d’Ivoire.
Koné Largaton : Je voudrais préciser que je n’ai jamais créé de parti politique. Vous pouvez le vérifier. J’ai été Conseiller politique de Lagou Henriette, de Mel Théodore et de Sam l’Africain. Mon rôle au sein de Concorde c’est d’amener mes camarades de l’ex-galaxie patriotique à participer à la vie politique et à contribuer à la vie nationale.
J’ai écouté l’hommage du président du nouveau parti au président Laurent Gbagbo. Dans son propos liminaire, il semble dire qu’en Côte d’Ivoire il y a d’un côté les bons et de l’autre côté les mauvais. Aujourd’hui il vient avec un parti politique pour selon lui neutraliser les clichés. J’aimerais bien savoir comment arrivera-t-il à neutraliser ces clichés.
Dans mes propos liminaires, j’ai dit que je voulais neutraliser les clichés. On me demande comment je vais y parvenir. Peut-être que c’est insupportable pour certains mais pour moi, c’est clair et net. On constate que les clichés reviennent dans les questions. C’est insupportable pour certains que je puisse dire que je rejoins le RHDP dirigé par Alassane Ouattara. Pourtant, c’est vrai. Voilà comment nous voulons neutraliser les clichés en posant des actes concrets. Peut-être que les clichés sont têtus, parce que je constate qu’ils reviennent dans vos questions. Même dans le ton on voit que vous n’êtes pas content.
En ce qui concerne l’hommage à Laurent Gbagbo, n’était-il pas juste d’attendre qu’il sorte d’abord de prison avant de créer un parti politique pour collaborer désormais avec le RHDP dont la contradiction avec le FPI a conduit Laurent Gbagbo en prison ?
Vous dites que peut-être qu’il fallait attendre la sortie de Laurent Gbagbo de prison pour faire quoi que ce soit. Cela me parait bizarre. Vous me demandez de croiser les bras pour attendre sa sortie de prison. Mais comment il sort de la prison ? Peut-être que par votre posture et votre attitude, vous contribuez à faire sortir les gens de prison. J’ai dit dans mon manifeste que depuis le mois de février, j’étais en train de plaider des cas de prisonniers quand le ministre des Affaires étrangères Amon Tanoh m’a confié qu’en août, il y aurait une loi d’amnistie et que tout le monde aura la liberté. Fallait-il que je reste couché pour attendre le miracle de la sortie des gens de prison ? C’est par la posture des hommes qu’on arrive à quelque chose. Il faut travailler. Et nous sommes en train de faire un très gros travail. Des gens qui ne savent pas vont s’interroger. Nous n’agissons pas par hasard. Parce que si jamais la Côte d’Ivoire retombe dans une autre crise, il n’y aura pas grand monde pour la relever. Je viens des Nations-Unies. Je viens d’y faire trois mois où j’ai présidé des comités notamment sur la Centrafrique. Quand vous rentrez dans ce dossier, vous vous rendez compte que ça va être difficile.
C’est comme un gros éléphant qui est tombé, chacun vient dépecer et prendre sa part. Cela avait déjà commencé ici en Côte d’Ivoire. Cette fois-ci, si on retombe dans la crise, ça va être très difficile. Les Etats-Unis qui participent pour 27 % dans chaque opération de maintien de la paix, ne sont plus prêts à s’engager à fond dans le financement. Pour renouveler le mandat de la MINUSMA au Mali, les négociations ont été rudes. Les Etats Unis voulaient seulement que quatre mois et ensuite on est à six mois et finalement à un an grâce à la France. Ce n’est pas évident que les autres cotisent à chaque fois pour vous relever si vous ne faites aucun effort pour rester debout et stable.
C’est cela la réalité. C’est ça qui nous pousse nous autres à prôner la concorde. Il n’y a pas de différence entre nous. Si on n’arrive pas à faire ce sursaut et à capter un peu plus l’attention du monde, on va toujours rester à gérer les situations d’urgence. La pauvreté est telle qu’on est tout le monde dans l’urgence. Il ne faut pas s’en contenter. C’est pourquoi, il faut faire des sauts qualitatifs comme ce que nous faisons aujourd’hui. Ce n’est pas une fatalité de rester dans les querelles intestines. Si on ne sort pas de là, à un moment donné, les gens ne s’intéresseront plus à la Côte d’Ivoire qui est un petit point dans le globe. Regardez la Libye aujourd’hui. A un moment donné, quand vous rentrez dans un certain jeu, il n’y a plus personne pour vous secourir. C’est pourquoi, il faut se mettre ensemble pour former un bloc afin de faire face aux responsabilités. De toutes les façons, si vous formez un bloc, il sera difficile aux autres de vous diviser.
En 2016, M. Alcide Djédjé a été candidat aux élections législatives pour le compte du FPI d’Affi N’Guessan. Aujourd’hui, il crée un parti et se désolidarise du président Affi. Selon nos informations, ce nouveau parti vient pour faire le lit à Affi N’Guessan du fait de la sortie de Mme Simone Gbagbo de prison. Qu’en est-il exactement ?
Il y a une question qui dit que je fais le lit au président Affi par rapport au camp Sangaré qui a le soutien l’ex-Première dame Simone Gbagbo. Cette question est quand même extraordinaire. Je viens de vous expliquer que je suis diplomate et que je parcours le monde. Personne dans le monde ne s’occupe des querelles Affi – Sangaré. Ça n’intéresse personne. Et il faut sortir de cela.
La crise que nous avons vécue est due au fait que notre commission électorale voulait à tout prix le consensus des acteurs politiques. N’ayant pas obtenu ce consensus, la Côte d’Ivoire a basculé dans la violence. Aujourd’hui, vous dites que l’idéologie de votre parti, c’est le consensus à tout prix. Est-ce que ce consensus à tout prix pourra réellement sauver la Côte d’Ivoire ?
Sur la question du consensus à tout prix, je ne me fais pas d’illusion. Mais personne ne peut démontrer que le consensus entraîne la violence. On ne peut pas atteindre le consensus dans l’immédiat. Mais nous disons qu’il ne faut jamais claquer la porte parce qu’on n’est pas d’accord et recourir à la violence. Le consensus que je propose c’est de toujours dialoguer et ne jamais recourir à la violence.
Propos recueillis par M.A.