En 2017, les grands industriels du chocolat qui s’étaient engagés à travers l’Initiative Cacao et Forêts (ICF) avec les gouvernements ivoirien et ghanéen pour débarrasser le cacao issu de la déforestation de leur chaîne d’approvisionnement, n’ont pas tenu parole regrette l’Ong Mighty Hearth dans un rapport présenté ce mercredi 16 février 2022 par visio-conférence organisée au siège du Raidh à Cocody-Angré.
Selon Dr Julian Oram, directeur Afrique de Mighty Earth, un des auteurs du rapport : « Petites douceurs : Le secteur du chocolat n’a pas tenu sa promesse de mettre fin à la déforestation dans ses chaînes d’approvisionnement en cacao »,
La Côte d’Ivoire a perdu 19 421 hectares de forêt au sein des régions productrices de cacao. Ce chiffre obtenu grâce aux données satellitaires complétées par des enquêtes sur le terrain, montre à souhait que l’engagement pris dans le cadre de l’ICF par les fabricants de chocolat et les gouvernements d’interdire la création de nouvelles exploitations de cacao, n’est pas respecté. « La Côte d’Ivoire ne dispose que 8% de ses fotêts primaires », a fait savoir Julian Oram.
Pour Mighty Hearth, les chocolatiers doivent jouer franc jeu dans la lutte contre la déforestation vertigineuse qui menace les espèces animales, notamment les chimpanzés et les hippopotames, et fait planer de graves menaces sur l’avenir du premier producteur mondial de cacao.
« Les fabricants de chocolat tels que Nestlé, Hershey’s, Mondelēz et Mars doivent cesser de faire de vaines promesses et collaborer dès maintenant avec les gouvernements signataires de l’ICF pour mettre en place cette année un mécanisme conjoint ouvert et efficace de surveillance de la déforestation », conseille
Glenn Hurowitz, directeur général de Mighty Earth, une organisation mondiale de plaidoyer qui œuvre pour la défense d’une planète vivante.
Freiner l’hémorragie
Pour mettre fin à cette hémorragie forestière, Mighty Hearth préconise la mise en place d’un mécanisme commun « ouvert et transparent » de surveillance de la déforestation par les chocolatiers, les négociants en cacao et le gouvernement ivoirien pour empêcher l’empiètement des forêts par l’expansion des plantations de cacao, et de cibler les initiatives visant à améliorer les moyens de subsistance des petits exploitants. Dans cette veine, les principaux chocolatiers et négociants en cacao devraient participer activement à la restauration des forêts dégradées et de la biodiversité en Côte d’Ivoire, s’engager à s’approvisionner d’ici 2025 en cacao issu de l’agroforesterie à hauteur d’au moins 50 %, et collaborer avec les coopératives de cacao et le Conseil café-cacao (CCC) pour aider les petits cultivateurs à passer des monocultures de cacao à des systèmes agricoles diversifiés. L’Union européenne, le Japon et les États-Unis devraient aller plus loin en adoptant une législation obligeant les entreprises à effectuer des contrôles de vigilance approfondis pour prévenir l’importation de cacao au risque d’interdire l’accès à leurs marchés des produits issus de la déforestation, préconise l’Ong. Si cette mesure est appliquée, ce serait la catastrophe pour le Côte d’Ivoire dont l’économie depend en grande partie de la fève brune.Nomel Essis