Au nombre de 66, des femmes fabricantes d’Attiéké (Ndlr, semoule de manioc à la vapeur) du village d’Azito, dans la commune de Yopougon, sont regroupées au sein d’une association depuis bientôt une dizaine d’années. L’ambition de ces braves dames, ne plus subir les affres de la désunion et de la misère.
Ce vendredi 26 octobre 2018, la journée de la Coopérative des femmes fabricantes d’Attiéké d’Azito (CEFFAA) connait une pause. Elles ont décidé de se consacrer à la cérémonie de rentrée solennelle des structures éducatives de base, qui se déroule, cette année, au Centre de la protection de la petite enfance du village d’Azito à Yopougon.
Sinon, d’ordinaire l’ambiance est totalement différente, nous confie la présidente de la coopérative Akré Patricia : « Tous les jours, du lundi au samedi, armées de nos couteaux, nous attaquons les tas de manioc qui serviront à la production de l’Attiéké destiné à l’exportation ». Pour elle, qui totalise une quinzaine d’années dans la fabrication de l’attièké, l’avènement de la CEFFAA « Apo Gbê » est vivement à saluer. « Nous sommes 66 femmes qui travaillons au quotidien. Auparavant, c’est individuellement que chacune faisait sa production mais avec l’avènement de notre coopérative, nous nous mettons maintenant ensemble. Et cela nous permet de pouvoir exporter facilement vers l’Europe notamment en suisse, en France, en Allemagne, ce qui nous permet de gagner plus et de ne pas manquer d’argent ».
Cette nouvelle stratégie, à en croire la présidente, est un facteur très important dans l’autonomisation financière des membres de la coopérative et surtout dans la lutte contre l’insécurité alimentaire des ménages. A cela, il faut ajouter le respect de la dimension économique, c’est-à-dire développer la croissance et l’efficacité économique, à travers des modes de production durables.
« En effet, chaque femme reçoit 1500 F Cfa par jour lorsque que nous travaillons. Et l’avantage de notre coopérative est que nous travaillons maintenant du lundi au vendredi au lieu d’une ou trois fois par semaine quand nous n’étions pas en coopérative. De plus chaque jour nous nous payons nous-mêmes. Ajouté à cela, le samedi quand chaque femme rentre à la maison elle prend avec elle un lot d’Attièké qui servira à la cuisine de sa maisonnée », renchérit-elle.
Les difficultés sont itinérantes
Malgré cette embellie, quelques difficultés font partie du quotidien de ces braves et battantes mères. Selon la présidente, la principale situation à laquelle elles et ses congénères font face, en ce moment, demeure la question foncière. En effet, nous raconte-t-elle, le village ne regorge plus de terres cultivable. Conséquence, la culture du manioc devient problématique.
Aussi le manioc étant une denrée de plus en plus couteuse, pour juguler cette situation, elle préconise qu’un fonds de roulement, devant permettre de remédier à ce manque, soit mis à leur disposition par les autorités. « Avec un fonds de roulement, nous pourrons aller dans un autre village, acheter soit une portion de terre et relancer notre production. Aujourd’hui planter soi-même le manioc est l’idéal sinon il serait difficile de s’approvisionner», a-t-elle souhaité.
Si, ce modèle de coopérative est une réussite dans le village d’Azito à Yopougon, le cas est loin d’être similaire au village d’Abobo-baoulé à Abobo. Le vécu de Mme Loba l’illustre très bien. « Cela fait plus de 15 ans que je fais la production de l’Attiéké. Ma journée de travail commence généralement entre 5h30 et 6h et s’achève vers 20 heures voire plus.
Très souvent quand nous nous réunissons, nous commençons par éplucher le manioc. Passé cette étape, nous nous rendons à la machine pour faire écraser le manioc. Puis s’ensuit le séchage, ensuite la préparation, elle-même proprement dite. A chacune de ces étapes, je fais appelle à une main d’œuvre constituée pour la plupart de femmes que je paie par tâche », raconte-t-elle. Selon ses propos, sa situation ne diffère pas de celle des autres fabricantes d’Attiéké du village. « Ici, aucune coopérative n’existe, nous travaillons individuellement ce qui joue sur notre rendement. Par contre certaines arrivent tout de même à pouvoir exporter un tout petit peu vers l’hexagone. Nous pensons que la solution demeure dans la mise sur pied d’une coopérative », confie-t-elle.
J.E.K