Le député Séka Camille comparaîtra devant un juge d’instruction le 6 juillet dans l’affaire relative à l’effondrement d’un immeuble en construction à Yamoussoukro le 13 juin. L’annonce a été faite, hier, par le porte-parole du gouvernement, Bruno Koné lors de la conférence d’après Conseil des ministres à Yamoussoukro.
Le 13 juin, l’effondrement d’un immeuble en construction au quartier Millionnaire à Yamoussoukro a créé l’émoi au sein de l’opinion nationale. Deux semaines après, l’on en sait un peu plus sur cette affaire. Hier, au cours de la conférence de presse d’après Conseil des ministres qui s’est tenue à la Fondation Félix Houphouët-Boigny à Yamoussoukro, le porte-parole du gouvernement, Bruno Koné a levé un coin du voile sur les conclusions de l’enquête ouverte. Selon lui, il ressort de cette investigation que la nommée Amincho, épouse Yobouet, propriétaire de l’immeuble « n’avait pas de permis de construire ».
Et plus grave, a fait savoir Bruno Koné, elle a « passé outre les mesures d’arrêt » ordonnées par la Mairie et par le ministère de la Construction. Une irrégularité dans la procédure qui a contraint la concernée à prendre la fuite dès la survenue du drame. « Elle est actuellement recherchée », a-t-il informé. Si Amincho Rosalie, épouse Yobouet a échappé, du moins pour l’instant à la justice, ce n’est pas le cas de Seka Camille et de Kouassi Théophile, respectivement concepteur et maître d’ouvrage du chantier. Selon le porte-parole du gouvernement, Kouassi Théophile, qui a suivi les travaux jusqu’au 3e étage, a été interpellé et placé sous mandat de dépôt. Quant au concepteur, il répondra de ses actes devant la Justice. «Le concepteur du plan du bâtiment, Séka Camille, député, est convoqué le 6 juillet devant le juge d’instruction. Il était absent au moment des faits», a précisé le ministre Koné. Mais, ce qui pourrait poser problème dans cette comparution, c’est que Séka Camille bénéficie de l’immunité parlementaire.
Sur ce sujet, Bruno Koné s’est voulu très clair : « Quand une affaire concerne l’Etat, nous nous imposons de faire en sorte que le droit soit scrupuleusement respecté. Donc les autorités judiciaires concernées connaissent le statut de la personne en question, elles prendront des dispositions pour que tout cela se passe conformément aux lois de notre pays ». Toutes ces procédures, à l’en croire, témoignent de la détermination du gouvernement par rapport à ce type de situation. «Le président de la République a donné des instructions fermes à tous les ministères concernés en particulier ceux en charge de la Construction, de l’Intérieur, et de la Justice afin que la loi soit intégralement appliquée. Et que toutes les personnes jugées fautives y compris celles qui auront commis des fautes administratives soient effectivement sanctionnées», a-t-il laissé entendre.
Pour ce qui est du bilan de ce drame, le porte-parole du gouvernement a fait état de «10 morts et de 21 blessés sur les 51 personnes présentes sur le chantier». Face à ce lourd bilan, il a indiqué que la ministre en charge de la Solidarité, Mariatou Koné a effectué une visite sur le terrain, et a rendu visite aux blessés et aux familles endeuillées. Des blessés qui sont entièrement pris en charge par l’Etat, a-t-il tenu à préciser.
Outre ce drame, Bruno Koné a abordé un sujet, tout aussi triste. Celui des pluies diluviennes qui se sont abattues les 18 et 19 juin 2018 dans le District d’Abidjan et dans quelques localités de l’intérieur du pays. Des pluies qui ont causé la mort d’une vingtaine de personnes, le déplacement de plusieurs familles et d’importants dégâts matériels. A la suite de ces inondations, un Conseil national de sécurité (CNS), présidé par le président de la République, Alassane Ouattara, s’est réuni, le 21 juin pour prendre des mesures. Ainsi, le Conseil des ministres a adopté une communication relative à l’état d’exécution des mesures arrêtées par le CNS. « Le Conseil a arrêté 11 mesures d’urgence portant sur l’assistance des sinistrés, du renforcement des actions de prévention contre de telles catastrophes », a informé Bruno Koné. Pour qui, l’exécution des mesures prises par le CNS que sont entre autres l’assistance sanitaire et financière aux populations sinistrées, le curage des ouvrages de drainage et le déguerpissement des personnes vivant dans les zones à risque est « se poursuit avec la plus grande fermeté » et se déroule de façon « satisfaisante ».
Bouaké et des régions du Nord bientôt desservies en eau potable
Le porte-parole du gouvernement a également fait l’annonce de mesures d’urgence prises par le Conseil visant à soulager les populations de la ville de Bouaké, des régions du Nord et le Centre-Nord de la Côte d’Ivoire. Ces mesures sont relatives à la desserte en eau potable dans lesdites localités. « En dépit des investissements importants réalisés par le gouvernement dans le secteur de l’eau potable, avec la mise en œuvre de projets structurants dans la ville d’Abidjan et dans plusieurs localités de l’intérieur du pays, la ville de Bouaké et quelques localités de l’intérieur ont connu une dégradation de la qualité du service public d’eau potable allant jusqu’à l’arrêt total de la desserte», a-t-il regretté. Pour remédier à cette situation en grande partie liée aux aléas climatiques, a fait savoir Bruno Koné, un programme d’extrême urgence est en cours d’exécution à Bouaké. D’un coût de 5 milliards de F CFA, ces travaux concernent la distribution d’eau par camion citerne, la réalisation et l’équipement de 20 forages d’appoints, la réhabilitation de 91 pompes à motricité humaine et la pose de deux unités de traitement d’eau. «En vue d’assurer un service de qualité et surtout d’assurer à long terme l’approvisionnement en eau potable des populations de Bouaké, le Conseil des ministres a décidé de la réalisation d’une conduite de transfert d’eau brute du lac de Kossou jusqu’à la station de traitement d’eau de la Lôka, située à Bouaké. Ce projet, au stade des études, est estimé à une quarantaine de milliards de F CFA », a-t-il poursuivi. Avant d’évoquer un autre programme d’urgence initié par le gouvernement toujours dans le même cadre destiné à 14 localités des régions du Nord et du Centre-Nord potentiellement en difficulté à court ou à moyen terme. Un programme estimé à 10,8 milliards F CFA.
Les mandats des membres de la CNDHCI prorogés
Autre point abordé par Bruno Koné : l’adoption d’une ordonnance portant prorogation des mandats des membres de la Commission nationale des droits de l’homme de Côte d’Ivoire (CNDHCI) ainsi que son projet de loi de ratification. «Cette ordonnance proroge jusqu’à la fin de l’année 2018, les mandats des membres actuels de la Commission centrale et du bureau exécutif de la CNDHCI », a-t-il annoncé. Une prorogation des mandats des membres de la CNDHCI qui a été décidée, a-t-il dit, en attendant la désignation des membres de cette commission conformément à la nouvelle loi portant création, attribution, organisation et fonctionnement de la CNDHCI.
Philippe Nado, Envoyé spécial