Les lampions des Jeux paralympiques 2024 de Paris se sont éteints ce dimanche 8 septembre avec une moisson très fructueuse pour la Chine qui devance de loin tous ses concurrents. L’Empire du Milieu totalise 220 médailles dont 94 en or, 76 en argent et 50 en bronze récoltés par 284 athlètes engagés dans 20 disciplines sur 22 possibles. Les athlètes chinois arrivent loin devant leurs poursuivants directs les Britanniques qui ont obtenu 124 médailles ; les Etats unis d’Amérique, 3ème, s’en tirent avec 105 médailles et les Pays Bas, 4ème, en décrochent 56. Depuis les Jeux paralympiques d’Athènes en 2004, la Chine écrase la concurrence. Piqués au vif, les États-Unis qui étaient premiers aux Jeux paralympiques de 1976 à 1996, rêvent de retrouver la première place à Los Angeles en 2028.
Les Jeux de Paris ont mis en lumière plusieurs grands champions venus de Chine, dont la nageuse Yuyan Jiang, 19 ans, qui repart avec sept médailles d’or autour du cou, et devient l’athlète la plus titrée à Paris.
Les Chinois ont établi un nouveau record du monde en 45 »07, juste devant la Grande-Bretagne (46 »01) et les États-Unis (47 »32) lors relais universel 4×100 m du para-athlétisme, un relais mixte et doit s’effectuer avec un ordre précis. Il est composé d’un athlète atteint d’une déficience visuelle, d’un sprinteur amputé d’un membre, d’une personne en situation de handicap moteur cérébral et d’un athlète en fauteuil.
En 2001, lorsque la ville de Pékin a été choisie pour organiser les JO et les Paralympiques de 2008, le gouvernement a mis en place un programme spécifique pour aider les para-athlètes dans la préparation et dans la détection. En 2007, le pays ouvre même un grand centre de préparation entièrement dédié au sport paralympique avec des infrastructures modernes. Pour la Chine, le sport reste un véritable outil de « soft power » à l’international.
Sélection rigoureuse
Plusieurs analystes essaient de percer les secrets de la réussite des athlètes chinois aux Jeux paralympiques depuis une vingtaine d’années. Il faut remonter à plusieurs décennies pour comprendre le succès actuel de Pékin. D’abord quand la Chine “a décidé à la fin des années 1970 de faire du sport une cause nationale. Elle a (alors) mis en place un certain nombre de moyens. Elle a centralisé la pratique sportive », croit savoir Lukas Aubin, directeur de recherche à l’Iris, chargé du programme sport et géopolitique. Lrsque le pays est sélectionné en 2001 pour organiser les JO de 2008, le président chinois Hu Jintao (2003-2013) “va décréter des plans pour développer les infrastructures et former des gens”, explique Arnaud Waquet, enseignant chercheur à l’université de Lille, spécialisé en sciences sociales du sport. “Et en 2001, (la Chine) veut se détacher du grand frère russe et montrer qu’elle est une puissance économique et donc il faut battre les Américains », ajoute-t-il.
La machine à gagner
En 2007, la Chine ouvre alors le plus grand centre de préparation au monde pour les para athlètes. Ce centre a pour but de “former des athlètes professionnels dans tous les sports et toutes les catégories de handicaps”, comme l’explique Paris Match, qui a pu visiter cette infrastructure de 23 hectares lors de son inauguration. L’hebdomadaire français la qualifie de “sans équivalent dans le monde : une sorte d’Insep mais entièrement dédié au sport paralympique avec des infrastructures modernes.”
En outre, Pékin s’attelle au recrutement d’entraîneurs étrangers et se repose sur 200 antennes dispersées à travers le pays pour mener des opérations de détection des para athlètes prometteurs. “On invite des personnes qui aspirent à pratiquer, on les détecte et la machine chinoise est en route. On sélectionne une grande cohorte de 1 000 personnes, on la réduit rapidement à 100, 50 puis 10 personnes qu’on va surentraîner. C’est la sélection pyramidale”, précise Arnaud Waquet.
Avec leurs nombreux succès, les para athlètes devraient avoir droit aux mêmes célébrations que les athlètes valides des JO à leur retour en Chine. Car le régime du président Xi Jinping ne s’en cache pas depuis des années : le sport est un véritable outil de “soft power” à l’international.
Nomel Essis