Dans les années 1970, la Côte d’Ivoire était autosuffisante en riz. Malheureusement, un voile sombre s’est abattu sur la filière ces dernières années. Les superficies cultivées ont diminué, en raison d’une réduction des appuis en intrants, en semences améliorées, et des difficultés de commercialisation.
Une autre difficulté réside dans la stagnation de la production. Cette stagnation s’explique par la limite atteinte des capacités de captage des unités de transformation, ce qui diminue fortement les flux de réception du paddy et engendre l’apparition de stocks pour lesquels les usiniers n’ont pas les investissements requis. En parallèle, les importations de riz sont en hausse. Elles sont dominées par le riz semi-luxe (16-35% de brisures) qui est le riz de grande consommation, représentant en moyenne 70% des quantités importées chaque année. Entre 2008 et 2022, les importations de riz ont doublé, atteignant 1,5 million de tonnes pour un coût de 830 millions USD en 2022.
Face à ces nouveaux défis, la Côte d’Ivoire veut rééditer l’exploit des années 1970 et même se positionner en exportateur net de riz. Avec plus de 2 millions d’hectares de terres cultivables et des ressources en eau abondantes, évaluées à près de 77 milliards de mètres cubes par an, la Côte d’Ivoire dispose d’un potentiel énorme pour une production durable de riz.
Pour ce faire, le gouvernement, sous la vision éclairée du Président Alassane Ouattara, a élaboré une nouvelle Stratégie Nationale de Développement de la filière Riz (SNDR 2), s’étendant de 2024 à 2030. Cette stratégie vise à atteindre une production de 4,16 millions de tonnes de paddy d’ici 2027, couvrant 97 % des besoins nationaux. À l’horizon 2030, il est prévu une production de 3,2 millions de tonnes de riz usiné, couvrant 105 % des besoins nationaux. Pour atteindre ces objectifs, un investissement de plus de 540 millions USD d’ici 2027, et près de 1,3 milliard USD à l’horizon 2030 est nécessaire.
« La Côte d’Ivoire a tous les atouts pour réussir. Actuellement, les surfaces irriguées en Côte d’Ivoire représentent environ 4,5 %, soit environ 35 000 hectares et 6 400 tonnes d’intrants. » a assuré Ousmane Diagana, vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’ouest et du centre, le 8 juillet 2024 à Abidjan.
Cette déclaration a été faite lors d’une Table ronde des partenaires techniques et financiers pour le financement de la Stratégie nationale de développement de la filière riz (SNDR 2024-2030), destinée à assurer la couverture des besoins nationaux en riz de qualité, en quantité et à des prix accessibles.
Pour lui, « Cette initiative de redynamisation de la filière riz en Côte d’Ivoire est cruciale pour relever ce défi, tant au niveau national que régional » car « Si la Côte d’Ivoire s’autosuffit, la région le sera aussi. », a-t-il souligné.
« Nous saluons l’objectif ambitieux du gouvernement d’augmenter la superficie des surfaces irriguées à 200 000 hectares, en garantissant la quantité et la qualité suffisantes d’intrants nécessaires» a ajouté Diagana.
Pour sa part, le Premier Ministre ivoirien, Robert Beugré Mambé, a estimé que la présente stratégie traduit la volonté du gouvernement de renforcer la résilience du secteur, de rendre l’agriculture plus compétitive et plus rémunératrice pour les acteurs de la chaîne de valeurs.
Quant au Ministre de l’Agriculture, du Développement Rural et des Productions Vivrières, Kobénan Kouassi Adjoumani, il dit compter sur la contribution de tous, Partenaires Techniques et Financiers, ainsi que secteur privé et secteur bancaire, afin de disposer des ressources nécessaires pour la mise en œuvre de la nouvelle stratégie.
Fulbert Yao (herrwall2007@yahoo.fr)