Face à la presse ce mardi 19 juillet 2022 à son Domicile à Cocody, Danièle Boni-Claverie, présidente fondatrice de l’Union Républicaine pour la Démocratie (URD) a donné son point de vue sur la proposition de loi demandant l’introduction en Côte d’Ivoire de la polygamie optionnelle.
Pour l’ex ministre Boni Claverie, dans une économie non mécanisée, la polygamie était justifiée par la nécessité de disposer d’une force de travail de la terre grâce au travail de plusieurs épouses et de nombreux enfants. C’était aussi pour les familles aisées le moyen de faire étalage de sa richesse et d’asseoir une certaine notoriété. La non maîtrise de la santé de reproduction pouvait aussi justifier la présence de plusieurs femmes auprès d’un seul homme dans le seul but de satisfaire sa libido.
Cependant, argumente t-elle « Aujourd’hui, les schémas ont changé et ce qui était vrai avant ne l’est plus »
« Cette pratique, à mon sens qu’on reproduit par mimétisme parce que l’inconscient collectif veut assimiler cette pratique à la richesse, le prestige et la virilité ne correspond plus à la réalité. Le travail des enfants est interdit dans les champs et l’agriculture se professionnalise. », a expliqué Boni Claverie
D’autre part, selon elle, l’instauration de ce système mettrait la Côte d’Ivoire « en contradiction avec le combat féministe qui se déploie de par le monde au nom des principes de l’égalité des sexes, de l’égalité en droit et de la parité entre hommes et femmes »
« En 2013, la loi relative au mariage consacre le principe de la gestion conjointe du ménage par les époux et l’abandon de la notion de chef de famille. Alors, en même temps que nous nous élevons contre les violences faites aux femmes, contre le mariage forcé, les mutilations génitales, les grossesses en milieu scolaire et qu’avec l’aide d’ONG internationales, nous encourageons nos soeurs, nos filles à se tourner vers des carrières politiques pour se libérer des contraintes culturelles qui aliènent les femmes, Nous accepterions, en totale incohérence avec nous-même de rentrer dans un système qui infantilise la femme, ne lui permet pas d’exprimer son choix et lui fait Courir le risque d’être considérée à un certain moment de sa vie comme une marchandise qu’on remplace par du » nouveau », a-t-elle souligné.
« Le mariage polygamique constitue une discrimination à l’égard des femmes. Celle-ci est soumise à l’autorité implacable du mari et la solidarité entre coépouses relève du mythe. Ce sont plutôt des rivalités, parfois féroces entre elles pour obtenir le statut de « la préférée ». Sur le plan économique, comment subvenir à la charge de plusieurs foyers là où sévissent le chômage et la précarité avec comme conséquence, la redistribution inégale des ressources domestiques ».
Aussi précise la ministre, « certes, le couple monogamique n’est pas une garantie de bonheur mais le foyer polygamique renvoie une image déséquilibrée en contradiction avec le principe d’égalité vers lequel nous tendons ».
Mme Boni Claverie ne nie pas qu’il y ait des femmes qui soutiennent le régime polygamique. Selon elle, « Ce sont en général des cadres, autonomes financièrement dont la préoccupation essentielle est de se donner un statut matrimonial de femmes mariées, notre société acceptant difficilement le célibat féminin. »
« La polygamie existe sur le plan religieux et traditionnel. Le Code civil ne l’admet pas et le Code pénal l’interdit. Nous voulons que les choses restent en l’état. Cela veut-il dire qu’il faut laisser ceux qui la pratiquent à leur sort ? Il serait temps par exemple que ce débat débouche sur l’organisation d’un régime de Protection pour les enfants issus de foyers polygamiques. Il ne faut surtout pas que cette proposition optionnelle soit un cache-nez au libertinage et aux relations extra conjugales. », a t elle déclaré.