Les législatives du 6 mars dernier se sont achevées à Lakota Commune et Sous-préfecture avec une victoire du candidat Rhdp que vous êtes. Quelle analyse rétrospective faites-vous, de façon générale et de façon particulière à Lakota, du climat politique qui a prévalu lors de cette élection inclusive ?
Je voudrais remercier la presse nationale de nous avoir accompagnés dans cette aventure politique de haute portée pour notre pays. Il faut noter que c’est une ère qui commence avec cette élection qui boucle le processus politique de la décennie 2020-2030 qui commence. Ces élections législatives étaient donc très importantes pour notre pays ; car depuis près de 20 ans, c’est vraiment la toute 1ère fois que toutes les formations politiques de la nation s’engagent dans une élection. Un scrutin inclusif donc. Notre pays devait montrer une maturité sans pareil aussi bien au plan national qu’international. C’est ce que mon Parti, le RHDP, a démontré au cours du scrutin du 6 mars dernier. Cela s’est ressenti pour nous, dans les préparatifs de cette législative.
Un scrutin rondement et scientifiquement préparé. En plus, il y avait le discours responsable tenu par tous les candidats du RHDP, la proximité avec les populations que nous devions représenter à l’Hémicycle. La pré-campagne comme la campagne elle-même a été bien préparée par tous les candidats.
Pour nous à Lakota, contrairement au chant du cygne qui se profilait à l’horizon, nous sommes restés proche de la discipline du Parti, inculquée par notre mentor, SEM Alassane Ouattara, président de la République et Président du RHDP ; mais aussi par notre culture politique, notre éducation et notre vision de la construction nationale, inspirée de celle du Chef de l’Etat. Notre n’avons donc pas donné dans la provocation et l’invective ainsi que dans les débats de bas étages. Certes, il y avait un climat d’insécurité qui pesait dans notre circonscription, mais nous avions pris toutes les dispositions nécessaires pour la sécurisation du scrutin car nous avions confiance dans nos atouts. Nous étions optimistes certes, mais notre compagnon fidèle était la prudence. En réalité, aucune élection n’est gagnée d’avance, malgré les certitudes préalables. Voici notre leitmotiv.
Pour vous quels ont été les éléments de langage à l’avantage des candidats du Rhdp que vous étiez face à une opposition (Fpi pro-Gbagbo et Pdci) qui faisait son retour dans le jeu politique et qui avait pour seul objectif la récupération du pouvoir législatif ?
L’élément de langage qui a prévalu au cours de cette campagne a été en premier lieu celui de la paix et de la cohésion sociale. De notre point de vue, le jeu politique est loin et très loin d’un champ de bataille rangée. La politique, à l’occasion d’une élection, est plutôt un champ de vision sociétale, de vision de gouvernance, de proposition de projets politique, économique et social. Il faut donc laisser aux populations, le choix du meilleur projet de société.
En la matière, le RHDP était bien et très bien nanti : Il y avait le bilan du Président Alassane Ouattara, sur tous les plans : économique, social, politique, diplomatique. Ces dix (10) dernières années, on a vu la transformation, que dis-je, la transfiguration de notre pays après deux décennies de plongée dans l’abîme. Dans tout le pays, les routes sont tracées, les écoles primaires sont construites en masse vertigineuse, les centres de santé, hôpitaux et maternités surgissent de terre, les universités naissent pour renforcer le dispositif existant, les villages sont électrifiés, d’autres consomment dorénavant l’eau potable.
La vie, des fonctionnaires et agents de l’Etat, est qualitativement transformée avec le déblocage des salaires, stagnés depuis près de 30 ans. Le Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG) est doublé.
Sans être exhaustif, voilà un peu le bilan au plan national. Mais qu’en est-il au niveau local, dans notre département ?
On peut le dire, le département de Lakota a largement bénéficié de la gouvernance Ouattara avec plus de 40 écoles primaires, l’électrification de beaucoup de villages, le bitumage de la voie centrale, la construction du pont de « DAYOROGOLY », la rénovation de l’hôpital général, le don de six (6) ambulances, la construction et la programmation de 14 collèges de proximité. L’insertion professionnelle de nombre importants jeunes du département dans toute leur diversité. Ce sont des choses inédites dans notre département depuis l’indépendance. Les populations ont donc opéré un choix judicieux entre la gouvernance du RHDP de 2011 à 2021 et le bilan de ceux qui ont géré le pays de 2000 à 2010. L’élément de langage s’est axé autour de la comparaison de ces 2 bilans. Il ne faut oublier 2 choses :
-Il y a eu la gouvernance du PDCI-RDA de 1993 à 1999 ;
– la seconde est que de 2000 à 2010, le cœur du pouvoir, donc de la gouvernance GBAGBO était à Lakota.
Notre département a-t-il bénéficié de cette gestion ? A part feu Monsieur le Ministre d’Etat Emile Boga Doudou, qui fut une étoile filante pour la jeunesse, qui d’autre a regardé la jeunesse de Lakota ? Celui-là avait une haute idée de l’épanouissement de la jeunesse et des populations de notre département. Après lui, pourtant, ceux qui viennent négocier une place à l’hémicycle en 2021 étaient tous, haut et très haut placés entre 2000 et 2010. Quels actes concrets ont-ils posé ?
A Lakota, Vous êtes sorti vainqueur d’une élection contre un des caciques du pouvoir Gbagbo, en la personne de l’ancien ministre d’Etat Lida Kouassi Moïse. Quels ont été vos atouts pour battre ce pro-Gbagbo dans cette région considérée comme un bastion du Fpi pro-Gbagbo ?
C’est vrai que la zone est difficile, mais je voudrais que l’on se départisse un peu de l’idée reçue selon laquelle Lakota serait le fief du FPI. De mon point de vue, il n’y a pas de citadelle imprenable. Il n’y a pas de bastion assujetti à une classe politique ou à une formation politique. La preuve, à Lakota commune et Sous- Préfecture, le RHDP y est depuis 2011. A Zikisso, de 2011 à 2021, nous sommes à la Mairie et à la Députation.
Dans la circonscription électorale de Goudouko- Niambézaria, c’est le RHDP qui est gagnant depuis 2011. OUI ! On peut arguer que lors des scrutins précédents, on était avec le PDCI-RDA. Mais en 2021, sur trois (3) sièges dans le département, le RHDP a obtenu deux (2). Les Mairies de Lakota et de Zikisso sont dans l’escarcelle du RHDP.
En fait, depuis deux (2) décennies, nous travaillons dans la perspective de faire taire cette idée reçue. Par ailleurs, si telle est la perception de l’opinion par rapport à notre département, zone rouge, alors, qu’on en tienne compte dans la gestion politique.
Personnellement, je ne me fais de complexe. Je vais humblement avec mes forces et mes faiblesses, avec ma relative connaissance du terrain politique que je pratique depuis 1994.
Mais au préalable, j’ai été le tout premier Président de la jeunesse communale de Lakota dans les années 80. Par ailleurs, à mon plus jeune âge, j’ai mené une vie associative et sportive très active dans le département et cela depuis 1969. C’est cette somme d’expériences que J’essaie de mutualiser et qui nous permet de comprendre nos populations dans leurs diversités et à tous les niveaux de leurs aspirations. Donc, quel que soit le candidat que je trouve en face, j’aurais mon mot à dire dans toute confrontation électorale.
Je ne dis pas que je gagne d’emblée, mais le parti politique que je représente, le RHDP, aura son mot électoral à dire. Voilà le premier atout : La relative connaissance du terrain, la proximité avec les populations, la compréhension et le fait de rester sensible à leurs préoccupations. Le reste, nous l’avons évoqué plus haut : le bilan de la gouvernance Ouattara, les effets positifs et palpables de cette gouvernance sur Lakota.
Lors de cette élection, votre adversaire Lida Kouassi a beaucoup surfé sur les propos tribalistes et xénophobes. Quel est aujourd’hui votre réponse face à cette stratégie politique ?
Honnêtement, je n’ai jamais voulu donner de réponse à de telles stratégies politiques, si cela est vraiment une stratégie. Pendant toute ma campagne, je n’en ai pas fait une préoccupation majeure car les besoins de nos populations sont ailleurs. Je trouve ce type de débat malsain, nauséeux, qui n’honore ni son initiateur, ni son animateur. Je ne souhaite pas être animateur de ce genre de débat. Vous savez, dans mon esprit, le sous-développement est d’abord mental, moral, spirituel et voire intellectuel.
Le véritable problème de la Côte d’Ivoire ces 20 dernières années, ce sont certains intellectuels, nous les intellectuels. Notre pays réussira son envol véritable si nous, ses intellectuels, transcendons nos ambitions individuelles, nos intérêts personnels pour fumer le calumet de la paix Républicaine.
Je le dis parce que le discours populiste est entré et est encré dans l’argumentaire des intellectuels. Il est même présent dans le monde universitaire par l’entremise des intellectuels. Quand nous nous trouvons en difficulté face à un adversaire coriace qui a une perspective alléchante pour nos concitoyens, au lieu que prévale une vision politique propre à un projet de société et à un programme de gouvernement, non ! C’est le populisme du genre : Tel n’est pas de chez nous. Dans cette logique, tous ceux que l’on ne connait pas dans sa sphère géographique sont des étrangers. Pour notre ambition personnelle, nous ignorons royalement l’histoire et la composition sociologique de notre pays. Ainsi, on induit nos parents et les profanes en erreur avec des langages orduriers.
Je n’ai pas donné de réponse à ces propos xénophobes et tribalistes parce que ce n’est pas de cela que notre pays a besoin. Ce n’est pas de cela que le peuple DIDA a besoin.
Lakota est un département ou les populations vivent en osmose. Le métissage est une réalité palpable. Cela, à l’image de notre pays qui est grand et donc multiethnique.
Il nous faut dépasser les considérations propres à nos régions, nos cantons, nos tribus, nos ethnies et nos familles pour construire une vraie nation. Je retiens simplement ici qu’un Ministre d’Etat n’est forcément un Homme d’Etat. L’Homme d’Etat préfigure la construction de la cité de demain, selon le mot de LS Senghor.
Par ailleurs, quitter le pouvoir et ses avantages n’est pas facile à supporter. Mais d’autres y sont passés. Une hirondelle ne faisant pas le printemps, les gouvernants actuels passeront, certainement après 30 ou 40 ans de bonne et excellente gestion. Mais ils passeront. Mais que laisseront-ils à la postérité ? Qu’est-ce que leurs devanciers PDCI-RDA et FPI ont laissé ? C’est donc conscient de cette réalité qu’en tant que Député, nous devons, pendant cette législature, nous atteler à rapprocher les bords. Nous sommes certes de bords politiques différents, nous avons des convictions et des visions politiques et idéologiques divergentes, mais nous ne sommes pas des ennemis. Comme fils et filles de Lakota, nous avons l’obligation de nous battre pour le bien être de nos populations.
Avant-hier, c’est le PDCI-RDA qui était au pouvoir, avec les enfants de Lakota, hier, c’était le tour du FPI avec des filles et des fils de notre département. Aujourd’hui, c’est le RHDP qui est dans l’arène, avec des enfants de Lakota.
Chacun, à tour de rôle, doit pouvoir apporter sa pierre à l’édifice du rayonnement de notre département. C’est notre conception des choses, relativement à notre contribution à la construction nationale d’abord, et ensuite à l’épanouissement de la cité des éléphants « Lôkôdâ ».
L’on est tenté de soutenir que cette victoire de Kouyaté Abdoulaye du Rhdp à Lakota face à Lida Kouassi Moïse du Fpi pro-Gbagbo, est la plus grosse victoire du Rhdp dans cette élection législative après la défaite de votre parti à Yopougon…
Ecouter, c’est vous qui appréciez les actes politiques que nous posons. Au cours de cette campagne, j’ai parcouru presque tout le département. Mon ambition personnelle était de donner trois Députés au RHDP. Nous avons gagné deux (2) sur trois (3). Je ne me suis jamais mis dans une compétition interne de comparaison. Je devais donner un Député au RHDP et au Président de la République pour conforter sa position politique à l’hémicycle.
Il fallait montrer au monde entier que le RHDP est le vrai parti qui couvre tout le territoire national. Nous ne sommes confinés dans aucun V ou W ou Y. nous sommes un Parti National !
Avec l’aide de Dieu, mon équipe et moi avons réussi à faire la démonstration de cette réalité. Nous rendons grâce à Dieu et remercions infiniment SEM Alassane Ouattara de nous avoir fait confiance. Cette victoire est notre modeste contribution à la consolidation de la cohésion sociale de notre pays en vue de son émergence.
Honorable, malheureusement cette élection s’est achevée avec un grand malheur qui a frappé votre parti et tout le pays avec le décès du Premier ministre Hamed Bakayoko. Quel hommage rendez-vous à cet illustre disparu ?
Comme vous le dites, la Côte d’Ivoire est une fois de plus éprouvée par ce deuil. Après SEM Amadou Gon Coulibaly en juillet dernier, juste après les législatives de 2021, nous sommes frappés. Avec ce malheur, notre pays vit dans une sorte d’oxymore, appelée encore alliance de mots où se côtoient joie et peine, extase et tragédie. Nous sortons d’une élection législative gagnée avec panache, et déjà, nous voilà plongés dans ce drame.
Une douche froide accueille notre victoire avec le rappel à Dieu de l’homme d’exception que fut SEM Hamed Bakayoko. C’est dommage et même cruel comme sort. A l’analyse, « comme on le dit chez nous, une sauce succulente ne dure jamais dans la marmite ». Quand on voit et on entend ce vaste élan de témoignages, on peut conclure que la vie du Premier Ministre Hamed Bakayoko ressemble à une tragédie. Un héros promis et promu à un destin exceptionnel, mais de courte durée. Il fut une étoile filante dans le ciel ivoirien, comme Achille dans la mythologie gréco-romaine, lors de la guerre de Troie. Ainsi, cet homme multidimensionnel s’en est allé. Ciel ! Je retiens de lui, un homme de culture. Il me vient à l’esprit, ce 26 Aout 2020, ou il devait accorder une audience à l’Union des Enseignants du RHDP (UE-RHDP) dont je suis le Président.
Pendant les préparatifs de cette rencontre, nous nous demandions ce que nous pouvions bien offrir à cet homme qui avait tout, à nos yeux. Nous avons conclu qu’il lui fallait un tableau hautement symbolique. A notre grande surprise, nous avons vu un Monsieur Amoureux de l’art dans tous ses états, un passionné de la culture dans toutes ses dimensions. Il s’était grandement enthousiasmé devant ce tableau. Il aimait aussi la peinture, comme la musique, comme l’ART !
Par ailleurs, les témoignages attestent que sa générosité enjambait les ethnies, les tribus, les régions, les religions, les chapelles politiques et sociales.
Il était l’ami des nantis et détenteur du pouvoir d’Etat, mais aussi le confident et le soutien des démunis. Ceux-ci pouvaient à tout instant, poser leurs têtes désespérées sur son épaule généreuse. Il était tout simplement multidimensionnel. Je crois que nous, les dits grands intellectuels, nous qui avons cumulé et accumulé tous les diplômes dans toutes les Université du monde ; nous devons nous inspirer de la leçon de vie du Premier Ministre Hamed BAKAYOKO. Nous, Docteurs, Professeurs titulaires de chaires après qui c’est la fumée, nous devons nous inspirer du pont politique que Hamed BAKAYOKO plaçait entre les hommes politiques aux idéologies différentes, mais aussi entre les couches sociales.
Il était certes dans sa tour d’ivoire, mais il descendait constamment dans le peuple pour communier. Que son Âme repose en paix et qu’elle protège notre pays tout simplement.
Quel est le calendrier politique du président de l’Union des enseignants du Rhdp que vous êtes ?
Avant cela, permettez que j’exprime toute ma reconnaissance aux populations de Lakota, dans toute leur diversité. Les Chefs de Cantons, les Chefs de village, les chefs de communauté, les femmes, les jeunes de tous les bords, les groupements associatifs et les guides religieux pour leurs prières et bénédictions. Nous leur disons merci de nous avoir accompagnés positivement dans notre culture d’élection apaisée. Très bientôt, nous allons faire des grandes missions de remerciements et ensuite, s’il plait à Dieu, viendra l’organisation de la grande fête de remerciement.
Quant à l’UE-RHDP, nous voulons remercier toutes nos 675 sections et nos 135 coordinations départementales à travers le pays. Nous sommes reconnaissants de l’élan de solidarité dont nous avons été l’objet. Qu’elles en soient infiniment remerciées.
Avec notre structure, nous allons poursuivre nos activités liées aux investitures des sections non encore installées. Nous comptons continuer avec les grandes rencontres régionales sur des thèmes choisis en accord avec la Direction exécutive du RHDP. Le 3ème axe de notre programme d’actions sera la formation nationale, toujours avec la Direction exécutive. Je crois que l’élection présidentielle et les récentes législatives nous donnent une opportunité et donc nous conforte dans notre logique selon laquelle nos militants ont besoin de formation politique certes, mais de formation à la citoyenneté. Nous allons nous y atteler car c’est notre mission.
Sercom