Laurent Gbagbo veut la « bagarre » pour exiger sa réinscription sur la liste électorale. Chérif Hamed Haïdara dit non!
Le président du Rassemblement démocratique ivoirien (RDI) souhaite plutôt que « l’intérêt supérieur de la nation » soit préservé et que les « excès » de langage soient évités.
Il s’est exprimé le jeudi 12 juin 2025, lors d’une conférence de presse au siège de son parti à Abobo.
« Dans nos propos, dans nos gestes, même dans les pensées qui nous animent, il faut que nous ne perdions pas de vue que l’intérêt supérieur de la nation recommande que nous fassions chacun preuve de modération. C’est le signe de l’humilité de l’Homme », a-t-il déclaré.
« Le président Laurent Gbagbo est un fils de ce pays qui tire sa popularité de sa proximité avec son peuple. On est unanime : il est vraiment humain et altruiste. C’est pourquoi nous pensons qu’avec un peu de recul, il ne peut pas assumer d’envoyer les gens casser tout pour que son nom soit réinscrit sur la liste électorale », a souligné le conférencier.
Pour lui, un appel à manifester est légitime. Cependant, la loi encadre l’organisation des manifestations, et il espère que Laurent Gbagbo conduira ses partisans à s’y conformer.
Chérif Hamed Haïdara estime par ailleurs que l’opposition et le parti au pouvoir doivent « prioriser la voie de la négociation », car « les violences ne produisent toujours que la désolation et l’amertume ».
Toujours selon l’opposant, on peut ne pas aimer le président Alassane Ouattara, mais il faut reconnaître que l’homme a un leadership indiscutable.
« Son action à la tête de ce pays pendant ces quinze dernières années nous a valu d’importantes infrastructures économiques qui font et feront la fierté de notre peuple encore très longtemps. D’autre part, sur le volet sécuritaire, le régime Ouattara gère avec maestria la question de la sécurité, pour garantir aux Ivoiriens un climat dans lequel ils mènent leurs activités et gagnent tranquillement leur pain quotidien. Pendant ce temps, le terrorisme éprouve d’autres pays voisins. Ce n’est pas rien », a rappelé M. Haïdara.
« Nous ne disons pas que tout est rose ici ! Mais nous pensons que le nom d’Alassane Ouattara doit s’inscrire en lettres d’or dans les annales de l’histoire de notre pays. Et c’est pourquoi les militants, et notamment les dirigeants de son parti, le RHDP, gagneraient à mettre balle à terre. L’opposition ne brandit pas d’entrée l’épée. Elle demande de s’asseoir pour discuter de bonne foi. Nous encourageons le RHDP à y aller. On ne peut pas aimer Alassane Ouattara et refuser de discuter pour préserver la paix dans ce pays pour lequel il s’est tant investi. Et nous n’avons pas d’autre pays que la Côte d’Ivoire », a ajouté le président du RDI.
Hamed Haïdara souhaite toutefois qu’en tant que démocrates, réellement disciples du président Félix Houphouët-Boigny, le RHDP et l’opposition aillent « à la table de négociation pour sauver le pays ».
Par ailleurs, il a appelé le président Alassane Ouattara à prendre une décision en vue de l’inscription des opposants radiés sur la liste électorale.
« Monsieur le Président, le temps n’est pas bon et les bruits qui nous parviennent nous inquiètent. En votre qualité de chef de l’État et donc d’Autorité suprême dans ce pays, je voudrais respectueusement vous demander de prendre vos responsabilités pour nous sauver. Faites un geste envers vos frères exclus de la liste électorale par la justice, s’il vous plaît. L’histoire retiendra, en plus de tous les sacrifices que vous avez consentis jusque-là, ce geste salvateur. Et votre peuple vous le revaudra toujours », a-t-il martelé.
L’opposant a assuré par ailleurs que son parti, le RDI, veut « participer à des élections inclusives et transparentes », mais pas à n’importe quel prix. C’est pourquoi il n’a cessé d’appeler à la concertation.
« Nous avons toujours demandé la réduction de la caution et la suppression des parrainages. En attendant, nous nous organisons. Même à un mois des élections, si elles sont maintenues au 25 octobre 2025, nous pouvons encore agir », a-t-il conclu.
Fulbert Yao