La Côte d’Ivoire et le Ghana représentent 65 % de la production mondiale de cacao, mais les agriculteurs de ces deux pays gagnent moins de 6 % du revenu total de l’industrie du chocolat, évalué à environ 130 milliards de dollars par an. De nouvelles études ont montré que la part des « cultivateurs de cacao » dans l’ensemble de l’industrie du chocolat a considérablement diminué au fil des ans, car les négociants, les marques et les détaillants ont accumulé des superprofits. Par exemple, selon Fairtrade, lorsque les prix du cacao étaient élevés dans les années 1970, les producteurs de cacao gagnaient jusqu’à 50 % de la valeur d’une barre de chocolat. Ce chiffre est tombé à 16 % dans les années 1980 et, aujourd’hui, les agriculteurs ne reçoivent qu’environ 6 % de la valeur. Cela a entraîné des niveaux élevés de pauvreté et de difficultés pour les producteurs de cacao des deux plus grands pays producteurs de cacao au monde. Aujourd’hui, les producteurs de cacao ne vivent pas, ils ne font que survivre, révèlent la Plateforme Ivoirienne pour le cacao durable et la Ghana Civil-society Cocoa Platform, dans un communiqué lundi.
elles précisent par ailleurs qu’en tête de liste des raisons expliquant cette situation malheureuse, figure le refus des multinationales du cacao et du chocolat de payer le juste prix pour les fèves de cacao. La plupart se cachent derrière leurs soi-disant programmes de durabilité pour éviter de payer un revenu vital aux agriculteurs. Ce qui est encore plus décourageant, c’est que le Ghana et la Côte d’Ivoire sont contraints par ces multinationales de vendre leurs fèves de cacao en dessous du prix du marché en vigueur, prix du marché qui lui-même déjà réduit. Elles ont également utilisé des tactiques de marché déloyales, telles que les mécanismes de différentiel d’origine négatif, pour appauvrir davantage les petits producteurs de cacao locaux en leur retirant les primes nationales tout en prétendant payer le différentiel de revenu décent (DRD) introduit il y a environ deux ans. Le DRD est finalement devenu une vue de l’esprit et non une réalité tangible dans la vie des producteurs de cacao. Les gouvernements et les régulateurs des deux pays sont toujours accusés par les parties prenantes des pays pour leur rôle dans l’absence de fixation de prix bord-champ à des niveaux garantissant un revenu vital aux producteurs de cacao. Mais ce qu’il faut bien comprendre, c’est que les gouvernements et les régulateurs ne peuvent pas donner ce qu’ils n’ont pas, et qu’à l’heure actuelle, les prix du marché en vigueur rendent presque impossible la fixation de prix bord-champ à des niveaux qui assureraient un revenu décent aux agriculteurs. Il est plutôt ahurissant et injuste de constater que les prix des autres produits qui composent la barre de chocolat, à savoir le lait et le sucre produits dans les pays consommateurs, ont tous augmenté de façon astronomique, alors que celui du cacao ne cesse de diminuer.
Fulbert Yao