Depuis le 16 Avril 2024, de nombreuses entreprises industrielles ont fait le constat de ce que leur approvisionnement en électricité était fortement perturbé, la situation allant pour certaines, jusqu’à l’absence total d’électricité.
Ces coupures récurrentes d’électricité, allant jusqu’à une interruption totale prolongée,intervenues sans information préalable des entreprises industrielles, ont entraîné pour elles, d’importantes pertes de production, dans certains cas des dégâts matériels sur leurs outils de production, outre les pertes financières induites, notamment, par l’usage de moyens alternatifs de production d’électricité ou le maintien des dispositifs ordinaires de production alors même que l’électricité n’était pas disponible.
Pour attirer l’attention des autorités sur cette situation, les entreprises impactées, par le biais, d’abord de leur faîtière, puis de la CGECI ont saisi Monsieur le Ministre des Mines et de l’Energie, Monsieur le Ministre du Commerce, puis Monsieur le Premier Ministre par différentes correspondances.
Dans le prolongement de ces saisines, et en vue de donner plus de visibilités à tous, la Confédération Générale des Entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI) a organisé une réunion d’information et d’échanges le vendredi 3 mai 2024, à la Maison de l’Entreprise, entre les opérateurs économiques impactés par cette crise, la Direction Générale de l’Énergie (DGE),la Compagnie Ivoirienne d’Électricité (CIE) et de Côte d’Ivoire-Energie (CI-Energie).
Cette rencontre s’est tenue en 2 étapes : d’une part, une réunion avec les représentants du secteur des mines et d’autre part, une rencontre avec les autres entreprises industrielles auxquelles s’est associée la Fédération des Petites et Moyennes Entreprises (FIPME).
I. Informations sur la cause de la crise énergétique
Au cours des échanges, la CIE, la DGE et CI-Energie ont exposé aux miniers puis aux autres entreprises industrielles, les causes de la crise énergétique en cours, ainsi que les dispositions prises pour en réduire l’impact sur le secteur privé.
Suivant les informations communiquées par le Directeur Général de l’Energie, *la crise actuelle est due à deux (02) incidents majeurs survenus coup sur coup le 16 avril 2024,chez les deux principaux producteurs indépendants d’électricité que sont la centrale d’AZITO et celle de CIPREL, qui ont entraîné la perte de 400 Mégawatt de puissance d’électricité.
CONTENU DES ECHANGES
Ces incidents font suite à celui survenu à la centrale d’AZITO le 15 janvier 2024, qui a occasionné à lui seul une perte de 253 Mégawatt d’énergie.
L’impact combiné de ces incidents correspond au total, à une perte cumulée de 653 Mégawatt sur l’ensemble du pack de production, représentant 22% de la puissance disponible.
A ces 653 Mégawatt s’ajoutent un déficit supplémentaire dû à une nette augmentation de la demande d’électricité qui fait passer le déficit à 800 Mégawatt.
II. Prévision pour un retour à la normale
Les Directeurs Généraux de la CIE, de la DGE et de CI-Energie ont expliqué que les prévisions de retour à la normale sont globalement bonnes, en tenant compte de l’importance des avaries qui ont occasionné cette crise. Suivant leurs indications en effet, les opérations de réparation sont en cours. Ainsi :
– La machine de CIPREL a été restaurée et a pu faire un retour sur le réseau avec une disponibilité de 165 Mégawatt d’électricité produit
Les réparations des deux groupes de la centrale d’AZITO à l’arrêt, (respectivement d’une capacité de 235 et 253 Mégawatt) sont en cours. Ces deux (02) seront disponibles en juillet 2024 pour le premier groupe et à fin décembre 2024 pour le second.
III. Perspectives de renforcement du réseau
Le Directeur Général de l’Energie a également évoqué des projets en cours dans le cadre du renforcement des capacités installées du réseau national en vue de couvrir les besoins toujours croissants en électricité exprimés par les populations et les entreprises.
Il a ainsi mentionné :
– la turbine à vapeur et la turbine à gaz d’Atinkou, en cours de finalisation d’une capacité de 135 Mégawatt ;
– l’entrée en service prochaine du nouveau barrage de CI-Energie d’une capacité de 40 Mégawatt
Ces capacités de production supplémentaires devraient permettre de disposer d’une puissance additionnelle totale de 175 Mégawatt et favoriser ainsi un retour à une situation normale.
Pour autant, il a précisé que dans le cadre de la mise en service prochaine du nouveau barrage de CI-Energie, les travaux de connexion pour les besoins d’injection de l’électricité produite sur le réseau pourraient conduire à un arrêt momentané de certains équipements avec pour effet d’entrainer une baisse de la quantité d’électricité dans cette période.
IV. Mesures transitoires
Sur ce point, le Directeur Général de la CIE a expliqué que le retour progressif à la normal avec la réparation des groupes à l’arrêt et les mesures de renforcement du réseau conduisent à avoir plus de visibilité de sorte qu’un planning dns la fourniture d’électricité peut être proposé aux entreprises impactées.
Ainsi, afin de gérer au mieux la crise en cours, les mesures conservatoires suivantes ont été proposées par la CIE aux miniers ainsi qu’aux autres entreprises industrielles.
Une mise à disposition de l’électricité pendant 8h en moyenne par jour.
En effet, suivant les besoins des entreprises, 3 cycles ont été définis : les cycles courts (8 heures de fourniture), les cycles moyens (12 heures de fournitures) et les cycles longs (24hà 48h).
Ce faisant, les entreprises industrielles ont été réparties en 9 groupes suivant leur cycle de production. Ce sont les miniers, 3 groupes d’industriels à cycle long et 6 groupes d’industriels à cycle moyen et court.
Le calendrier de mise à disposition de l’électricité sera communiqué avant le début de chaque semaine à chaque groupe afin de permettre aux entreprises de mieux s’organiser.
La CIE a rassuré les industriels sur sa disponibilité à tenir compte de leur spécificité tout en respectant le principe d’équité.
V. Préoccupations des entreprises
❖ Préoccupations des entreprises du secteur minier
Les miniers ont évoqué des pertes importantes dans leurs secteurs (environ 8 millions de dollars en l0 jours). En raison de la longueur de la crise ils plaident pour que :
– la CIE veille à prendre en compte les besoins réels des entreprises minières pour leur permettre de travailler dans des conditions optimales ;
– des mesures de compensation soient prises pour limiter les pertes que subissent les entreprises ; d’autant plus que le secteur privé n’a pas obtenu de mesures compensatoires conséquentes au cours de la crise d’énergie de 2021 ;
– des informations détaillées sur la nature des incidents leur soient mises à disposition pour leur permettre d’entreprendre des démarches auprès de leurs compagnies d’assurance et également de communiquer sur le marché boursier.
❖ Préoccupations des autres entreprises industrielles
– le secteur des aciéries engagé dans un programme d’effacement avec la CIE a
sollicité la possibilité de pouvoir s’effacer eux-mêmes du réseau tout en bénéficiant
d’une puissance minimum qui leur permettra de gérer les aspects sécuritaires ;
– les entreprises du secteur du ciment ont évoqué la nécessité de prévoir des mesures compensatoires pour les entreprises qui subissent des pertes énormes.
ATTENTES /POINTS DE PLAIDOYER
– Mesures compensatoires en faveur des entreprises durement impactées par la crise.
– Mise à disposition d’informations détaillées sur les incidents.
PROCHAINES ETAPES
– Mener un plaidoyer pour la prise de mesures compensatoires pour les entreprises qui subissent l’impact de la crise ;
– Suivi du calendrier présenté par la DGE pour une normalisation de la situation ;
– Suivi du respect de la mise à disposition du programme hebdomadaire de l’électricité
– Suivi du respect des engagement souscrits par la CIE, dans le cadre du programme
hebdomadaire de fourniture d’électricité aux entreprises, suivant les spécificités dug roupe auquel elles appartiennent.
Source : CGECI